« Cross my heart and hope to die, welcome to my darkside. » | ft. Reg

Cela fait un moment qu’il se demande s’ils sont humains, celles et ceux qui ont rejoint Voldemort par envie de pouvoir, de supériorité vis-à-vis de ceux qui leur sont inférieurs. C’est si facile de le penser, d’y croire parce que c’est ce qu’on leur a toujours dit, répété depuis l’enfance qu’ils ne se posent plus de question sur ce qui est bien ou mal. Il s’est posé la question fut un temps mais c’est du passé oublié, enfermé à double tour dans un coin de sa tête. Il ne doit pas y penser quand la mission est de montrer ce qui arrive à quiconque ose défier Lord Voldemort. Il y a cette prophétie à laquelle Regulus tente de ne pas trop penser, qui le mène à cette erreur commise des années plus tôt. Il ferme les yeux un bref moment quand le corps de ce né-moldu git sur le sol. Il n’a pas besoin de lever sa baguette ces derniers temps. S’il n’a pas le choix, bien sur qu’il agira, qu’il ne se laissera pas gagné par ces interrogations qui ont toujours fait partie de lui. Quand ils sont en groupe il ne fait que se défendre, sécuriser le périmètre. Quand il s’agit de les tuer pour ce qu’ils sont, il laisse d’autres comme Mulciber ou Bellatrix qui ne doivent pas connaitre ce que l’humanité veut dire. Il ne dit rien quand il les voit torturer, reste impassible comme on lui a toujours appris, quand il est mieux pour tous et surtout pour lui qu’il ne se laisse pas aller à du sentimentalisme, à ce côté protecteur qui tente de faire surface quand mère n’est plus la pour lui voler ces instants de vie ou la rébellion était présente dans son esprit. Il est comme affable aujourd’hui, peu conscient des attaques sur son esprit des années durant. Ce n’est pas compliqué alors d’être dans les rangs, d’agir comme tout bon serviteur sans douter malgré l’impression que quelque chose ne va pas depuis il ne pourrait dire combien de temps.

La réalité lui est rappelée quand d’un claquement de doigts sec, Mulciber le tire du tourbillon de ses pensées. Il hoche la tête, n’apprécie pas Rowan depuis des années mais avec lui, au moins, il sait toujours à quoi s’en tenir. C’est reposant quand il repense à Peter qui les rejoint mais qui est envoyé si vite ailleurs. Il n’est pas choqué par le revirement de situation de l’ancien Gryffondor mais ne lui fait pas confiance, ne la lui a jamais accordée même à l’époque au château. Il secoue la tête quand l’ancien Gryffondor est envoyé ailleurs et qu’il a l’ordre de retourner au manoir Nott pour une réunion qu’il a complètement mise de côté et si le Lord leur a dit ce pourquoi ils devaient venir, il ne s’en souvient pas. Il regarde Barty et Evan qui le regardent curieusement quand ils arrivent ensemble tel une synchronisation prévue, semblent attendre une réaction de sa part. « On y va. » Quand Evan s’avance en premier sans réaction de la part de celui qui ne comprend pas vraiment pourquoi il devrait en avoir une. « Tu suis vraiment plus rien Starboy. » Il a un sourire amusé, Barty tout en ne soufflant mot de ce qu’il devrait savoir. « Je le saurais bien assez tôt. » Il hausse des épaules, paré pour cette réunion qui ne changera pas des autres. Ennuyantes, dirait celui qui regrette peut-être de ne pas avoir pu terminer ses études au château bien vite suivit par Barty et Evan qui jamais ne l’ont abandonné. Il a tenu grâce à eux un temps, s’en sort mieux ces derniers mois du moins c’est ce qu’il pense quand ils se mélangent facilement aux mangemorts présents, hoche de la tête sans oublier de saluer Narcissa, Bellatrix. A jamais la famille sera plus importante que tout le reste.

