❝ What did we do to Merlin? ❞ (FT. Rowan)

(Demeure des Mulciber - UA - 16/06/1979)

« Arrête donc de soupirer et redresse-toi. » dit Eileen Prince d'un ton sec.

Depuis quelques jours, Severina était sous tension depuis que sa mère l'avait surpris assis sur les genoux de Rowan Mulciber en pleine activité de roulage de pelles intensives dans le jardin familiale lors d'une soirée mondaine entre sang-pur. Les cheveux débraillés, les bretelles de sa robe d'été détachées, cela a suffi à Eileen Prince de procédé à un mariage pour sauver l'honneur bafouée de sa fille, mais surtout de la famille, avec ce sale type du fils de Mulciber. Après deux longues heures à débattre, ils étaient convenus qu'ils se marieraient dans quelques mois.

« Le fils de Mulciber... Un Mulciber ! »  Répéta-t-elle pour la quarantième fois de la journée, comme ci Rowan était un fils du diable en personne. « Pourquoi n'as-tu pas mis ta langue dans la bouche d'un des deux fils d'Orion Black ? »

Severina roula des yeux tout en continuant de regarder le paysage à travers la vitre de la calèche qui les amènes à la demeure principale des Mulciber. Ça l'arrangerait bien sa famille, si elle devait se marier avec un Black, c'est une famille influente avec beaucoup d'argent et une famille privilégié du Seigneur des Ténèbres. Se marier avec un Black s'est assuré un long avenir prospère et se hisser dans le top dans son statut social. Depuis la victoire de Lord Voldemort sur le monde des sorciers, il avait instauré une loi maritale ; tout individu atteignant l'âge de 17 ans, ont trois ans et trois mois pour se trouver un mari ou une épouse afin de perpétuer la race de sang-pur sans quoi, une ou un partenaire sera d'office désignait. Severina n'était pas vraiment contre à ce qu'elle épouse Rowan, au contraire, ça matchait bien au lit, mais le caractère tout feu tout flamme de son amant l'exaspèrait. En fait, ça agaçait sa mère qui la voulait la voir au bras d'un Black ou d'un Malefoy, redresser la famille Prince de ce qu'elle était jadis, au sommet de sa réputation. Ce qui l'agaçait, également, c'est qu'elle ne supportait pas la compagnie de Winona quand elles étaient élèves ensemble, et elle n'arrivera pas à la supporter en tant que future belle-mère.

« Tu as bien épousé papa alors que ce n'est qu'un né-moldu... »

Eileen arrêta sa lecture pour faire face à sa fille qui était un peu trop impertinente à son goût. Par réflexe, la jeune femme se raidit en évitant de croiser le regard de sa mère courroucée.

« Ton père a tout fait pour se montrer digne d'être un sorcier digne de ce nom en se hissant dans les plus hauts rangs du ministère. C'est pour cela qu'il a pris mon nom de famille lors de notre mariage, il connait la valeur des sang-purs. Ce James Potter auquel tu t'es entiché pour je-ne-sais quelle raison aurait fait tache… Un Potter… Dans notre famille… et un pro-moldu. Quel scandale cela serait ! Au moins, même si le fils de Mulciber n'est qu'un voyou, il a le sang qui va avec, lui. »

James Potter. Elle en avait le cœur déchiré quand elle avait dû mettre fin à ... tout. Leur amour qui avait mis du temps à germer, à se chercher des noises durant leur scolarité, leur premier baiser en sixième année et leur complicité. Les ennuis ont commencé quand elle a commencé à prendre parti aux idéologies du Seigneur des Ténèbres, elle le suppliait d'arrêter de se battre pour cette cause perdue, qu'il était beaucoup plus puissant et beaucoup plus dangereux. Il n'écoutait, la traitant de lâche, les premières disputes qui se faisaient de plus en plus fréquentes et l'insulte avait été lâché : « Espèce de sale pro de sang-de-bourbe. » Elle avait toute suite regrettée ses paroles, Lily était présente, sa meilleure amie d'enfance qui avait tout écouté avait instantanément coupé les ponts avec elle. L'adolescente tenta de s'excuser, en vain. Elle n'avait jamais aimé ce côté super héros qu'il adorait enfiler, elle avait aimé pour ses autres qualités et défaut, James Potter et Lily Evans resteront une partie d'elle, dans son cœur. À jamais.

