Une annonce fracassante

par **Lily Evans** 29.04.24 9:20

Comme tous les vendredis soirs, j'ai préparé le dîner, mis la table et surtout les petits plats dans les grands. C'est un petit rituel que nous avons instauré quand on s'est installés à Castle Combe. Pour pouvoir s'offrir cette vie, Sev et moi avons beaucoup travaillé, et on ne voulait pas que la vie professionnelle prenne le pas sur notre vie de couple.

Il est devenu ma famille, le jour où il m'a passé la bague au doigt. Les Maraudeurs étaient là, mais pas les Evans. Et j'ai pris sans sourciller le nom de Snape. Nous nous sommes installés dans cette petite maison, charmante au demeurant, la fenêtre de la cuisine donnant sur le jardin où je le vois s'activer, s'occuper amoureusement de ses plantes. Je le vois se concentrer et je souris, alors que je m'assieds à la table et perfectionne mes sorts de métamorphose.

Mais aujourd'hui est un jour particulier. Je ne veux pas qu'il le sache avant que je décide de lui dire. C'est pour ça que, même si je le sais depuis trois jours, je ne vais lui dire que ce soir. Je suis toute excitée à cette idée, je lui ai préparé son repas favori, j'ai tout fait pour le mettre à l'aise. Et j'espère que ce ne sera pas une trop grande surprise.

J'accueille mon époux à l'intérieur avec un baiser, doux, sur les lèvres. Ma main se pose sur son bras. Nous nous asseyons à table, je dépose les amuse-gueule et je joins mes mains en plongeant mes yeux dans les siens.

J'ai quelque chose à te dire, mon Amortentia. Je suis enceinte.

_____________________

Je ne l'ai pas revu depuis hier. Assise sur le canapé, j'attends que la porte s'ouvre, à tout moment. Je n'ai pas dormi de la nuit. Les filles me disent qu'il va revenir. Les garçons qu'il a intérêt de revenir. Sainte-Mangouste qu'ils ne l'ont pas vu. La police non plus. Mes yeux sont rougis par le sommeil et par les larmes. Je n'ai pas réussi à m'endormir, pas réussi à lire, pas réussi à quoi que ce soit.

J'ai été voir un médicomage qui m'a donné une échographie, je voulais la lui montrer mais j'ai même pas eu le temps. J'ai pas eu le temps de lui dire à quel point j'étais heureuse qu'on mette au monde un petit bout, personnification de notre amour. C'est, enfin, on a choisi cette maison parce qu'il y avait plusieurs chambres. Je comprends pas sa réaction. Enfin, réaction, disparition plutôt. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé.

Andrea

par **Severus Snape** 29.04.24 16:48

(Castle Combe - 29/04/1980)

Severus en avait fait du chemin pour en arriver là où il en est, il a du tellement traverser des tempêtes, il a appris à s'ouvrir, et il a surtout appris à pardonner. Les choses se sont grandement calmé avec les Maraudeurs, un peu moins avec Sirius, c'était plutôt histoire de compatibilité de caractère. L'animosité, quant à elle, avait complètement disparu pour laisser faire place à quelque chose de plus merveilleux ; l'amitié sincère. C'était naturellement, qu'un jour, Severus est partie de demander de l'aide à James pour l'aider à organiser la plus belle demande en mariage.

Pour la première fois de sa vie, il avait eu le courage de réaliser un de ses rêves d'enfant et il n'a s'attendait pas à ce qu'elle lui dise "oui" une fois devant ce magnifique coucher de soleil, "oui" pour la deuxième fois devant l'arche des échanges des vœux alors qu'un sorcier religieux noué treize rubans autour de leur poignet. De cet acte blasphématoire, il avait tiré un trait définitivement à sa foi orthodoxe, un trait sur son passé de moldu, mit fin à ce qui le relié à Tobias Snape. Il ne s'attendait pas à ce qu'il y avait autant de monde. Il y avait quelqu'un de plus important qui comptait à ses yeux ; Clement Trinder. Ce professeur qui est devenu quelqu'un de très important dans la vie de Severus, qui a joué un rôle majeur à son développement et qu'il considère comme ce père qu'il a toujours rêvé d'avoir. Sa mère, moins amaigri, et beaucoup moins éteinte, elle était dans un centre de réhabilité pour femme battu dans la partie magique, est venue également.