Le silence se fait quelques minutes plus tard quand Voldemort prend place au centre du cercle qu’ils ont formé malgré eux tel un automatisme pour le placer comme être supérieur à eux tous. Personne ne veut perdre une miette de ce qu’il se trame en son centre et un bras le tire vers l’intérieur quand ça lui allait de ne pas être acteur, de n’être que présent dans la masse pour écouter, regarder les réactions des uns et des autres. Il apprenait toujours beaucoup en agissant ainsi mais il en fut décidé autrement. « Bienvenue mes amis. » Il fait ce cercle de bras comme pour les accueillir tous mais fend bien rapidement ce cercle en deux en se posant sur la sorte d’estrade construite pour l’occasion. Regulus reste droit, ne croise pas des bras, reste impassible au jeu que Voldemort joue depuis qu’ils l’ont reconnus tous assez facilement pour être leur chef. Il est le plus fort d’entre eux mais le plus froid aussi jusqu’à cet accueil qui lui aurait glacé le sang quelques mois plus tôt. Aujourd’hui, c’est triste à dire mais l’habitude s’est installée dans ce qu’il se passe ici comme toutes les autres fois : rien ne l’atteint.

Il aurait dû être terrifié, craindre du moindre faux pas mais il les laissait aux moins confiants d’entre eux même si tout semblait n’être que d’apparence chez chacun des Mangemorts présent. « Il y a quelques mois. » Voldemort commença, s’arrêtant pour qu’ils n’aient plus d’autre choix que de l’écouter. Ce n’était pas comme s’il contrôlait déjà leur vie mais ce besoin de contrôle en chaque instant résumait bien en partie la ‘personne’ que semblait être Lord Voldemort plus il y pensait depuis qu’il avait eu la marque. « Ils sont quelques uns à trahir ceux qui leur sont le plus proche. » Il s’arrêta à nouveau, posant son regard sur Evan, Severus et lui à la suite. Tout n’était qu’une pièce de théâtre, il attendait juste que le rideau tombe, qu’il leur donne la suite des évènements. « Mais ce n’est pas suffisant. » Une part de lui aurait roulé des yeux à cette suite attendue de sa part mais il la bloqua dans un coin de son esprit à triple tours. Ce n’est jamais suffisant. Cela sera suffisant quand tous les sorciers et sorcières de l’Angleterre l’auront rejoint, qu’il n’y aura plus aucune impureté dans le sang de ce peuple qu’il veut gouverner tel un roi. « Cependant, il semble que la supériorité des Sang-Pur ait fait son chemin jusque dans la tête de l’un de nos plus fervents opposants. » Ca le fait lever de la tête sans parvenir à mettre de nom comme si cette réalité semblait tant improbable dans son esprit qu’aucun nom ne lui vient, pas même celui du passé qu’ils ont combattu par deux fois déjà. « Que l’on m’amène James Potter. »  

C’est confus dans sa tête. Il regarde Voldemort, puis Barty qui savoure ce moment, encore un peu qu’il lui taperait une main dans le dos pour lui souhaiter la bienvenue s’il s’avance de leur côté. Mais c’est à l’opposé du cercle qu’il se trouve entouré de Malfoy et de Bellatrix qui éclate de son rire singulier, bien fière avec Wilkes de leur amener ce bout de la Prophétie qui par cet acte de les rejoindre ne se réalisera assurément pas. Il ne veut pas que cela soit James, ce James est présent dans son esprit mais de façon étrange, pas très claire malgré ce battement de cœur qui s’accélère étrangement. Il reste droit pourtant, bien incapable de se trahir quand des souvenirs refont violemment surface après les avoir oublié tout ce temps. Le James qu’il a connu ne les aurait jamais rejoints. S’il avait su, ce James là aurait tout fait pour que lui aussi ne les rejoigne. C’est difficile de garder son calme quand tout se bouscule dans sa tête malgré sa froideur apparente.  Maudit-sois-tu James.

( Pando )

Que faisait-il ici ? Peter Pettigrow ne suffisait donc t-il pas dans les traitres à cet Ordre du Phénix stupide, qui ne viendrait pas à bout de celui qu’il apprendrait plus tard être plus sombre encore qu’il l'aurait cru ? Il ne le sait probablement pas, c’est ce qu’il lui vient en tête quand Peter a été envoyé sciemment surement ailleurs. Il fait un effort pour regarder un point dans ce milieu, situé entre Voldemort et Potter pour montrer qu’il écoute mais qu’il est à la fois à mille lieues de vraiment penser à ce dilemme qui prend petit à petit place dans son esprit. En tant que Black, ici, il ne peut pas vraiment chercher l’invisible mais peut le vouloir si Regulus avait eu un avis dès le départ dans tout ceci, tout ce qu’il accepte parce qu’il n’a pas d’autre choix. Il le maudit alors, James, de mettre à mal cette impassibilité travaillée avec les années qui ne vaut pas celle de Voldemort lui-même mais qui s’en rapproche assez.

