"Well, funny you're the broken one, But I'm the only one who needed saving" ft. Regulus

Il va perdre la tête s’il reste plus longtemps. C’est une chose de vouloir défier le Lord en se moquant de sa propre vie, une autre de regarder James sans savoir s’il va s’en sortir. Il aimerait être sur de lui, avoir cette confiance que les Gryffondors semblent posséder la plupart du temps, du moins, c’est ce qu’ils montrent. Il sait mieux que personne que parfois, tout n’est qu’une mise en scène. Il ne peut qu’observer le travail combiné de Slughorn et Pomfresh qui font ce qu’ils peuvent avec le peu d’informations qu’ils disposent. Ils ont été bien inconscients tous les deux et maintenant il s’en veut malgré la réussite de ce plan bien bancal. Rien n’est réussi quand il entoure ses jambes de ses bras, a l’impression d’avoir commis la plus grande erreur de sa vie : celle de ne pas avoir choisi de laisser James vivre la sienne comme il l’entendait malgré la guerre, les combats qu’ils connaissent tous les deux. Ce n’est pas lui qui aurait dû se retrouver dans cet état. La culpabilité le dévore tout entier et c’est un sentiment nouveau que cela ne concerne pas ses amis les plus proches, que cela concerne celui qu’il a pris soin d’ignorer depuis sa sortie du château, comme il le pouvait. Le regrette t-il maintenant d’avoir choisi cette voie, ce chemin tracé par Walburga et Orion Black ? Il soupire agacé, sait très bien que s’il devait tout recommencer, il ne pourrait pas changer qui il est. Il n’aurait jamais été comme Sirius.

Il y a cette démangeaison qui revient, comme à chaque fois que le prénom de son frère est évoqué. James a intérêt à s’en sortir. Pas parce qu’il devra leur dire autrement mais bien parce malgré son pessimisme débordant, il n’est tout simplement pas possible que la lumière de James s’éteigne. Tout deviendrait alors beaucoup trop sombre. Il chasse cette pensée stupide, ce n’est que la culpabilité qui parle. Il doit se ressaisir, accepter de croire aux paroles de Slughorn et Pomfresh qui sont confiants, qui ne semblent pas montrer de doute dans leur efforts combinés, Pomfresh du moins. Elle a toujours été d’un optimisme presque sans faille. Il faut le laisser se reposer, et vous aussi, Monsieur Black, sont des mots qu’il aura beaucoup entendu ces derniers jours. Dormir, il n’y parvient pas, et James et bien, il dort. Il espère tout simplement qu’il ne dormira pas trop longtemps quand il se rallonge, cherche un sommeil qui ne viendra de toute façon pas.

***

Le sommeil est léger, comme s’il voulait être conscient au réveil de James. S’ils sont deux à y croire, c’est qu’il est idiot d’être aussi pessimiste. Il aurait du demander quelques livres plutôt que d’être seul avec ses pensées, ses questions sur l’après, sur ce qu’il fera, ce qu’il voudrait faire. C’est une question qu’il ne s’est jamais vraiment posée, toujours on lui a donné les tracés à suivre et s’il a eu des envies d’ailleurs, d’un coup de persuasions, elles ont toujours été vivement mises de côtés. Il va avoir du temps mais ce sera compliqué avec sa trahison. Le fil de ses pensées est rompu quand il perçoit du mouvement à ses côtés, à moins que ce ne soit son esprit qui lui joue des tours. Est-ce étrange alors de ne pas le quitter du regard quand il tente de prendre ce verre d’eau, quand Regulus n’esquisse pas un geste alors qu’il aurait bien détesté d’être ainsi materné mais à la fois, Potter est-il assez en forme pour ne serait-ce qu’aller se prendre le verre d’eau sur cette supposée table de nuit ? Il décidera que oui quand il ne parvient pas à bouger, conscient mais à la fois surpris que James semble aller bien en dépit de cette soif qui n’est visiblement pas partie.

Trop longtemps.
Il ne le lui dira pas.

