La famille, on la choisit pas.

Cette année sera facile, il le sait. Dans le fond c’est une ritournelle qui se répète, facile quand c’est le même schéma qu’il lui faut respecter. Agir comme on lui a appris est facile, c’est l’inverse qui devient plus compliqué même s’il essaye de voir au-delà tout en étant confronté à la réalité de ce que c’est à la maison quand il rentre mais pour le moment il n’a pas cette non envie de rentrer, ne remet pas pour une seconde en question ce que sa mère leur enseigne depuis qu’ils sont mômes, même s’il voit bien que c’est différent au château, qu’ils se mélangent même s’il aurait dû y avoir des séparations entre les Sang-Pur et le reste des élèves du château. Peut-être, il n’en sait rien, pour le moment il ne va que vers les familles désignées par mère même si le plus souvent, aussi, il reste auprès d’Evan et Barty. Il n’a pas besoin de beaucoup plus d’interaction avec les autres. C’est la facilité qu’il choisi s’il n’y avait pas les cours pour lesquels et bien, il n’y a pas réellement de choix.

Les lettres ne lui sont jamais envoyées et il ne s’en plein pas. Qui dit lettre, dit problèmes. Il n’y a pas besoin de lettre autrement. Mère sait comment cela se passe au château, elle n’a jamais eu besoin qu’il lui raconte de comment cela se passe pour lui et ça lui va. Pas qu’il n’aime pas sa mère mais disons qu’elle a toujours été distante et présente dès qu’il y avait manquement aux préceptes transmis. C'est assez étrange mais c'est comme ça. Il ne mentira pas en disant qu’elle n’a jamais fait un pas vers eux comme une mère le ferait, comme la mère de James le fait. Il a des échos de Sirius qu’il n’écoute qu’à moitié. Il veut encore rendre sa mère fière, pas celle d’un autre qui n’existe pas ou uniquement pour rendre la sienne furieuse ces rares étés ou Sirius vient à la maison. Sirius n'est pas la la plupart du temps et si plus tard, Regulus songera à vouloir en faire de même, cela lui va pour le moment. Puis, il y a cette volonté de ne pas s’imposer et l’idée, aussi, de parvenir à se tirer tout seul d’une situation qui n’est pas alarmante pour le moment. Il s’y fait quand seul Keattur est présent pour lui parler de tout un été parfois. Tout au plus c’est les lettres de Barty et Evan qui lui arrachent un sourire et parfois même un léger rire. Le plus souvent il n'y a que le dessin pour l'occuper et s'avancer pour l'année à venir. Jamais plus depuis l’autre fois, il ne songe à s’éclipser de la demeure. Pourquoi ? Il ne le devine pas encore mais le peintre de l’autre fois, il ne l’a pas revu. C’est juste ce qu’il sait.

Les retours à Poudlard sont toujours particulièrement compliqués pour quelqu’un habitué au calme d’une demeure rarement ouverte sur l’extérieur. Il a besoin de s’éloigner des mouvements de foule, des repas de la grande salle les premiers jours pour se réhabituer à la présence des autres qu’il parvient jusqu’à oublier la plupart du temps. Il n’a pas parlé à Sirius depuis qu’il lui a dit qu’il passerait l’été chez un certain Gryffondor. Il devrait peut-être, on est fin septembre. Il est plus que temps mais si Sirius n’agit pas il ne voit pas pourquoi cela serait à lui de réaliser ce premier pas vers son frère. Borné tel un Gryffondor ? Regulus rejette cette possibilité dans un coin de la tête quand il erre dans les couloirs plutôt vides, aucune surprise pour un samedi. Et ils seront moins nombreux encore cet après-midi quand une sortie à Pré-au-Lard est prévue. S’il ira, il n’en a aucune idée. Probablement.

Il s’approche d’une salle quand il entend comme les sons de quelqu’un qui pleure et même si ce n’est pas fait exprès qu’il soit là, il est gêné d’être celui qui assiste par défaut, juste parce qu’il passait par-là, à la scène. On lui a apprit qu’il n’était pas bon de laisser ses émotions prendre le dessus. Si ça lui fait quelque chose ces pleurs ? Sauf le malaise visible, il n’en sait rien et pourtant il entre dans la pièce, il va lui dire d’arrêter de pleurer, surement. Ce serait le genre de chose que mère lui dirait mais aussi que ça ne sert à rien avant de partir mais ça fait bien longtemps qu’il n’a pas pleuré, qu’il n’a pas vu quelqu'un pleurer. Il ne sait plus ce qu'il ferait, ce qu’il est bon de faire dans ces moments là. Il s’installe à même le sol alors, un peu plus loin, jambes croisées semblant attendre quoi lui dire, quoi faire alors qu’il ne s’est pas approché de trop près, n’a clairement pas l’allure de quelqu’un qui console facilement même s’il peut être à l’écoute. Il ne dit rien pour un moment. La rouquine se calmera peut-être d’elle-même malgré ces mots qu’elle semble ne pas pouvoir s’empêcher de prononcer. « Elle va bien ? Ta sœur ? » Il hausse la voix, la fera sursauter si elle ne l'a pas entendu arriver. C’est la seule chose qui lui vient à l’esprit. Elle se calmera, lui répondra si elle veut car après tout il ne la connait pas. Il n’est que l’intrus qui n’aurait jamais du s’inviter dans cet espace privé pour l’espace d’un instant malgré la porte grande ouverte à la portée de tous.