Il referme ses souvenirs si longtemps malmenés dans un coin de son esprit comme si cette legilimancie si puissante lui était administrée. Il se risque un regard vers James qui encaisse cette intrusion non sans mal. Chacun ici se pose cette question, pourquoi l’homme de la prophétie est présent, si certains d’entre eux s’amusent de tout ceci, la méfiance envers l’ancien Gryffondor est inéluctablement le sentiment le plus fort qu’il ressent au sein de ce cercle. Regulus est mitigé entre cette curiosité et l’envie de le savoir loin de tout ceci, tout ce qui ne lui ressemble pas. Par sa présence, James rend tout beaucoup plus compliqué. Bien évidemment, il s’est préparé n’empêche que l’anxiété d’un tel moment clef ne disparait pas malgré cette réussite de passer à travers l’une des techniques de Voldemort pour les trier sur le tas. Les rires fusent aux paroles du seul qui les gouvernera tous mais pas un Serpentard qui reste rigide, anxieux mais curieux à la fois de connaitre les plans de Lord Voldemort. Mieux vaut savoir que de rester dans l’ignorance. Que savent les McKinnon ? Les souvenirs de Poudlard sont volontairement relégués au dernier plan, telle l’information du bébé à naître qu’il préfère mettre de côté aussi simplement que ça, malgré cette tension soudaine en lui à cette annonce, ou plutôt, cette partie de cette annonce.

Et si la suite le surprend, il n’en montre rien, hoche de la tête avec un regard pour la Carrow qui reste froide mais un maigre sourire satisfait d’avoir été choisie montre tout l’engouement qu’elle portera à cette mission. Elle se chargera de trouver le moment propice, de les trouver eux mais nul doute qu’ils n’auront pas beaucoup de temps pour se préparer. Peut-être qu’ils seront sur les lieux dès demain, dès ce soir, cette nuit, Voldemort n’a pas précisé mais le plus vite, mieux c’est. Si la perspective d’être sujet à la legilimancie est difficile mais émotionnellement gérable, ce qui l’attend est tout autre et Regulus ne doute pas un instant que James n’est pas prêt pour cette suite à venir. Et toi Reggie, l’es-tu ? Il ignore cette voix semblable à celle de Sirius qui se méfie de plus en plus de ce pouvoir qui semblait captivant au départ, qui le laisse aujourd’hui incapable de pouvoir prendre une décision qui lui serait probablement fatale si l’idée restait présente que de partir loin, quitter le manoir, l’Angleterre, l’Europe même pour mieux les semer.

Tâche improbable, suicidaire : il le sait.

Lord Voldemort les laisse à la réception qui s’en suit, s’échappant avec quelques uns de ses Mangemorts les plus fidèles. Et si le regard de Regulus s’était posé un moment sur James, quand il tourne la tête pour l’apostropher, le voilà qui tente déjà de s’échapper. C’est comme ça qu’il le perçoit, que chacun d’entre eux le perçoit. Il n’ira pas vers James, ne fera pas un pas vers celui qui va être difficile d’oublier, ici. Alecto d’un geste, le pousse à rattraper James. « Black, pas de manigance cette fois. » Il reste sans bouger une fraction de seconde. « On sait tous les deux que c’est du pain béni cette mission pour toi. » Comment ignorer qu’elle aime le chaos, qu’elle sera probablement la première à tuer, à les tuer sans hésiter si tout ne se déroule pas comme cela devrait, comme s’ils étaient tous supposés ne vivre que pour obéir à ce cinglé qui élimine quiconque lui déplait.