« James ! » C’est un soulagement, bien sur mais il ne pensait pas le montrer ainsi. Il s’adosse sur son oreiller, mal à l’aise. « Une semaine et trois jours plus ou moins, Tu n’aurais pas du lancer ce sort. » Il l’a affaiblit plus encore. Il le regarde ahurit en le voyant se lever. « Si j’avais su que ton premier geste serait de te lever pour me rejoindre, je n’aurais pas angoissé autant. » Il soupire quand décidément un Potter en convalescence ne fait pas même pas attention au fait qu’il ne devrait pas agir ainsi, se tend légèrement quand ses doigts l’effleurent mais ne fait pas de geste pour s’écarter. Il a toujours eu un peu de mal avec les marques d’affection, les gestes comme celui de James l’ont toujours surpris.

Il sait que ce sera peut-être pire avec certaines images d’une caverne qui risquent de revenir mais elles restent dans un coin de son esprit sans le hanter : ce n’est que James. Et s’il lui est étrange d’avoir cette pensée, il n’en fait rien. « Kreattur va … » Il n’a pas le temps de terminer sa phrase que Kreattur est la, peut-être est-il là depuis le début mais qu’il ne dit rien. Tant que rien ne leur est demandé, c’est vrai que les Elfes de maison ne prennent pas d’initiative sauf si un mal est fait bien évidemment. « Bien, comme tu peux le voir. » Il a un sourire léger, rassuré de les savoir tous les trois en bonne santé malgré une convalescence qui prendra du temps, des traces qui mettront du temps à guérir, qui ne partiront peut-être jamais. « Kreattur va bien. Kreattur est soulagé que Monsieur Potter s’en est sorti. » Il regarde Regulus en le disant comme s’il voulait qu’il le dise lui aussi mais Regulus préfère garder le silence, un silence qui veut dire beaucoup en vérité. « Kreattur doit-il prévenir le directeur ? » « Je ne serais pas étonné de voir Dumbledore arriver tranquillement d’ici quelques minutes. » Il se souvient de cet air de savoir qu’avait leur directeur lors de ses années au château. Et s’il a su des choses il n’en a pas fait grand-chose pour autant, c’est peut-être pour cette raison que Regulus ne l’apprécie pas beaucoup même s’ils ont une dette envers lui, maintenant. Il ferme les yeux, pas trop sur de quoi faire à propos de Dumbledore mais ce n’est pas lui qui doit prendre la décision seul.

Ce n’est peut-être pas une bonne idée de les confronter tout de suite à Dumbledore. « J’ai … J’ai été égoïste d’agir ainsi. Je … » Il ne sait pas comment continuer, l’angoisse de ces derniers jours remonte en flèche même si tout va aller mieux maintenant, même s’il fera son possible pour ne plus contacter James à l’avenir, le laisser tranquille comme il aurait dû. Il aurait du partir avant même que James se réveille mais sait tout autant qu’il en aurait été incapable, telle le montre cette main désormais dans la sienne comme pour se rassurer que pour un court moment tout semble aller bien. « J’aurais du partir et laisser Dumbledore s’en charger. » N’est-il pas le seul que Voldemort semble craindre ? « Et en même temps. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi. » Egoïste, il le sera toujours. C’est bien parce qu’il a eu peur qu’il a agit contre Voldemort, pas pour le commun des mortels et encore pour des gens comme celle qui partage la vie de James. Il lui lâche alors la main qu’il avait prise inconsciemment dans la sienne.

( Pando )

Il ne veut pas avoir à rendre des comptes. C’est pour cette raison, surement, qu’il n’a pas d’emblée choisi d’aller vers Albus Dumbledore, les membres de l’Ordre, son frère. Il se sent assez mal à l’aise d’avoir ainsi perturbé la vie de James plus qu’elle ne devait l’être déjà par la guerre, sa vie qu’il imaginait un rien moins difficile. Il est alors soulagé quand James se réveille, semble même en bonne forme quand il le rejoint. Il se doute que ce n’est que d’apparence, qu’ils vont mettre du temps pour guérir, pour ne plus jamais penser à ce qu’il s’est passé là-bas et surement n’y arriveront-ils jamais mais que les cauchemars s’atténueront avec le temps. Peut-être. C’est un souhait, s’il peut en demander. Il a aucune idée de comment se comporter envers James, tente un geste mais garde une certaine distance. Il ne devrait pas le laisser être aussi tactile, ne devrait pas tout autant se laisser tenter de l’être à son tour pour se rassurer.