( Pando )

C’est assez compliqué d’être là, parce qu’il sait pertinemment qu’il aurait plutôt du passer son chemin et la laisser à cette lettre, laisser quelqu’un d’autre, surement, calmer ses pleurs. Il joue avec sa baguette sur ses genoux quand il attend qu’elle se calme un peu, qu’il ne se voit pas de toute façon l’interpeller maintenant. C’est curieux d’avoir fait ce chemin dans cette pièce et de ne pas savoir quoi lui dire. Il pourrait se lever, partir mais maintenant qu’il est là, autant tenter, n’est-ce pas ? Il n’a aucune idée de qui elle est et ne va pas tarder à le savoir. Que fera t-il après ça ? Il n’en a aucune idée. Il y a ce qu’il croit savoir à propos des élèves de sang impur et ce qu’il sait : peu de choses du haut de ses treize ans. Seule chose qu'il sait : certains parlent trop quand ils ne vont pas bien. Il sait aussi qu’il en sera l’inverse pour lui : il ne veut pas être un livre ouvert, pas comme elle.

Il ne dit rien quand, à ses mots, elle lui dit qu’elle est une né-moldue comme il devrait le dire au château, une sang-de bourbe comme le dit sa mère. Lui ? Il devrait être comme sa mère, faire ce qu’elle lui dit puis il y a Sirius qui lui fait voir les choses différemment, aussi. Alors il ne va pas se montrer cassant, comme sa mère le voudrait, détestable tout de suite. Tout de suite, il ne sait pas comment agir même s’il l’observe curieusement alors maintenant qu’il sait qui elle est. Même s’ils ne se voient plus autant qu’avant, la parole de Sirius a souvent plus compté que leur mère.

Maintenant ?

Il est mitigé. Il ne veut pas subir ses remontrances alors même s’il ne la croit qu’à moitié quand elle parle, il fait comme si elle détenait tout le savoir du monde. Regulus déteste les conflits et il ne veut pas finir au mieux ignoré comme Sirius. Alors oui c’est plutôt compliqué quand il doit prendre la parole parce qu’il le doit pas vrai ? Sinon il lui aurait dit d’arrêter de pleurer et il serait parti. « Au moins, tu sais que tu n’as plus rien à attendre d’elle. » C’est surement la réponse qu’elle n’attendait pas. « Ca fait mal sur le moment mais ça passera. » Un jour, peut-être sauf si elle s’accroche aux souvenirs et veut retrouver sa sœur. « C’est plus facile qu’il n’y parait. » Il parle comme s’il savait de quoi il parlait. Peut-être. Il peut identifier cette sœur à sa mère même si cette dernière serait vraiment très énervée si elle l’apprenait. L’avenir lui apprendra qu’il sera plus simple de couper les ponts que de s’acharner à vouloir son approbation. « Autrement tu passeras ton temps à chercher son approbation. C’est fatiguant. » Ce n’est pas une vie et c’est lui qui lui dit ça alors qu’il fait tout l’inverse mais une mère manipulatrice aux pouvoirs terrifiants n’est pas une sœur dénudée de pouvoir c’est certain. « Mais sinon tu peux toujours lui faire peur pour qu’elle arrête de te le dire. » C’est une technique qu’il n’a pas les moyens d'utiliser mais peut-être que ça fonctionnera, qui sait ?

( Pando )

Maintenant qu’il semble s’intéresser, il ne peut pas reculer. Cela ne lui ressemble pas mais cela ne lui ressemble pas non plus d’avoir les mots justes. Il ne sait pas comment réconforter, penser aux problèmes des autres alors qu’il a du mal à gérer les siens. Il pourrait comprendre avec l’éloignement de Sirius mais il sait aussi que ce n’est pas totalement la même chose. Sirius ne le reniera pas.

Vraiment ?

Il se tait, n’en dit rien de cette petite voix qui insinue, qui fait remonter à la surface par une simple tentative de calmer l’autre fille, ses propres craintes. Il a beau rejeter même l’idée que Sirius vienne à le laisser, il sait que cela va arriver. Et lui ne peut qu’attendre. Est-elle chanceuse de savoir ou elle en est ? Il dirait que oui mais sait très bien qu’à sa place il voudrait que tout redevienne comme avant. Ce n’est pas possible. Les bleus qu’ils camouflent, les blessures qu’ils soignent le plus souvent avant de rentrer lui montrent ce pourquoi ils sont différents. Ses absences lui donnent tout autant un début de réponse qu’il ne veut voir. Regulus sait qu’il restera quand il sera temps de faire ce choix de partir avec lui ou de rester. C’est comme ça qu’il est, toujours à voir cette maison et ses habitants comme une famille qu’ils sont malgré tout, qu’il ne veut pas décevoir et peut-être alors que cela ira mieux. Un jour, ce sera différent, pas comme aujourd’hui.