Elle lui facilite la tâche sans le savoir, lui donne cette occasion de suivre Potter qui n’est pas allé bien loin. Depuis combien de temps leur routes ne se sont-elles pas croisées ? Depuis qu’il a manqué de le percuter sur le chemin de traverse un an plus tôt, depuis qu’il l’a croisé avec Lily, depuis qu’il a choisi de l’ignorer pour rejoindre sa mère au café deux rues plus loin. Il se souvient avoir eu du mal à se concentrer quand ils parlaient des affaires de famille, qu’il sentait ce souvenir lui échapper sans pouvoir agir, sans se dire qu’il s’agissait d’elle mais de son esprit qui enfermait ce qui devait être oublié. Ils n’avaient parlés que de sujets importants comme sa future entrée au Ministère de la Magie et non d’un autre sujet plus sensible quand des oreilles pouvaient écouter.  

S’il est déstabilisé de s’en souvenir maintenant, il ne le montre pas, pas plus que James semble montrer ce malaise qu’il ressent tout autant chez le Gryffondor. Il a envie que tout ceci ne soit qu’une hallucination drôlement fidèle à ce que l’original aurait fait, il ne veut pas que ce soit bien James qui est là face à lui. Il sort sa baguette, pas trop sur de ce qu’il fait, si menacer est efficace il n’en sait rien, le doute vu la détermination qu’il a montrée jusqu’à bloquer la Legilimencie qu’ils sont si peu à maitriser, que lui-même ne maitrise pas toujours mais pas par rapport à Lord Voldemort. C’est un devoir de la maîtriser face à lui : il ne veut pas mourir. « Tu te crois malin d’être là Potter ? Qu’à donc fait mon frère pour que tu te décides à venir nous rejoindre ? » Il pointe sa baguette au niveau de son cœur. C’est du baratin, tout ça, tout celles et ceux de leur année à tous les deux ne croiront jamais que Saint Potter, roi des lions, est désormais de leur côté. Ils doivent sortir d’ici, rentrer chacun de leur côté ne jamais être amené à se revoir en dehors de cette mission. S’il se montre impassible face à James c’est sa seule technique pour ne pas flancher, pour ne pas montrer au-delà de sa baguette qui tremble légèrement malgré sa droiture, qu’il n’est pas aussi assuré qu’il semble l’être en ce moment.

( Pando )

Pourquoi lui ? Il est anxieux sous ses menaces envers James. Si cela avait été Sirius qui en était venu à trahir les siens, il aurait compris. Il aurait compris pourquoi lui alors que d’autres connaissent James depuis tout aussi longtemps que lui, lui en veulent depuis des années pour certains, sont curieux pour d’autres de voir ce qu’il se trame dans la caboche de l’héritier Potter. C’était quoi le piège ? Leur avait-il donné des raisons de douter de lui ? Il pouvait remercier son Occlumencie qui laissait passer certaines informations qui lui paraissait peu importantes, camouflaient d’autres qui l’auraient envoyé vers une mort certaine. Il semblait se satisfaire de cette normalité, de cette habitude de vie qui s’était petit à petit installée sans lui, de cette vie parmi les fous. Y échapper était impossible, il l’avait rapidement compris. Et quand même les plus fervents défenseurs de la liberté devenaient ceux qui la bafouaient, que devenait l’idée absurde d’avoir désiré un jour se défaire de ces chaînes invisibles qui le liaient au Lord ?

Cela n’a pas d’importance, au fond. C’est du passé qui ne le concerne plus alors pourquoi sa baguette tremble t-elle au geste précis de vouloir se débarrasser de Potter tout de suite ? Il déteste la situation dans laquelle James le met quand les souvenirs reviennent sans qu’il parvienne à les bloquer, sans qu’il en ait l’envie.

C’est pire encore.

