Une dernière page ? - Feat J. Potter

☾☾Tout avait volé en éclat. Tout ce que je pensais savoir sur moi, tout ce que je m'imaginais jusqu'à présent, tout semblait se déconstruire, tomber comme un château de carte qu'on aurait simplement soufflé d'un revers de la main. Moi qui pensais avoir un moment de répit après le nouvel an, voilà que c'est Peeves lui même qui semait le trouble dans mon esprit. Frustré, je finis par jeter le livre que je tenais dans les mains à l'autre bout du dortoir. Ce geste ne me calma pas pour autant. Et je ne pouvais même pas en parler aux maraudeurs. Peut être que Remus comprendrait. Avec Adonis ça avait l'air de matcher entre ces deux là. Mais Sirius... Comment je pourrais lui dire... Lui dire quoi d'ailleurs ? Il n'y avait rien à dire en fait.

Constatant rapidement ce fait, mon esprit dériva sur le sujet du bal et comment je pouvais tuer un être déjà mort, pour renvoyer Peeves vers le purgatoire. Tout ça c'était de la faute de ce fantôme. Et pourtant, quelques jours après le bal, j'avais décidé d'envoyer une lettre à Narcissa, m'étant rappelé la façon dont elle m'avait ignoré. Moi qui pensait avoir gratté des points lors de cette soirée, j'ai surtout l'impression d'en avoir perdu. Cette soirée avait un grand n'importe quoi. Finissant par me laisser tomber sur mes oreillers, je guettais le bois du lit à baldaquin, cherchant à démêler ce sac de nœud qui semblait impossible à démêler.

C'est quand j'entendis ce matin là le bruit distinct d'un bec de chouette à la fenêtre du dortoir alors que le jour se levait à peine, que je compris que Narcissa avait répondu à ma lettre envoyé hier. J'avais reconnu l'animal, le caressa un instant avant de prendre la missive. La belle calligraphie de la blonde m'arracha un sourire et encore plus, quand je lus les quelques lignes qu'elle avait prit la peine de m'écrire. Mon cœur s'accéléra bien malgré moi quand elle me proposa un rendez vous en haut de la tour d'astronomie. Au moins, elle ne me rejetais pas, comme elle l'avait fait ces derniers jours, mêmes ces derniers mois, depuis que j'avais embrassé Severus sous l'effet de l'alcool et du défi. D'ailleurs, il va falloir que je parle à Barty de cela aussi.

Rangeant la missive dans ma table de chevet, je me préparais pour la journée bien que je fus incapable de me concentrer sur les cours, au vue du rendez vous de ce soir. Depuis ce jour sur la glace, j'avais cette sensation qu'elle cachait tout ce qu'elle ressentait, toute ses émotions sous un visage froid. Je l'avais bien vu, quand son visage s'était illuminé pendant le bal quand elle dansait avec Lucius. Nier le crush que j'avais pour elle était impossible en réalité. Elle était intrigante, mystérieuse, cela la rendait irrésistible. Alors quand après le souper, les maraudeurs et moi montions dans la salle commune, je continuais ma course jusqu'aux dortoirs prendre mon sac et les feux d'artifice que je n'avais pas pu tirer finalement au nouvel an. Je m'étais changé, m'apprêtant un minimum, optant pour un pull noir et un pantalon de velours beige, mes éternels chaussures d'un rouge vif au pied, et mon manteau trois quart gris.

Je saluais les maraudeurs de la main, sans leurs dire où j'allais, les laissant surement dans leurs interrogations. Mais je n'allais surement pas dire à Sirius que j'avais un rendez vous avec sa cousine. Et que je pensais un peu trop à son petit frère au passage. Je finis par taire cette pensée d'un revers de main comme si ce n'était qu'une vilaine mouche, montant les escaliers qui menaient à la tour d'astronomie. J'étais le premier arrivé sur les lieux et heureusement, en cette nuit fraîche, personne n'avait pensé à venir ici. Ouvrant l'armoire où se trouvait les couvertures, j'en attrapais deux que je posais non loin de la rambarde, posant mon sac en cuir à mes pieds.

Accoudé à cette dernière, je levais mon regard noisette pour observer la nuit qui tombait, laissant place à la nuit, à une nuit sans lune. Remus allait être tranquille encore une bonne semaine avant que l'astre ne fasse son effet sur le loup. Je souffle, frottant mes mains entres elles. La nuit allait être froide. C'est là que j'entendis des pas arriver. Sans me retourner pour le coup, je compris que c'était Narcissa, quand le parfum délicat arriva à mes narines. Je tournais mon regard vers la belle blonde de Serpentard, l'observant à travers mes lunettes. Le moment était comme une bulle de paix, paisible et parfait, alors que le silence régnait, confortable. Sa voix douce résonna à mes oreilles, comme une jolie mélodie harmonieuse quand elle prononça mon prénom. Un sourire sincère se dessina sur mes lèvres.

