This is our lives on holiday! | ft. Lily Evans

Dans ma chambre, je jette des vêtements dans ma valise. Remus n'a pas eu à développer trop d'arguments pour me convaincre de le rejoindre chez James pour la semaine. J'avais presque envie de lui demander : pour une semaine seulement, t'es sûr ? Tant l'ambiance ici est pesante. Mes parents sont adorables et font leur maximum, mais à chaque vacances j'ai l'impression d'être de plus en plus étrangère ici. Bien sûr, ils développent un lien avec Petunia et, même s'ils n'arrêteront sans doute jamais de me parler comme elle l'a fait, ils l'apprécient plus que moi.

Je dis pas ça pour me faire plaindre, hein ! Ca m'a d'ailleurs été utile, quand je leur ai demandé si je pouvais aller avec mes copines pour la semaine. J'ai bien entendu laissé de côté les garçons qui seront là aussi. Ils ont tenu à échanger avec la mère de James, et Mme Potter a été des plus rassurantes. J'ai donc eu l'aval de mes parents, et me voilà maintenant dans ma salle de bain. Devant le miroir, j'ajuste ma robe d'été, et me fais un chignon. Le vent d'été, y a rien de pire pour les cheveux longs.

Rems m'a prévenue que les filles arriveraient plus tard et en fait ça me dérange pas. J'avoue que ces derniers temps, j'ai tendance à regarder James un peu plus longtemps qu'avant. A sourire quand je pense à lui, comme là, alors que j'applique un peu de fard rose irisé sur mes paupières et un gloss satiné sur mes lèvres.

Comme si j'avais envie qu'il me voie autrement, lui aussi, que comme je suis à l'école. C'est l'occasion parfaite, me dis-je alors que j'embrasse mes parents. Ma valise à la main, je prends le bus pour rejoindre l'adresse donnée par mon meilleur ami. Plongée dans mon livre, j'ai failli manquer mon arrêt. Je remercie le chauffeur et descends dans la chaleur presque étouffante des terres écossaises. Je ne marche pas longtemps avant de voir la maison, telle qu'elle m'a été décrite. Je lisse le bas de ma robe, réajuste les volants de mes soquettes et enlève un peu de terre sur mes tennis avant de tirer sur la sonnette.

Je n'attends pas longtemps avant de voir la porte s'ouvrir, et le sourire de James Potter s'élargir. Le mien suit, alors qu'il énonce une évidence.

J'ai promis à Rems.

Un nouveau sourire alors que je lui tends ma valise. J'entre à sa suite et je me retiens de rire en voyant les Maraudeurs me regarder. J'écoute leurs moqueries et finis par en rire alors que James se défend. Je sais bien qu'il m'aime bien depuis un moment. C'est qu'il n'a jamais été vraiment subtil. Je tourne le regard vers lui et ris à nouveau avant de lui faire un bisou sonore sur la joue.

Jamesie, fallait pas te mettre dans tous tes états.

J'essuie le gloss de sa joue à l'aide de mon pouce et lui fais un clin d'œil avant d'aller saluer les trois zigotos. C'est qu'ils ont le don de me faire rire, à se taquiner les uns les autres. Mais attends que Marls arrive, et on verra bien qui se moquera de qui. Je fais volte-face et, de mon sac à dos, je sors une boîte de bonbons que je tends à James.

Pour tes parents. C'est gentil à eux de me recevoir.

Je mets mes mains derrière mon dos, tout en jetant un regard alentour et me balançant d'avant en arrière.

Est-ce que ça a a changé depuis la dernière fois ?

Une manière détournée de lui demander de me faire le tour du propriétaire, peut-être. Je lui souris à nouveau et je sens comme une chaleur diffuse dans mon ventre. Quelque chose d'agréable, à savoir que je vais passer la semaine avec lui. Avec mes amis, ici, chez lui.

Je sais pas pourquoi, je peux pas m'arrêter de sourire. Les Maraudeurs -et les Maraudeuses, faut le dire !- sont devenus une deuxième famille. Une meilleure famille, une qui compte et sur qui on peut compter. Je m'empêche pas de remarquer la couleur des joues de James après mon baiser inopiné. Je me sens à moitié coupable et à moitié fière d'être capable de provoquer ce genre de réaction. C'est vrai, on a quand même plus l'habitude de voir Marlene ou Mary, avec leurs belles gueules et leurs formes toutes montrées et assumées, faire monter le rouge aux joues des garçons. Pas la petite Lily tout prude, pas la rate de bibliothèque.

