The literate Prince & the (still) dyslexic professor - ft. Severus

C'est la java bleue... Clement chantonne. En français, je vous prie ! La java la plus belle, celle qui ensorcelle... C'est un air déjà vieillot en 1977, mais c'est l'un de ceux qui ont bercé son enfance. Quand on la danse les yeux dans les yeux, au rythme joyeux. Et puis, il faut croire qu'il est de bonne humeur.

Il termine ses petits pots d'herbes médicinales et de plantes magiques, profitant que l'autre ne soit pas dans les serres pour faire ses plantations. Ce sont des moments rares et précieux qu'il chérie avec presque autant d'amour et d'attention que ses petites plantes. Difficile de savoir ce qui le met en joie aujourd'hui. Alma n'est pas encore venu l'embêter pour savoir quand est-ce qu'il se décidera à l'inviter dîner, il fait relativement beau pour ce début de février et il n'y a PERSONNE pour envahir son espace vital. Le rêve.

Quand deux cœurs se confondent... Alors que la chanson tourne en boucle dans sa tête, le professeur d'Arithmancie récupère le stylo coincé derrière son oreille et griffonne sur son carnet, cochant les diverses choses qu'il avait à faire aujourd'hui. Pour le reste, il faudra attendre le Printemps.

Soudain, il entend du bruit dans son dos. Comme un enfant qui préparait une grosse bêtise et qui craint de se faire prendre, Clement fait volte-face. C'est le soulagement qui l'envahit quand il constate que ce n'est pas son insupportable collègue, mais son élève préféré qui vient à sa rencontre.

« Oh ! Bonjour Severus ! » Il a un petit sourire gêné. « Je ne pensais pas vous voir ici. »

Mais l'inverse était plus probable et logique. Embarrassé, il essuie ses mains pleines de terre sur son pantalon. Ah ben bravo, il doit avoir l'air fin !

(La serre - Poudlard - )

Le français a toujours été un langage subtil, doux et harmonieux aux oreilles de Severus qui avait une sensibilité profonde à la beauté et les arts. Il n'était pas un amateur de musique, mais les vieilles chansons que chantaient les aïeux lui font toujours quelque chose, toujours plongé d'une nostalgie inconnue. Sa mère chantait aussi, il avait de vagues souvenirs, il adorait l'entendre chanter en préparant ses potions ou quand elle faisait la cuisine mais sa voix mélodieuse était rapidement muée à des cris, des pleurs et puis le silence.

Entendre son professeur chantonné lui rappelait cette époque où tout allait bien. Une particularité qu'il prendra, lui aussi, exemple quand il fera ses propres potions, fredonner une vieille chanson française pour se rappeler, à jamais, de ce professeur qui lui était cher à son cœur. Ces derniers jours, il avait l'impression que son professeur l'évitait, il sentait comme un mal l'aise et c'était assez triste pour lui qui ne comprenait l'origine de cet éloignement soudain.

« Bonjour Professeur, je ne vous dérange pas ? » dit-il en s'approchant. Il alla naturellement l'aider à arroser ou rempoter quelques plantes comme il le faisait à chaque fois que Severus venait le voir. « ... Vous allez bien ? » dit-il avec une petite voix hasardeuse. Il avait vraiment l'impression d'avoir fauté quelque part sans savoir où il avait fauté, il l'avait surement dit quelque chose qui ne lui a pas plus et n'osait pas lui en parler. C'était la conclusion que se faisait le jeune homme.

L'ombre d'un sourire passe sur le visage de Clement, un sourire tendre, surtout timide, mais véritablement sincère.

« Vous ne me dérangez jamais, Severus. » A la rigueur, le jeune garçon ne faisait que le prendre en flagrant délit de jardinage compulsif - et ce n'était pas la première fois. « J'avais presque fini. »

Le plus naturellement au monde, en voyant son élève s'avancer vers lui et ses précieuses plantes, il lui confie un arrosoir prêt à l'emploi pour hydrater juste assez chacune de ses plantations. Ayant entièrement confiance dans les capacités, la rigueur et le soin que portera Severus à ses bébés, il le laisse s'en charger sans hésitation. Et ça leur fera plaisir, autant à l'un qu'à l'autre.

Cependant, l'autre question est un peu plus surprenante - et déplacée, avouons le. Clement pardonne sa curiosité à l'adolescent, il sait qu'il ne pensait pas à mal, mais voilà, il est bien embêté. Severus est fin observateur et analyste doué, ce serait contrariant qu'il s'imagine quoi que ce soit... Le professeur d'Arithmancie remonte ses lunettes sur son nez tout en esquissant un fin sourire.

« En général, on s'attend plutôt à ce que ce soit un professeur qui pose cette question à son élève. » Surtout après les événements de Pré-au-Lard. C'est ce qu'il aimerait préciser, mais voilà, il n'y arrive pas. Déjà parce que lesdits événements au village de Noël sont quelques peu traumatiques pour l'un comme pour l'autre, et parce que les souvenirs de l'après assaillent notre bon vieux professeur.

Clement a toujours eu bonne mémoire, et puis, impossible d'oublier un mot comme papa.

(La serre - Poudlard - 10/01/1977)

Severus sentit comme quelque chose qui n'allait pas, comme une sorte de malaise entre deux personnes. Il n'essaya pas de se focaliser là-dessus, surtout ça le rassura un peu quand son professeur lui dit qu'il ne dérangeait jamais. Il affiche un doux sourire en prenant l'arrosoir qui lui tendait, et tout naturellement, il savait où allait arroser et demanda même si telle ou telle plante ont reçu leur vitamine.

Il y avait toujours ce moment de silence entre eux, ce silence où Severus se préparait psychologiquement à lui dévoiler ses petits tracas du moment. Il s'est accroupi devant des géraniums pour prendre soin d'elles, il cherche ses mots, il réfléchit à la façon de s'y prendre.

« Je vais bien... enfin... Je suppose que vous avez eu vent de ce qui s'est passé au cours du professeur Terresanglovitch ? » dit-il en échappant un petit soupir. Bien sûr qu'il en a eu vent, quelle question ! Ça a fait le tour de l'école. « Je pense que cette fois-ci c'est ma faute. » Il avait tellement du mal à le reconnaitre qu'il se met à gratter de la terre en se focalisant sur la fleur. Il avait honte d'affronter le regard de son professeur, il savait qu'il était en tort, mais Potter avait le chic de lui faire sortir de ses gonds. Petit à petit, il se lança dans ses explications, il reconnait qu'il n'aurait jamais du répondre à Potter.

« Toute cette histoire m'a valu pire que les 5 heures de colle. J'étais convoqué avec Potter au bureau de McGonagall. Je dois passer une semaine chez lui durant les vacances de Pâques et une semaine, il doit venir chez moi. C'est vraiment la pire des punitions... »  Clairement, il y a une volonté qu'ils s'entretuent en vrai.