Il est furieux et pourtant il n’a pas à juger les actes de James, n’a pas à se sentir concerné par eux. Il se ferme à l’ancien Gryffondor tant qu’il peut, attend une réponse. L’attend-t-il ? Il peut partir, le laisser comme s’il n’avait jamais eu d’importance à ses yeux, comme s’il avait réellement tiré un trait sur lui, sur eux. C’est la posture qu’il devrait adopter et il le sait. Il ne peut pas douter maintenant, laisser ces vieux souvenirs parfois oubliés remonter à la surface. Il n’a jamais craint d’affronter le regard des autres alors pourquoi se surprend-t-il à douter quand il affronte le regard de James qui ne cille pas, imperturbable, sans ces nuances qu’il aimait tant déceler. Malin ? Non James ne l’est pas pour être venu s’enrôler. Il se demande ce que sa venue cache, aimerait bien sonder lui aussi cet esprit qui est le sien mais Legilimens : il n’a jamais cherché à l’être. Ce n’est pas bien difficile de savoir, à un moment ou à un autre, l’esprit se brise et tout devient clair.  Est-ce une question ? Veut-il une réponse ? Elle ne viendra pas. La réponse est oui, bien sur. Jamais James qu’il connait ne ferait ça sans raison sans cette raison qu’il se refuse à nommer. Il agit pour l’Ordre, pour sa rouquine, pour les Maraudeurs, pour le monde entier mais pas pour cette autre raison-là.

C’est différent le ton que James adopte et Regulus ne sait qu’en penser. Il essaye de déceler ce qu’il aurait manqué des années en arrière. Cela ne remonte à pas si longtemps finalement, deux ans et quelques mois, croit-il ce jour ou ils ont préféré s’arrêter la avec le départ de James pour la vie adulte, ce secret qui devenait trop lourd à porter et à la fois, Regulus savait qu’il devrait en être ainsi pour eux que jamais ils ne comprendraient que James ressente ces sentiments pour lui. Il s’était mis dans la tête qu’ils n’étaient qu’une passade et n’avait pas cherché à le retrnir ni à le revoir et voilà qu’il s’imposait à lui comme il l’avait fait au début de leur relation quand plus jamais le monde ne semblait tourner rond quand James était présent dans la même pièce que lui.

« Je quoi ? » Ce n’est pas ce qu’il voulait dire mais il ne bouge pas sa baguette pour autant, a un rire cassant qu’il n’a jamais eu pour James, qu’il a toujours gardé pour les autres. Ce ton dédaigneux, cette condescendance qu’il balançait à Sirius quand il ne parvenait plus à cacher cette colère enfouie en lui depuis son départ. Il tente de se souvenir de ce prénom oublié avec le temps. Il a besoin de s’en souvenir pour l’utiliser contre James. Il prend son temps, le tiens toujours en joue. « Tu vas me faire croire que tu vas tuer cette Marlène, que tu vas agir comme Pettigrow ? » Il s’en moque bien de balancer ainsi ce secret gardé quand ils ont choisi d'envoyer Peter loin de cette réunion pour une autre tâche, trouver les McKinnon, surement. Cette tâche parfaite pour celui qui semblait bien l’apprécier, cette Gryffondor. Blonde, rousse, brune, il ne s’en souvient plus. Aucune importance. Ils n’ont qu’un nom. C’est suffisant pour ne pas décevoir le Lord. Il a conscience que James ne va rien lui répondre, rien lui dire de différent de ce qu’il a du dire à Wilkes. Il va rentrer, il n’a pas de temps à perdre pour celui qui ne tiendra pas plus de quelques heures au sein des Mangemorts sans perdre la tête au sens propre comme au figuré. James ne restera qu’un beau souvenir.

Alors pourquoi reste t-il ? Si Voldemort ‘croit’ que James est de leur côté, il devrait s’en contenter, ne pas espérer à moitié qu’il soit traitre, qu’il ne soit pas cette personne qui ne lui ressemble pas. Cette personne que Regulus pourrait bien réussir à détester. « Très bien, comme tu veux. » Il ne va pas l’éliminer maintenant, le fera quand on le lui demandera parce qu’il a ce pressentiment qui ne le quitte toujours pas. « Mais ne compte pas sur moi pour t’aider quand le moment viendra. » C’est faux. Et pourtant, il a déjà assez à gérer avec ses propres doutes que pour s’incomber le devoir de protéger James dans le nid aux serpents dans lequel il s’est fourré. « Tu n’es… » Pas mon problème, ne l’a jamais été. Il se sent gauche quand il baisse sa baguette mais la garde toujours dans sa paume pour le cas ou. Le problème ici, avec les Mangemorts, c’est que tout peut partir rapidement en vrille, Potter l’apprendra bien assez tôt. « On verra bien assez tôt de quel côté tu te trouves réellement. » Il ne dit rien de plus, passe à côté de lui sans lui lancer un regard. Le regard fixé sur la porte, sur une destination qui ne sera pas bien compliquée à trouver une fois dehors si James a envie de le retrouver. Pas ce James là, si le James qu’il a connu est encore quelque part sous ce masque d’impassibilité qu’il porte  le plus souvent. Il a besoin de quelque chose de fort pour oublier, parvenir à continuer cette vie stable mais à la fois peu gérable qu’il s'est construite depuis la mort de sa mère, le départ d’Orion qui n’avait de toute façon jamais été là d’aussi loin qu’il se souvienne.