Je pouffe en voyant le brun disparaître dans un couloir et je lance un regard aux autres. Remus me fait un signe de pouce en l'air et c'est à moi de rougir. James finit par revenir et me montre la maison que je connais déjà. Bien sûr que c'était une excuse pour être seule avec lui. Sa remarque sur la chambre de Sirius provoque un nouveau rire.

Alors là, j'aimerais bien voir Remus Lupin dormir dans une odeur de chaussettes sales !

Je prends note des binômes assignés, tout en sachant pertinemment que dans deux jours on campe tous dans le salon. Bon, sauf Sirius et Remus, peut-être, parfois. J'espère. Je n'avais bien sûr pas oublié la configuration de la maison Potter. Il m'est même parfois arrivé de rêver m'y trouver à nouveau, surtout pour la convivialité et la chaleur qui se dégage de cet endroit.

Une fois l'étage passé en revue -je note d'ailleurs que je vais sans doute prendre une douche avant l'arrivée des copines-, nous descendons les escaliers et, arrivés en bas, je sens sa main prendre la mienne. Partant à sa suite, je jette un œil aux trois garçons laissés dans le salon, qui me font tous signe d'un pouce en l'air. Mon cœur bat un peu plus vite alors que nous arrivons dans le jardin. Sans lâcher ma main, James m'explique que son père a acheté. Quoi ? Je sais pas, j'ai du mal à me concentrer sur ce qu'il dit depuis que je sens la chaleur de sa peau sur la mienne.

Sans doute la chaleur qui m'a assaillie lorsque nous sommes sortis. Ca doit être ça. Pourtant, alors que nous continuons de marcher à l'extérieur, je me surprends à coller mes lèvres l'une à l'autre dans l'espoir d'égaliser mon gloss, dont une partie a fini sur sa joue. Nous finissons par nous arrêter, loin de la maison, seuls, enfin. Enfin, pas que j'attendais particulièrement d'être seule avec lui mais ... Bon, si, un peu.

Sa main quitte la mienne, et c'est comme si on avait coupé le chauffage d'un coup. Je tente de déglutir et ma gorge est sèche. La chaleur de la main monte à mes joues alors que James commence à parler. Je n'ai plus envie de rire. Plus du tout. Je sens que les choses sont devenues très sérieuses, très vite. Je le laisse à peine terminer que je m'avance vers lui, réduisant la distance entre nous à quelques dizaines de centimètres seulement.

James, je ... Est-ce que je t'ai fait comprendre que je t'aimais pas ?

Je baisse les yeux un instant, triturant mes doigts, réfléchissant à ce que je vais dire ensuite. Que c'est pas vrai ? Que je ne l'ai jamais "pas aimé" ? Que je l'aime bien, en fait ? Je finis par redresser le regard et le poser dans le sien.

Chez moi c'est pas facile. Je sais pas si je peux encore les considérer comme de la famille ... Mais vous, toi, si.

Je prends une de ses mains, je sens les larmes monter et je me retiens, bordel que je me retiens. Je déteste me trouver dans cette situation de vulnérabilité. Je suis pas faible, et malgré ce que pense ma sœur, je suis pas un monstre.

Si je t'ai déjà fait ressentir que je t'aimais pas, je suis désolée, James.

J'essaie de renifler discrètement et je tente un sourire. Je lâche sa main et à nouveau j'ai l'impression d'avoir plongé la mienne dans un bain de glace. Je prends une profonde inspiration, et je sens toute la chaleur et la sécheresse des terres me brûler l'œsophage.

Merci de m'avoir invitée. Rems n'a pas eu à me convaincre de venir, si c'était ta crainte.

Savoir que je vais passer une semaine entière avec mes amis les plus proches, c'est ça qui doit me rendre aussi émotive. J'en suis tellement heureuse que j'en pleurerais. J'ai remarqué que j'étais la plus fragile de la bande. En tous cas, je suis celle qui se laisse le plus facilement submerger, et finalement mon histoire familiale en est peut-être la cause.

