☾☾Il n'y avait rien de joyeux. Rien de beau dans cette guerre au nom d'un seul homme, d'une seule idéologie. Il n'y avait aucune raison de se vanter de la mort d'un être humain et pourtant, Alastor Maugrey semblait fier de son exploit. Encore des mangemorts derrière les barreaux, alors que de mon coin, je fixais l'auror, mon collègue, pavaner tout en exhibant fièrement son nez à moitié coupé, déchiré, laissant place à une grande cicatrice, laissé par Evan Rosier.

Cela faisait quelques temps, déjà, que j'avais cette amertume qui naissait dans ma gorge. Arrêter oui, tuer était quelque chose que je n'acceptais pas, quelques soient les raisons, les camps. Tout le monde avait le droit à son procès. Pourquoi est ce que Alastor ne le comprenait pas ? De la vermine ? Non, tous n'en étaient pas. Certains l'avaient fait par dépit, par défaut. D'autres n'avaient pas eu le choix que de suivre leurs familles, sans adhérer à l'idée. Ce cheminement de pensées, je l'avais eu il y a quelques mois quand Maugrey s'était soudainement mis en tête d'exterminer la vermine mangemort. Mais ne faisait il pas qu'alimenter un brasier déjà incontrôlable par cette action ? Je tiquais, pas satisfait, alors que Sirius, à mes côtés, applaudissait. Cela restait deux garçons d'une vingtaine d'années qui venaient de perdre leurs vies.

Je croisais les bras, fermant les yeux, quand Maugrey se vanta avec Sirius, les deux s'enfermant dans le même aspect radical que ces mangemorts. Je m'étais détourné d'eux, préférant attraper mon manteau trois quart et sortir du Ministère pour aller marcher dans la capitale anglaise. Je captais quelques brides de leurs conversations alors que je m'éloignais. Disant surement que je devais être pathétique à ressasser un passé pour en créer un futur, un futur qui ne verra jamais le jour.

Ma balade dura plusieurs heures quand je reviens au Ministère. Le directeur du département arriva à mon bureau, posant une chemise marron, contenant un dossier. Tout en posant ma veste sur ma chaise, je fixais le dossier et me permis de l'ouvrir quand je m'affalais dans l'assise.

« Nouveau dossier de mangemort. Tu es affecté à le capturer. Vivant. Je ne veux pas d'un autre exploit à la Maugrey sinon nous n'aurions jamais aucune informations. Capture le, amène le ici. Bennet et Wilsmore seront avec toi sur ce coup. Pas d'entourloupe Potter. »

Je souris, suffisant et insolent à mon supérieur, avant de déclarer d'une voix qui se voulait assuré.

« Vous me brisez le cœur chef ! Je suis toujours aussi sage qu'un veaudelune ! »

Il roula des yeux, grommelant dans sa barbe en s'en allant, avant que j'ouvre ce fameux dossier et je bloque en voyant le nom de celui que je devais arrêter. Barty Crouch Jr. Et je fais le parallèle avec Evan Rosier, mort. De Poudlard, j'en ai beaucoup de souvenirs et je sais qu'à cette époque, ces deux là trainaient souvent ensemble, collés comme cul et chemise avec le petit frère de Sirius. Un trio de serpentard à l'instar des maraudeurs à Gryffondor. Je ferme le dossier et me relève tout en le prenant sous le bras pour me diriger vers les bureaux de mes collègues et organiser l'arrestation. Cela n'allait pas être une partie de plaisir...

Quelques jours plus tard, nous voilà face à une maison qui semblait abandonnée. Selon les rumeurs et les dires, Barty s'y serait caché, trouvant refuge ici. Je murmure à mes deux acolytes les directives.

« Restez ici. Barty est un impulsif imprévisible. Je ne veux pas d'autres morts sur la conscience. »
« On ne va pas le tuer ! Les ordres sont clairs. »
« Ouais, sauf si il nous menace bien sur. »

Je fronce les sourcils et leurs lance un regard noir à travers ma paire de lunettes, faisant taire leurs ricanements absurdes. Et je réponds du tac au tac avant de m'en aller en direction de la maison, baguette à la main.