Elle ne les a plus jamais revus, elle écoute de temps en temps la radio illégale de l'Ordre du Phoenix pour ne pas espérer d'entendre un de leurs noms dans la liste des victimes qui se sont fait tuer.

Severina avait toujours plus ou moins discuté avec Rowan sans vraiment le connaître, il avait été là pour sa rupture étant d'une oreille attentive, mais la jeune femme avait besoin de plus, de contact physique, de chaleur humaine et… Rowan l'avait comblé plus qu'elle ne l'espérait. Elle reprenait vie dans ses bras, jouant à se tourner autour pour le frustrer dans ses pulsions, pour raviver la passion avec ardeur. Elle était a des années de lumières de se faire prendre et d'être quasi-mariée avec lui.

Les voilà, enfin, devant la demeure principale des Mulciber, rien que le jardin et le portail montrait l'étendue de la richesse exorbitante de cette famille. Sans plus cérémonie, sortant de la calèche, traversant le jardin, Eileen profita des dernières revendications avant de sonner à la porte.

« J'attends de toi que tu te comportes comme une vraie femme de la haute société, comme je te l'ai souvent apprise. Je ne veux pas t'entendre parler tant qu'on ne t'y a pas été invité, ou d'émettre un soupir, et surtout pas lever les yeux au ciel. Montre à cette garc... Winona que je t'ai bien élevée et qu'elle n'a rien à dire sur toi. »

Severina se pince les lèvres, il ne fallait absolument pas contrarier sa mère, car derrière sa mère se cache son père qui, lui, était bien redoutable que sa mère. Le genre de père où la colère froide était de rigueur, qui te fait comprendre de rester bien à ta place. Eileen rajusta sa robe hors de prix, sa coiffure et toqua à la porte avec l'aide d'un heurtoir.

1979 (UA) • Manoir Mulciber, Yorkshireft. Lady Severina Prince

« Arrête donc de rêvasser et redresse-toi. » souffla Winona Mulciber avec agacement.

La voix de sa mère tira Rowan de ses douces rêveries. Depuis les dernières semaines, il songeait à la fille Prince. Il se remémorait la cascade de ses longs cheveux noirs sur ses épaules dénudées, il se souvenait de la chaleur de son corps de porcelaine contre le sien et de la passion de leurs étreintes. Il souriait, presque niais, quand il se revoyait glisser sa main sous le tulle de son jupon pour aller trouver sa cuisse et caresser sa peau si douce. Elle l'émoustillait, elle attisait ses plus bas désirs. Il aurait voulu aller tellement plus loin ce jour-là… Comment résister ?

« C'est un dîner tout ce qu'il y a de plus important, souligna sa mère pour la dixième fois. Tu ne sais pas te tenir en public, j'espère au moins que ton comportement sera convenable sous notre toit. »

Et par convenable, Lady Winona sous-entendait surtout irréprochable, sans bavure, sans coup de folie, de colère ou de baisers langoureux sous le vieux saule du jardin. Son fils n'écoutait déjà plus et elle tira sur son col pour le forcer à planter son regard dans le sien. Son petit garçon avait bien grandi, il la dépassait d'au moins une tête et son arrogance était proportionnelle à sa poussée de croissance. Néanmoins, certaines choses ne changeaient pas.

« Fais honneur à ton père.
— J'essayerais, mais crever n'est pas dans mes plans. »

Winona roula des yeux et réajusta la cravate de son fils. Elle lissa ensuite le col de sa chemise et réarrangea les boucles rousses qui tombaient devant ses yeux. L'heure du dîner approchait. Si Eileen Prince daignait une fois dans sa vie être respectable, elle serait à l'heure.