La main, le pouce de James sur la peau nue de mon bras provoque la chair de poule, une sensation agréable de chaleur, pas comme la chaleur presque étouffante de l'été. J'arrive à lire toute son affection pour moi dans ses yeux, alors que je sens sa main sur ma joue. Je me laisse aller à fermer les yeux un instant, reposant ma tête dans sa paume, pour profiter de cet instant de tendresse.


Sa remarque sur le calamar me fait pouffer de rire. C'est vrai que j'ai dit ça. Ce qu'on peut être bête quand on est jeune. Ses doigts laissent des petits fourmillements alors qu'ils quittent ma joue, et ceux qui descendent le long de mon bras me font presque frémir. Il y a trois mois, je n'aurais pas pensé pouvoir ressentir ça au toucher de James Potter. Et me voilà aujourd'hui, vulnérable, sensible sous ses mains.

Je serre ses doigts, comme une ancre à laquelle m'accrocher, et me laisse de nouveau aller lorsque ses lèvres touchent mon front. Je soupire d'aise, et tant pis s'il m'entend, et tant pis s'ils m'entendent tous.

Ses yeux se posent sur les miens, je ressens à nouveau toute cette affection, comme une vague qui m'envahit. Je hoche la tête alors qu'il m'intime à parler de chez moi, avec lui, avec Remus, peu importe mais en parler. Et alors que j'allais lui répondre, le remercie, il se trompe dans une expression moldue, que je lui ai apprise en plus, et je ne peux pas m'empêcher de rire.

Gros sur la patate, James, pas la betterave.

Je continue de rire un instant, et un petit sourire reste sur mon visage, alors que je pose les yeux sur nos mains enlacées.

Quand j'ai dit que Severus m'avait insultée, j'ai entendu Petunia dire que même mon monstre de copain avait vu que j'étais un monstre.

A y repenser, une nouvelle vague de tristesse me submerge, les larmes montent à nouveau et je ne peux pas m'empêcher d'aller chercher la chaleur où je sais qu'elle est : dans un exercice difficile, je me colle au buste de James sans lâcher sa main. Je pose ma tête sur son thorax et je sens que ça va un peu mieux. Ma main libre passe dans son dos et je le serre contre moi, comme si j'essayais de fusionner.

Et mes parents ont fait comme s'ils n'avaient rien entendu.

Je ne me retiens plus, maintenant. Je suis comme secouée par de petits soubresauts. Mais c'est finalement très rapide. J'avais apparemment juste besoin de pleurer un bon coup. C'est comme si je n'avais déjà plus de larmes pour eux. Je reste contre James cependant, un instant, pour profiter de sentir son cœur qui bat contre le mien. Profiter de son odeur agréable. Profiter de la douceur de sa chemise sur ma joue.

Sa main lâche la mienne, et mon deuxième bras passe dans son dos. Mes doigts se referment sur sa chemise, m'y accrochant comme si c'était la dernière ligne de survie qu'il me restait. Je sais que c'est pas vrai, et ma réaction est peut-être exagérée, mais voilà ce que je ressens, moi, dans cet instant. Je suis délaissée par les miens, c'est comme si je n'existait pas. Ma sœur dit à ses copines que je suis sa cousine retardée, tellement elle a honte de qui je suis.

Au moins auprès des Maraudeurs, de James, je peux être qui je suis sans me cacher. Sans jouer un rôle. Je suis Lily Evans, sorcière, ratte de bibliothèque, parfois rabat-joie mais toujours aimante. James me rassure, un peu comme il peut. Il est gentil, il est même adorable, à ne pas vouloir casser du sucre sur le dos de ma famille, alors qu'ils mériteraient.

C'est finalement assez proche de ce que m'a dit Regulus, le frère de Sirius, il a quelques années. Au moment où il m'a parlé ainsi, je n'étais pas prête à l'entendre, pas prête à reconnaître toute la vérité derrière ce qu'il exprimait. Il était tellement plus sage que moi. L'entendre une deuxième fois, entendre que c'est finalement une bonne chose de savoir dès maintenant où se situe ma sœur, ça me fait du bien. Quelque part j'ai toujours un peu su que c'était vrai, et même si James n'est pas toujours le plus raisonnable de la bande, il est quand même capable d'être incisif et sérieux.