« Bonsoir Narcissa. »

Quand elle m'affirma qu'elle ne lasserai jamais de cette vue en observant les étoiles, je reportais mon regard vers les étoiles, cherchant à distinguer les constellations. Je n'y connaissais pas grand chose mais je savais que beaucoup de membre de la famille Black portait des noms d'étoiles. Sirius était bien une étoile, dans la constellation du petit chien d'ailleurs. On a pas arrêté de le charrier avec ça. Mais Narcissa était à part. Elle ne venait pas d'une étoile, elle venait d'une fleur. Une fleur de printemps, aussi belle que la légende qui en découle. Posant ma tête sur mes mains, me penchant en avant, j'observais la jeune femme, sous cet angle nouveau, ne me privant pas pour la regarder, un petit sourire aux lèvres.

« Moi non plus. »

Fis je en simple réponse, tout en la fixant. Puis je me redressais, et me retourna, préférant m'adosser, tendant mes jambes, croisant mes chevilles alors que je continuais de l'observer, ne sachant pas trop comment aborder les choses avec elle. Et puis, autant, commencer quelque part n'est ce pas ? Arrachant mon regard de la serpentarde, je finis par le poser sur le sol en pierre de la tour.

« Pour le bal, je suis désolé si je t'ai froissé en venant avec Azadeh, je tiens à m'excuser de vive voix. Je te l'ai dit dans la lettre mais je pensais sincèrement que tu étais amie avec elle. »

Je reportais mon regard sur elle, jaugeant ses réactions. La voute céleste pour seule témoin de ce moment partagé entre nous, je continuais, sur un ton posé et doux.

« Il n'y a pas de risque à ce que je chute ici. A moins que tu veuilles te débarrasser de moi et que tu me jettes par dessus la rambarde. »

☾☾Elle avait sourit à ma réflexion, cela s'effaça rapidement quand je continuais mes propos tentant une pointe d'humour à la fin qui ne prit pas. Au contraire, cela semblait plus la mettre en colère qu'autre chose. Je l'entends dans le ton de sa voix quand elle me demande à quoi je joue. Je me tourne vers elle, quand elle en fait de même. Elle continue ses paroles, les appuyant de son index posté sur ma poitrine, comme pour m'accuser de tout ce qu'elle m'affirme. Je fronce les sourcils. Elle veut arrêter avec moi ? Alors qu'on avait rien commencé ? Je la fixe, sans sourciller, accusant ce qu'elle me dis, mais je sens la frustration me gagner aussi. J'enfonce les mains dans les poches, et relève la tête, provocateur. Donc en était là ? A tout se dire ? Tout ce qu'on a sur le coeur ? Je m'avance d'un pas.

« Je ne suis pas parfait. Je ne connais pas les codes sang purs, parce que j'en ai rien à faire de tout ça. Ce sont que des faux semblants pour savoir qui sera le apte à suivre vos règles stupides. Tu crois que je joues avec toi ? Que je t'humilies ? A aucun moment je n'ai voulu le faire. Pour Azadeh, tu devrais lui parler, elle est sympathique si on l'agresse pas. Et j'étais réellement persuadé que vous vous entendiez bien, pour ça, c'est mon erreur je te l'accordes. »

J'avance encore d'un pas, m'approchant de la blonde qui semblait d'habitude si impassible. Elle ne l'étais pas ce soir, me livrant ses impressions, ses émotions. Alors je lui souris, en retour à sa colère.

« Je suis ce que je suis, un Gryffondor. Je ne pourrais pas changer ça, même si je le voulais bien. Même si je me montre aussi distingué que toi, aussi froid et impassible, je reste un impulsif. C'est à prendre ou à laisser Narcissa. »

J'étais presque contre elle, pouvait d'ici, distinguer ses yeux et ses iris briller sous le ciel étoilé parfaitement dégagé. Je recule et attrape une couverture que j'avais posé sur la rambarde à côtés de moi et reviens vers elle. Je la passe sur ses épaules.

« Je me suis excusé de mes tords, n'est ce pas suffisant pour toi ? »

Je souffle un coup, cherche à vouloir toucher son épaule mais je ne sais pas si elle serait ravie de se contact après ces explications qui semblaient soudainement plus nous éloigner que nos rapprocher. Devrais je lui dire pour Azadeh ? Que même si j'étais venu avec elle, j'ai passé la soirée avec Regulus ? Passer d'une ennemie à un cousin, ce n'était peut être pas la bonne solution non plus. Mais peut être que je devrais être honnête avec elle. Peut être, qu'ouvrir mes émotions et mes sentiments envers elle, aiderait à apaiser ce qu'elle ressent.

« Dire que je suis indifférent serait mentir Narcissa. Te mentir et me mentir à moi même. Mais je ne peux pas changer comme tu le souhaites. Je suis désolé de ce que j'ai pu te faire subir et que tu l'ai pris comme ça. Rien n'était contre toi. »

Je recule pour lui laisser de l'espace, lui laisser le choix de partir, retourner à son dortoir, faire comme si tout était dit entre nous, ou continuer à parler, essayer de réparer ce lien qui s'effrite par les non dits et les silences.