( Pando )

Il se moque bien d’avoir balancé Pettigrew à James, c’est qu’il l’aurait su tôt ou tard. Il l’aidait en le faisant, en avait qu’à moitié conscience. Sur le moment, il avait eu ce besoin de balancer quelque chose, n’importe quoi qui puisse le déstabiliser autant qu’il l’était par sa présence. Il avait cherché dans son regard une vérité sous cette affirmation grotesque de faire désormais partie des Mangemorts mais n’en vit aucune. Il s’était bien préparé comme l’avait clamé Voldemort déçu ou satisfait d’avoir un Mangemort de cette trempe dans ses rangs, il ne pouvait le deviner. Regulus aurait voulu savoir pour se préparer, ne pas se dire qu’il avait dû se contrôler deux fois plus pour ne pas l’observer tout du long qu’il était présent dans cette pièce, pour ne pas aller directement vers lui quand James s’est éclipsé, pensant s’en tirer d’être juste là, là ou Regulus s’était le moins attendu à le trouver. S’il cherchait après tous ces mois à le surprendre, c’était gagné. Le Serpentard avait envie de le cogner pour le mettre dans cet état. Il devait partir avant de commettre une erreur, montrer qu’il en avait encore quelque chose à faire de James Potter.

Il était rentré sans un mot pour Kreattur, était parti directement dans le salon, regardait le feu que Kreattur avait allumé quelques minutes avant son arrivée. Il avait besoin de se calmer, de jouer du piano mais n’en fit rien. Tout ce qu’il jouerait serait triste et Regulus n’avait pas besoin d’être triste. Il voulait garder la colère. C’était confus dans sa tête. Quelques souvenirs refaisaient surface, d’autres ne l’avaient jamais quitté comme cette première fois à là ou James lui avait sourit dans le Poudlard exprèss avant que Sirius ne quitte la demeure Black, un sourire étrange qui ne l’avait jamais vraiment quitté. Il s’en voulait d’être ainsi bousculé par des souvenirs qui lui revenaient, furieux contre James alors qu’il n’aurait dû qu’à moitié l’être. James n’aurait jamais du se trouver là. Ce n’était pas de la faute de James si ses souvenirs s’étaient faits la malle. « Kreattur. » Il souffle en se passant la main dans les cheveux, se doute de l’arrivée imminente d’une certaine personne qu’il ne nommera pas. « Ouvre-lui après quelques minutes veux-tu ? » Il imagine que la surprise mêlée à un dégoût certain s’affichera sur les traits de l’elfe, ne s’en fait pas outre mesure. Il repense à ses dernières paroles. Il ne le croit qu’à moitié. James est un homme de parole, il aime à le croire mais là c’est d’un registre totalement différent. Il ne le croit qu’à moitié. N’a pas envie de le croire. Il n’entend ce qu’il se passe au-dehors, il n’y a que l’elfe pour savoir toujours qui vient leur rendre visite. Un don des elfes, leur magie si différente de la leur, parfois bien plus puissante que la plupart des sorciers ne le suppose. Il n’indique pas à James où il se trouve, il finira par trouver. Si le manoir est grand, il ne l’est pas assez pour le semer, il suppose. Il n’en a pas réellement l’envie non plus malgré la colère ressentie plus tôt. La tension est palpable entre eux et Regulus ne s’en fait pas que James semble furieux contre lui. Il lui lance un regard qui semble agacé, ennuyé peut-être. Il ne sait pas trop. C’est compliqué ce qu’il ressent quand James est présent. Il est la raison de cette perte de souvenirs, sait pertinemment que c’est faux. Ce n’est pas lui qu’il a tué quelques mois plus tôt.