La chaleur de son corps me quitte alors que nos yeux se rencontrent à nouveau. Nous sommes très proches, plus proches que jamais. Dans un réflexe, je pose ma main sur son torse, sentir les battements de son cœur me rassure. L'air étouffant qui nous entoure ne fait que nous inscrire dans un cocon de douceur. Le contact de ses doigts remettant une mèche de mes cheveux est électrique, j'en frissonne doucement. Mais mes yeux ne quittent pas les siens alors qu'il s'excuse pour Severus.

Je l'écoute attentivement. J'entends chacun de ses mots, et un petit sourire se forme sur mes lèvres, alors que je secoue la tête à la fin de son explication. C'est pas vrai, que c'est de leur faute. Il aurait jamais dû me dire des choses pareilles. C'est lui et rien que lui. Je n'aurais jamais imaginé que ces mots sortiraient de sa bouche, et encore moins à mon encontre. Mais on en est là, et je refuse d'écouter ses excuses.

Non. C'est pas vous qui avez mis ces mots dans sa bouche. Enervé ou pas, il avait pas à dire ça.

Mon cœur bat plus fort, ma respiration est courte. Je sens comme un animal dans le creux de mon ventre. Ce sont les lèvres de James qui m'attirent en cet instant. Sa volonté de s'expliquer, sa sagacité, sa gentillesse, nos deux corps l'un contre l'autre, la chaleur alentour, l'isolation, toutes les conditions sont réunies pour que j'aie envie de me mettre sur la pointe des pieds et de poser mes lèvres glossées sur les siennes.

Mais je n'ai pas le temps d'assouvir mon envie. Je n'ai pas réellement le temps de comprendre ce qui m'arrive, non plus. Sa main passe de ma taille à ma main et nous nous retrouvons à marcher dans la forêt. James Potter a une idée, et tout le dortoir sait ce que ça veut dire : soit un truc super, soit un truc qui nous attirera des ennuis. Les Gryffondor retiennent leur souffle quand James annonce qu'il a une idée.

Je pouffe doucement dans ma barbe, serrant à mon tour sa main, posant les pieds prudemment sur le sol de la forêt. Une chance que j'aie pas mis des nu-pieds comme j'avais prévu au début. Des branches craquent sous nos pas, et la forêt s'est tue depuis que nous y sommes entrés. Ma jupe se prend dans un arbuste et ma soquette est déchirée par une racine qui dépasse. Tant pis, ce sera la rançon de l'aventure.

Nous finissons par nous arrêter devant un arbre de belle stature. Mon regard suit celui de mon compagnon d'aventure, et tombe sur les fondations spartiates d'une cabane dans les bois. Ce n'est pas la cabane qui me tire un sourire et une larme. C'est ce que dit le brun pour accompagner la découverte de son œuvre.

Je tourne de nouveau mon regard vers lui. Il est à contre-jour, la lumière passant entre les arbres, verdâtre, lui donnant un air de lutin de la forêt. Et avant d'avoir pu réfléchir à quoi que ce soit, la main qui tient la sienne l'a attiré vers moi. Ma main libre s'est posée sur sa joue et mes lèvres sur les siennes.

C'est la première fois que j'embrasse un garçon. Enfin, non, pas vraiment, il y a bien eu toutes les parties de baguette tournante. Mais c'est la première fois que je le fais avec cette petite voix dans ma tête qui me dit à quel point j'en avais envie. Le baiser n'est pas long, à peine le temps de goûter à cette peau sucrée.

J'ai un peu honte, quand même. Je baisse la tête et mes bras tombent le long de mon corps. Après tout, c'est pas parce qu'il m'a courtisée pendant longtemps qu'il m'attend. Il a peut-être laissé tomber l'affaire, comme je lui ai dit de le faire nombre de fois. Je suis vraiment nunuche, celle qui sait pas ce qu'elle veut.

Désolée je ... Je me suis pas contrôlée. Je ... Ce que tu m'as dit c'est ... Trop gentil.

Okay Madame J'Embrasse-Celui-Qui-Est-Gentil-Avec-Moi. J'espère que ça va pas se savoir à Poudlard tiens. Quelle réputation. Surtout, quel malaise pour la semaine à venir. Cruche, nunuche, nullarde. Bravo Lily, avant même que ça commence t'as déjà tout gâché.