L’arrivée de Kreattur l’aide à se distancier quelque peu, à retrouver ses façons d’être depuis toutes ces années. Distant, presque froid, peut-être. Pas autant qu’on le suppose quand petit à petit son impassibilité s’estompe face à ces deux personnes qui lui ont assurément sauvé la vie. Dumbledore ? Il n’aime pas dire qu’il devrait tout autant lui être reconnaissant, se méfie du vieux sorcier. Il hoche la tête aux paroles de James, il ne va pas lui en vouloir alors que c’est de sa faute, de sa réalisation tardive à propos de Voldemort, de sa trahison probablement pour des mauvaises raisons, pas les mêmes que celles de James. Il n’en parlera pas, pas tout de suite. « Ce ne serait pas surprenant. J’en connais d’autres qui ont réussi à s’en tirer sans être coincés si souvent au château. » Il fait référence à ces quelques rencontres au hasard, du moins le pensait-il. « Mais j’imagine qu’on ne pourra pas vraiment lui échapper. Il nous a aidé après tout. » Ou comment minimiser les actes du grand sorcier qui n’est pas si loin d’eux. Il leur a sauvé la vie. Quand il réalise ce geste, cette main tenue, il préfère regarder les couvertures en la lui rendant, la lâchant aussi vite qu’il l’avait tenue quelques instants. Il n’ose bouger quand James se rapproche. Epaule contre épaule, Regulus est incapable de le regarder quand il continue. Il voit qu’il essaye de le rassurer avec ses paroles, de lui retirer cette culpabilité qui ne partira jamais vraiment, celle de l’avoir entrainé là-dedans, celle d’avoir peut-être aussi besoin d’être à ses côtés quand il comprend que sa présence l’aide, qu’il n’aime déjà pas l’idée qu’ils devront à un moment se séparer. Il n’en dira rien, lève la tête de leurs couvertures.

Il a eu peur. Il est allé voir James.
Ce que cela veut dire ? Il préfère ne pas le découvrir.

Il le laisse parler sans l’interrompre, dire qu’il a agit par instinct, que cela n’arrivera plus jamais va à l’encontre du souhait de James et là encore, il sait qu’il s’en voudrait de le mettre à nouveau dans l’embarras, dans cette situation de survie incertaine. La prochaine fois s’il y en a une, il sait qu’il tentera de se débrouiller seul. Il se perd dans ses pensées sans oublier de l’écouter. Il se doute qu’il va parler de ce qu’il s’est passé là-bas même s’il n’a aucune idée de ce qu’il a pu voir dans sa tête en buvant la potion verdâtre. Il n’est pas sur qu’il s’en serait sorti, des moments de sa vie qu’il a voulu oublier dans un coin de son esprit : il y en a beaucoup. Plus ces autres que James aurait finit par découvrir. Il s’en veut de se dire qu’il n’aurait pas été assez fort pour encaisser. Revivre ces moments n’a rien d’agréable pour James, il ne devrait pas s’infliger cela pour lui raconter. « Sirius recevrait la nouvelle dans la Gazette du sorcier, James. » Techniquement, James n’aurait jamais à annoncer sa mort à Sirius. « Mais si cela peut te rassurer, je ne compte pas recommencer de si tôt. » Il a retenu la leçon. Il va surtout se barrer, profiter de sa disparition aux yeux des autres pour disparaitre pour de bon, d’une autre façon que celle que craint James. Passer inaperçu, ne pas attirer l’attention, c’est dans ses cordes. Il ne le lui dit pas mais l’idée fait son chemin dès son réveil. Il n’est pas le plus doués avec les mots, pas plus qu’avec les gestes. C’est assez agaçant de savoir qu’il a l’impression de lui mentir, et mal alors qu’il s’en est toujours plutôt bien sorti.