Les elfes de maison s'agitaient dans le Manoir des Mulciber. Une demeure victorienne entretenue avec soin, au cœur des bois bordant la ville de York. Un sortilège puissant protégeait la demeure de ces infectes moldus et les repoussait à une distance respectable, loin de la vue du maître et de la maîtresse de maison. Les serviteurs de Monsieur et Madame Mulciber dressèrent une table somptueuse dans la grande salle dédiée à cet effet. Les allées et venues des petites créatures depuis la cuisine était un ballet rythmé et calculé à la perfection, et Lady Winona se targuait d'en être la chorégraphe. Rien était laissé au hasard : de sa robe améthyste aux perles nacrées ornant ses boucles d'oreille, du vin accompagnant les petits fours jusqu'au dessert raffiné. Seule deux choses restaient incontrôlables et imprévisibles : lady Prince et son petit Rowan.

Sa main glissait sur la rambarde alors que la maitresse de maison descendait l'escalier principal, son fils sur les talons. Rowan jeta un coup d'œil sur les portraits ornant le mur. Ses ancêtres le saluèrent de sourires, de courbettes ou d'hochements de tête polis en fonction de s'il s'agissait de Sir Ignatius, Lady Miranda ou encore de Lord Samuel. Un jour, il le savait, son propre portrait trônerait sur ce mur.

Le salon de thé, petite pièce jouxtant le bureau où était enfermé Lord Angus Mulciber, était l'antre de Winona, son domaine et son palais, là où elle invitait ses belles soeurs et ses amies pour des discussions animées ou des petits moments entre filles de la bonne société. Autour d'une table basse en bois précieux et hors de prix avaient été disposés quelques fauteuils et divans suivant le bon goût et le sens de l'esthétisme de Lady Mulciber. Une large fenêtre donnait sur les jardins et la lumière du soleil illuminait l'endroit sans éblouir ses hôtes. Winona s'installa à sa place habituelle, Rowan s'affala à ses côtés. Aussitôt, sa mère lui asséna une tape derrière la tête.

« Tiens toi droit. »

Rowan se redressa, oui, mais lança un regard agacé à sa génitrice. Sa langue claqua contre son palais et avant qu'il ne puisse protester, trois coups furent portés contre la porte. Il pivota vers le couloir, imité par Winona. Et, en silence, tout deux tendirent l'oreille...

Leur domestique, un homme entre deux âges vêtu d'un sobre mais élégant smoking noir, ouvrit la porte à leurs nobles invités. Il les salua comme l'exigeait la bienséance, puis les invita à entrer.

« Lady Prince, mademoiselle, veuillez me suivre jusqu'au petit salon. Lady Mulciber a fait servir le thé pour vous accueillir. »

Il s'avança le premier pour les guider jusqu'au susmentionné petit salon.

Voyant Eileen Prince franchir le porte de son domaine, Winona se redressa aussitôt. En quelques pas parfaitement contrôlés, ni trop pressés, ni trop lents, elle fut à son niveau. Elle glissa les mains de la femme qui la répugnait dans les siennes et lui adressa un sourire.

« Eileen Prince, ma chère amie ! Quel plaisir et quel honneur de vous recevoir dans ma modeste demeure. » Elle ne jeta qu’un bref regard en direction de la progéniture de cette dernière, pour lui adresser un simple signe de la tête, avant de libérer la future belle-mère de son adorable garçon. « Mais approchez, venez vous asseoir. J’ai fait préparer du thé. »

Rowan s’était levé également, mais il n'avait pas bougé. Il salua Lady Prince d’un sourire de convenance, avant de balancer toute son attention sur la divine Severina. Il daigna enfin s’avancer et prit avec délicatesse les doigts fins de sa camarade de classe. Ses lèvres frôlèrent à peine le dos de sa main et il la gratifia d’un sourire.

« Je partage le plaisir de ma très chère mère. Me voilà ravi de te voir ici, Severina. »

Leurs mères voulaient jouer, il jouerait.