« Je viens tout juste de le faire. » Il a un sourire amusé alors que la situation est loin de l’être mais il ne peut s’en empêcher. Il retrouve ce qu’il aimait autrefois, cette façon de retourner les paroles de James contre lui, de trouver les failles. Devrait-il être en colère de savoir ainsi pour Peter Pettigrew ? Il n’en sait rien. Il s’en moque totalement même si c’est faux. Il sait que Peter mérite les pires souffrances du monde pour cette trahison. L’ancien Serpentard méprise les traites, respecte les hommes et les femmes qui ont des convictions même si l’on dit d’elles qu’elles sont douteuses. Pettigrew n’en a aucune, il a simplement peur. Il réprime un mot qui a souvent été désigné pour le décrire en écoutant James. « Tu l’as mérité, ce que j’ai dit. C’est si peu comparé à ce que tu as fait aujourd’hui. Je devrais t’ignorer, te chasser de ma demeure. » Celle d’Orion. Il serre des dents, n’est pas si sur de savoir encore ce qu’il ressent à propos de l’éternel absent. « Tu ne manques pas de culot, Potter. » Qu’il ne l’appelle pas James, bien. Il doit se distancier, devrait le contourner, passer la porte du salon et transplaner ailleurs. Un endroit ou James ne pourrait le retrouver et ne revenir que pour cette foutue mission. C’est ce qu’il devrait faire mais ce serait lâche, ce mot qu’on lui a si souvent donné. « Il n’y a que toi pour faire confiance aveuglément. Pettigrew. » Il le dit avec dédain. « J’ai jamais compris pourquoi il vous collait tout le temps. » Jaloux ? Jamais. « Tu as tes réponses, casse-toi maintenant. » Il est sec, se veut distant, tente de contrôler cette main qui tremble, une panique qui monte de le voir ainsi présent chez lui, de ne pas réellement savoir que faire en sa présence, de vouloir le tout et son contraire. Reste Ce qu’il ne dit pas, ne dira jamais et pourtant il continue. « James Potter Mangemort. » Il souffle. « Ils croyaient tous que ce serait Sirius. » Qu’il reviendrait à la raison, qu’il trouverait le chemin de la maison avec la mort de la mère tant haïe. Il est toujours resté silencieux des rumeurs, n’a jamais cru à l’une comme l’autre : pourquoi commencerait-il alors à y croire ?

( Pando )

Il essaye de se donner contenance en l’attendant alors qu’il ne parvient pas à rester en place. C’est drôle, c’est plus un truc de James, cette idée que l’on soit incapable de rester calme quelques minutes. Cela lui ressemble si peu, c’est bien sa veine de ne pas réussir à garder l’air posé quand il va falloir à l’avenir quand James arrivera, parce qu’il va arriver, et toutes les autres fois. Maudit-soi James Potter de le faire agir ainsi après tous ces mois et peut-être qu’il était bien à l’abri de ces quelques souvenirs volés, quand il était plus facile alors d’agir comme ils voulaient qu’il soit. Différent, pas trop comme Sirius, ce fils brulé de cette tapisserie qu’il ne veut plus voir. Il doit se reprendre quand il donne les consignes à Kreattur malgré l’air désapprobateur de l’elfe qui a tout appris de leur mère. Il ne lui en veut pas mais ne s’en fait pas non plus. Elle a été un dégât collatéral de mission pour le Lord à laquelle il n’a pas participé, comme beaucoup d’autres en vérité. Ce n’est pas à un jeune homme de dix-sept ans, que l’on confie des missions importantes. C’est instable. La preuve ce soir quand il n’a pas su comment agir envers James, qu’il ne se résous pas à appeler Potter même dans son esprit. Il est confus, aussi, de cette partie de vie ainsi mise de côté qu’il lui a été si facile d’oublier en partie jusqu’à aujourd’hui.