Ils ne peuvent parler d’avantage quand la voix de Dumbledore le tire de son observation des divers plis de la couverture. Il s’empêche de triturer l’objet de sa récente observation pour montrer sa nervosité à Dumbledore à ses paroles. Doivent-ils savoir ? S’il fait confiance à Barty, Evan et Pandora, deux d’entre eux font partie des Mangemorts, deux d’entre eux pourraient recevoir un Legilimens expert dans leurs têtes et s’il leur fait confiance, quand il s’agit de ce puissant Legilimens qu'est Voldemort : il n’est pas sur que ce soit une si bonne idée. A moins que Dumbledore ne parle que des membres de l’Ordre, des proches de James, de Sirius. Ce serait bien son genre, peut-être.

Les paroles du directeur, le mettent mal à l’aise. se pourrait-il qu’il soit au courant ? Il suppose qu’il a simplement effectué ses recherches à propos de l'Horcruxe et de ce que c’est. L’objet en lui-même n’est pas anodin. Il l’observe alors et malgré son air avenant, Regulus a du mal à lui accorder sa confiance, malgré son aide indéniable. Et encore c’est peut-être qu’il a si peu reçu ce type de regard qu’il choisi de se méfier. « Si j’avais voulu. » Le si est important, il ne l’a pas désiré cette aide de Dumbledore, ne le souhaitait au départ. « Cela n’aurait pas été une bonne idée. » Il était mieux qu'il se tourne vers les personnes qui n’ont pas encore tant d’importance pour Lord Voldemort que son rival, le seul qu’on lui connaisse. Autant écrire traitre sur son front. Voir Dumbledore n’a jamais été une option et James a été comme une évidence. Il hoche cependant la tête, remercie des années d'entrainement chez les Black pour ne pas rougir à sa dernière pensée. « Voldemort pense que personne ne peut le nuire. » C’est un résumé, pas un de ses Mangemorts si fidèle, pas un membre de l’Ordre du Phénix, pas même Dumbledore présent face à eux et pourtant, il n’aura jamais eu aussi tort. « Lord Voldemort ne se doute pas de ce qu'il se prépare, n’imagine pas la possibilité que l’on puisse contrecarrer ses plans. La peur, l’intimidation, la mort. Un mélange qui fait qu’il les pense si peu nombreux capables de le défier. Il surveille ceux qui ont des dons de voyance paraitrait-il. Nul ne peut contrôler le futur, pas même les annonceurs de prophéties. Le temps n’est pas une ligne fixe. Cependant, les Feudeymon dans un tel cadre malgré l’urgence de la situation, vous auriez du le savoir Mr Black, ne sont pas la meilleure des solutions. » Sauf si l’on souhaite mourir. Il y a d’autres façons de faire, lui demander son aide, ce qu’ils ont fait. Un peu trop tard surement mais il ne va pas épiloguer là-dessus. Son avis il l’a déjà donné.

Il ne rétorque pas à l'attaque pour peu que s'en soit une, cherche le médaillon qu'il ne voit pas. Il regarde James, incertain sur ce qu'ils devraient faire. Il se voit mal lui ordonner, demander de le leur rendre. Il ne saurait comment détruire un tel objet. Le garder trop longtemps, cet objet du mal, aura des conséquences il n’en doute pas une seconde. « Vous avez eu de la chance de récupérer votre bras. » De la chance de ne pas brûler vif, de ne pas être noyés par les Inferis. « Je vais avoir beaucoup de chance si je m’en sors. Je suis parti depuis trop longtemps pour revenir lui faire face avec tout ce que je sais. » Il n’a jamais été naïf sur ce qui l’attendait une fois la mission terminée. « Rendez-nous le médaillon ou brisez-le si vous le pouvez. » N’est-il pas l’un des meilleurs sorciers de ces dernières années ? Serait-il entrain de tester Dumbledore ? Pas vraiment non, peut-être qu’un peu mais reste que cet objet quand bien même il voudrait être sur qu’il soit détruit, une part plus importante de lui ne voudrait plus jamais l’avoir sur sa route.

( Pando )