Tout s'enchaîna vite, il avait trouvé un boulot en tant que potioniste pour des potions pour les médicomage et en parallèle, il est en train d'écrire son premier manuel scolaire de potion. C'était compliqué pour lui de partir de l'impasse du Tisseur, bien qui n'avait connu que de souffrance, il était du genre à garder tous les souvenirs et surtout de laisser la grande majorité des anciens livres. Severus avait l'impression que leur maison à Castle Combe sortait tout droit d'un conte de fée, il avait appréhendé de quitter Carbonne-les-mines pour ce petit cocon un peu loin de tout, et un jardin pour ses récoltes de plantes.

Tout allait pour le mieux, jusqu'un soir en finissant d'arroser les dictames de la saison, une nouvelle allait radicalement changer sa vie. Il rentra dans la maison pour se laver ses mains pleines de terre et rejoindra sa femme à la cuisine, l'odeur de son repas favori le met de très bonne humeur ; il sourit tendrement.

Je suis enceinte. Son sourire se figea, ses yeux noirs se perdant dans ses beaux émeraudes. Il serra les mains de sa moitié et inspire profondément avant de la prendre dans ses bras, totalement sonné par la nouvelle. Il était sincèrement heureux, mais également très terrifié. Ça allait vite, beaucoup trop vite. Il ne se voyait pas père, du moins pas tout de suite, et il était persuadé qu'il ne serait pas la hauteur. Comment pourrait-il être père ? S'il venait à être violent envers lui... envers elle ? Les images du passé lui reviennent en mémoire, il la lâcha, évitant son regard pour fuir la confrontation qui allait se jouer dans quelques instants.

« Pardon... Je ne peux pas... je... » Il se recula de quelques pas, il prit son manteau et sortit de la maison, un crack sonore de transplanage se fit entendre.

C'était qu'au bout du troisième jour qu'il revient, il avait des ouvrages entre les bras qu'il posa sur la table du salon, il n'avait pas vraiment dormi lui non plus, qu'en témoignent ses cernes sous ses yeux. Severus avait passé quelques jours chez son ancien professeur, son père de substitution et l'avait beaucoup rassuré, par contre, il s'est rendu compte qu'il a été complètement idiot d'avoir laissé sa femme enceinte seule à la maison sans lui donner de nouvelle.

Il va lui prendre les mains pour capter son attention.

« Lily... Pardonne-moi de mon absence de ces derniers jours. Je voulais réfléchir loin, je ne pensais pas qu'un jour... Moi, père ? ... Il sera malheureux... Il va me détester... J'ai peur de finir comme... lui. C'est la raison pour laquelle je ne bois jamais. »

Sa voix tremblait face à l'émotion, ses mains tremblaient, mais essayer de se contenir un maximum.

« Je ne vais plus partir. Ma vie sans toi n'a plus aucun sens, je ferais le maximum pour toi et pour l'enfant.» il baissa les yeux, et il souffla doucement : «... Je ne veux pas être comme mon père. »

par **Lily Evans** 29.04.24 18:27

Une annonce fracassante

ft. @Severus Snape

Trois jours. Sans aucune nouvelle. Aucun moyen de le contacter. Pas la moindre lettre. Pas le moindre sommeil. Pas la moindre miette avalée. Marlene et Mary sont passées me voir, elles ont essayé de me rassurer. Elles m'ont félicitée, aussi. Elles ont tenté de me faire manger, sans succès. Rems et Adonis sont venus eux aussi. Ils sont repartis passablement énervés contre mon cher et tendre. Peut-être qu'ils ont exprimé ce que je ressentais. Je leur ai promis d'essayer de dormir et de manger, et de les contacter quand Severus reviendra, s'il revient.