Si les aléas de la vie ne lui avaient pas débarrassé de sa mère, son premier meurtre aurait commencé avec elle. Le premier arrivera alors par la faute d’un Gryffondor impétueux qui n’accepte pas que Regulus semble avoir tourné la page d’une vie à moitié effacée. Il sait par son agitation en l’attendant que c’est faux, qu’il est en colère et confus de ces souvenirs qui reviennent, lui coupent le souffle. Lui parler froidement quand il arrive est une technique pour s’en défaire, le décourager, ne pas avoir à lui faire face maintenant. Il est bien trop à fleur de peau pour réagir de façon logique, pour interdire ses yeux de le dévorer du regard. Il se souvient de leur rupture, des mots lancés qu’il croyait à l’époque. Incertain alors de ce qu’il ressentait, il avait préféré le laisser partir dans cette vie qui l’attendait. D’une vie si différente de la sienne. « Et c’est pour ça que tu ne vivras pas longtemps. » Il essaye, vraiment, de garder la distance, de ne pas le laisser trop s’approcher alors qu’il n’a qu’une envie, ne jamais plus le laisser partir. Il est lâche si bien qu’il se refuse cette vie qu’on lui a refusée.

« Et tu sais aussi comment je fonctionne. », le contre t-il aussi facilement. « Je ne suis pas comme toi. » Pas comme celles et ceux qui défendent la liberté à bout de bras. S’il y a une porte de sortie qui existe pour s’en sortir et sauver les quelques personnes qui comptent : c’est la solution qu’il trouvera. La facilité, celle qui comportera le moins de sacrifices en dépit des dommages collatéraux. L’hésitation doit se lire dans ses yeux quand James lui pose cette question mais Regulus ne s’en fait pas, reporte son regard vers James, décidé. « Alors maintenant c’est important ? » Il le regarde s’approcher anxieusement. Le ton acerbe devrait le faire reculer, mais c’est James. James qui fait partie des Mangemorts, James qu’il va croiser plus souvent désormais. Il sent son cœur battre plus vite à cette pensée, tourne la tête quand James le complimente ainsi. Les cheveux lui tombent devant les yeux, le voilà bien mal à l’aise maintenant, incertain de savoir à jamais comment réagir face au Gryffondor qui continue. Qui l’agace d’un coup.

« C’est vrai que c’est plus malin de croire que tu pourrais les rejoindre. Toi et Sirius, vous êtes… » Il tait cette fin de phrase qui lui a fait mal beaucoup d’années avant de comprendre que c’était différent. « Tu crois que je fais quoi depuis tout ce temps, James ? » Il devrait savoir, la survie est inscrite dans l’adn de chaque Black de cette terre. C’est ce qu’ils font depuis toujours, chacun de façon différente. Il n’ose pas lui accorder trop d’attention, l’observer, dénoter toutes les différences avec ce James plus insouciant qu’il a aimé à Poudlard, qu’il aime encore. Il n’ose déceler le vrai du faux, tenter de démêler les bribes de souvenirs qui font ce qu’il est aujourd’hui. Quelqu’un qui doute, qui juge, qui se méfie même des dernières paroles de James qui se mélangent avec la mission qu’il n’a pas oubliée.

Il ne dira pas qu’il n’a pas tué jusqu’à présent, que la présence de James change tout dans son rôle au sein des Mangemorts. A aucun moment il ne sera prêt et sait pertinemment qu’il refusera que James en vienne à trahir qui il est pour cette mission, pour cet espion qu’il n’aurait jamais du être. « Carrow j’en fait mon affaire. Tu ne tueras personne, James. » Le voilà déterminé à se débarrasser de Carrow maintenant, qu’est-ce que cela dit de lui s’il se refuse à accomplir cette mission qui leur a été confiée ? Il réduit l’espace entre eux, nerveux sans pour autant l’être, agité par ce qu’il s’apprête à réaliser, se donner le droit de partir malgré tous les dangers, malgré cette traitrise qui ne sera pas pardonnée. « Il y a une partie de moi qui veut que tu restes. » L’égoïste, celle qui gagne le plus souvent. « L’autre ne se souvient pas de tout et ne veut pas que tu te trahisses pour le salut d’un amour de jeunesse. » C’est ce qu’ils sont, pour lui, pour James qui a sa vie, qui n’aurait pas du la dénigrer pour le goût de l’éphémère.

( Pando )