« Je parle de vos morts, imbéciles ! Restez ici et attendez mon signal. »

Je m'avance vers la maison, aucune réaction, aucun piège. Je traverse le jardin de devant, empruntant l'allée remplies de feuilles mortes et de mauvaises herbes. La porte à moitié ouverte, je la pousse d'une main et entre dans la gueule du loup - désolé Remus - tout en la refermant derrière moi, ou ce qu'il en restait.

« Barty ? Barty ! Réponds, je sais que t'es là ! »

☾☾Sa voix finit par résonner dans la maison délabrée. Il se dévoila, sortant de l'ombre d'une pièce pour venir vers moi, fredonnant un air. Il avait grandit depuis mon souvenirs de Poudlard. Et il avait l'impression d'avoir traversé l'enfer. Il était maigre, pâle. Il n'était pas beau à voir. Je sens une boule de culpabilité m'envahir quand je l'entends parler de sa rose. Je comprends qu'il parle de Evan alors qu'il prononce mon nom.

Il leva subitement sa baguette vers moi et mon instinct m'aurait dit de lever la mienne en retour mais je n'en fis rien. Pas pour le moment alors qu'il passa une main dans ses cheveux, riant de manière hystérique. Ce rire que j'avais déjà entendu dans les murs de l'école. Mais sa voix semblait rauque et brisé. Oui, définitivement il était mal au point. J'allais parler, lui dire que j'étais désolé pour Rosier, que cela n'aurais jamais du arriver. Mais il parla précipitamment, me coupant l'herbe sous le pied, me coupant l'envie tout court de parler quand il hurle. Meurs. Parlait il pour moi ou pour lui ? Je n'aurais pas su dire à cet instant mais son désarroi me transperça de part en part.

Aurais je était dans le même état si Lily, ou Sirius aurait été tué par les mangemorts ? Très certainement. Et je n'ose imaginer la douleur que l'on pouvait ressentir. Alors je serre la mâchoire à la place. Il finit par redresser son regard sur moi, ses yeux rougis, gonflés par le chagrin encore frais. Je ne bouge pas, tout comme lui, ne bouge pas non plus. Et sa voix plus profonde, plus lourde se sens, finit par briser le silence.

Ne m'oblige pas à te tuer. Je sais que Barty est capable d'une telle chose. Il était capable de tout, sans filtre, c'était ce qui le caractérisait, c'était pour ça que je m'entendais bien à l'époque avec lui. Il avait été cet ami étrange mais qui osait tout, avec qui, on pouvait tout faire, sans se soucier des conséquences. Puis je me rappelais soudainement des Aurors présent à l'extérieur.

« Je ne veux pas te tuer non plus Barty. Personne ne mérite le sort que Alastor a réservé à Rosier. Je suis désolé pour ça. »

Je m'arrête, ne bougeant toujours pas, dans l'entrée de la maison, l'impatience devait régner dehors mais je m'en foutais de cela. J'avais des ordres. Mais avais je réellement envie d'obéir ? D'arrêter un camarade de classe, un ancien ami ? Non, de ça je n'en étais pas très sur en vérité. Alors sur un ton calme, j'annonce les faits, simplement.

« J'ai reçu l'ordre de t'arrêter. » je lui devais la vérité après tout. « Mais je préfère te prévenir. Deux aurors sont à l'extérieur et attendent mon signal pour débarquer ici et trouver une raison valable de te tuer. »

Je soupire, et pose mon regard dans les yeux bleus azur de Barty.

« Mais je n'ai pas envie de t'arrêter parce que je sais que la seule chose que réclamera le magenmagot c'est un sort pire que la mort. Fuis dans un autre pays, refais ta vie, je retiendrais les deux aurors. »