Je suis assise dans la cuisine, un album photo sous les yeux, une tasse de thé maintenant froid à la main, quand j'entends un petit bruit, caractéristique, devant la porte d'entrée. J'entends la porte s'ouvrir, un bruit sourd que je reconnaitrais entre tous -des livres posés sur une table-, et des bruits de pas. Je n'imagine pas une seule seconde qu'il s'agit de mon époux. Pour dire la vérité, je pensais que Remus était revenu avec des tonnes de livres pour m'occuper l'esprit.

Je tourne une page et arrive aux photos de nos vœux. Souriant tous les deux, à se promettre l'éternité, dans la douleur et la maladie. Les rubans, accrochés dans l'album, qui maintenant seront passés à la génération suivante. Une main sur la mienne m'oblige à détourner les yeux des personnages qui me sourient.

Il est là, débout près de moi. J'ai envie de le serrer contre moi et de le gifler à la fois. Tiens, ça me rappelle quelque chose. Mon cœur s'emballe, tellement j'imagine qu'il va me dire qu'il s'en va et que j'ai qu'à me débrouiller avec l'enfant, si je le veux. Mais son explication prend un tout autre tournant. Je sens ses mains trembler dans les miennes, et j'entends sa voix vaciller.

Jamais je n'ai imaginé ma vie autrement qu'avec des enfants. Et l'avoir épousé m'a confortée dans cette idée : tous les deux, avec de petits Snape, qu'on accompagnera un jour à King's Cross pour leur premier jour à Poudlard. Je décide de ne pas l'interrompre, de le laisser parler jusqu'au bout, de me dire pourquoi il est parti sans me dire quoi ni où.

C'est sa dernière phrase qui me touche en plein cœur. Je ne pense plus à ma fatigue, je n'ai plus envie de le gifler, enfin en tous cas plus consciemment, je ne pense même pas à la faim qui me ronge et à l'inquiétude que j'ai ressentie pendant trois jours, trois nuits. Je me lève et enlace Severus. Je le serre contre moi et je fais tout pour qu'il comprenne tout l'amour que je lui porte.

T'es pas comme ton père. Tu l'as jamais été et tu le seras jamais.

Je me recule et le regarde un instant avant de poser mes deux mains sur ses joues et mes lèvres sur les siennes. On va être parents bordel. On va avoir un enfant, tous les deux, ensemble. Je ferme les yeux, passe mes mains autour de son cou et le serre de nouveau contre moi, contre nous. Debout dans la cuisine, rien d'autre ne compte que son retour. Je finis par manquer d'air, tellement perdue dans ce baiser, et recule, sans pour autant le lâcher.

Tout le monde s'est inquiété. Je vais leur envoyer un patronus.

Je prends sa main dans la mienne, pour ne pas rompre le contact. Une incantation, un mouvement de baguette, des mots susurrés à l'oreille de la biche. Je m'assieds de nouveau et, sa main toujours dans la mienne, l'invite à faire de même.

Je sais que t'as peur mon Amortentia. Mais depuis le jour où tu m'as demandé de t'épouser, j'ai toujours vu notre avenir avec des enfants. Jamais je n'ai douté de tes capacités à être père.

Je le pense comme je n'ai jamais pensé quelque chose. Même bien avant qu'il me demande en mariage, quand on a commencé à se fréquenter, j'ai imaginé des bébés avec lui. Je nous voyais dans les couches, à jongler entre le travail, les enfants, la vie de couple, la vie sociale.

Je te promets qu'on sera les meilleurs parents qu'on pourra l'être. Je te jure de faire de mon mieux à tes côtés, parce que je sais que tu feras de ton mieux toi aussi.

Je prends sa main et mène ses doigts à mes lèvres. Je souffle dessus avant de les embrasser, un sourire aux lèvres.

Par contre, plus jamais tu me laisses comme ça.

Et je suis sérieuse. Quelques patronus et hiboux arrivent presque au même moment, pour nous informer que nos amis ont bien reçu le message.

Andrea

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