Elle l’ignore mais il lui montre de ce ton distant ce qu’il se passe chez eux. Heureusement la voilà beaucoup trop concentrée sur ses propres émotions pour se concentrer sur celles des autres et c’est tant mieux. Il hausse les épaules signe de fausse ignorance qu’elle interprétera comme vraie parce qu’il le faut. « Tu vas me dire que c’est pas le cas ? » Il la juge, carrément du haut de ses treize ans. Sa sœur est stupide comme le sont tous les moldus. « Ce n’est pas comme si tu avais cherché ce qu’il t’arrive. » Peut-être qu’elle aurait eu moins de problème si elle était née comme sa sœur.

« C’est possible, ça arrive tout le temps, les embrouilles de famille. » Il ne parle pas de son frère pour le coup, il parle des familles en général. De ce qu’il suppose : c’est toujours compliqué. Il la regarde, curieux quand elle lui dit qu’elle connait Severus. « Je vois pas pourquoi j’aurais à lui parler de ta sœur. » Il grimace un peu, c’est plus fort que lui. C’est une moldue, jalouse en plus. « C’est toi qui vois. » Il n’y a rien de plus vrai dans ses mots. « Mais vu comment tu en parles, ça a pas l’air d’une personne chouette, j’comprends Sev. » Il ne veut jamais avoir à la rencontrer cette sœur vu comment elle en parle. Enfin, ce n’est pas comme si cela allait arriver de toute façon. « Tu veux qu’elle change. » Non décidément, il ne pense pas que ça arrivera de si tôt. « Je ne vais pas te demander de me croire mais c’est rare quand les gens têtus à ce point changent. Tu en sais quelque chose en ayant choisi de rester à Poudlard, non ? » Alors pourquoi s’obstine t-elle, elle aussi ? Il regarde sa cape, ah, Gryffondor. Ceci explique peut-être cela. « A t’entendre ça irait beaucoup mieux pour tout le monde si tu décidais de tout arrêter ici. » Sauf elle, il s’en doute sinon elle n’aurait pas persévéré toutes ces années. Il hausse les épaules à l'excuse, il n'en attendait pas.

( Pando )

Il préfère ne pas penser à Sirius, ne pas penser que des similitudes le lieront peut-être à celle à qui il ne devrait même pas accorder un regard. Le voilà coincé, incapable de quitter cette pièce, incapable tout autant d’avoir ces mots qui l’aideront à aller mieux. Il est Black, encore beaucoup trop attaché aux principes familiaux pour penser autrement que ce qu’on lui a appris. Il n’en a pas l’envie, souhaite éviter la colère de leur mère qui est lunatique si bien qu’un rien peut la faire vriller. Elle n’a pas ces problèmes là. Juste. Une vie un peu plus compliquée à cause de ses pouvoirs. La solution devrait être toute trouvée non, en rentrant, sa sœur lui adressera à nouveau la parole, en reniant qui elle est, tout ira pour le mieux. Il chasse facilement ses voix dans sa tête, celle qui ressemble bien plus à Sirius qu’il ne voudrait l’admettre, celui qui le fait déjà s’interroger sur ce qu’on leur apprend. Des choses qu’il ne veut pas voir, cette vérité qui est ailleurs, qui concerne ces autres qui sont comme eux, qui sont comme elle.

Les mots qui lui viennent ne sont pas les bons, il en a conscience mais décide aussi de ne rien en faire. C’est comme ça qu’il est, qu’il raisonne avec ce qu’il sait et tout ce qu’il ignore encore. Il roule des yeux à ce qu’elle peut balancer comme connerie à l’instant. Ah ouais ? Il combat cette envie de lui répliquer que si elle a cette envie d’être acceptée des siens et qu’ils n’en n’ont le souhait, c’est qu’elle veut qu’ils changent, qu’ils ouvrent les yeux et comprennent que plus rien ne sera jamais comme avant et qu’ils doivent vivre avec. C’est aussi simple que ça mais pas évidement pour autant, il sait bien sur mais n’a pas l’énergie d’un débat qui après tout ne le concerne pas, malgré ces similitudes  avec Sirius.

Dire qu’il ne s’attendait pas à la tirade qui suit est un euphémisme. Il est là avec ses mots maladroits, bien sur qu’elle videra son sac sans savoir que rien ne l’atteint, du moins, elle ne le verra pas. Il se tait quand elle marque un point mais ce n’est pas de leur faute s’ils sont nés avec des pouvoirs ceux-là qui ne devraient pas en avoir. Il croise des bras, ne se lève pas pour autant même s’il sait qu’il devrait partir et ne pas se laisser enguirlander de la sorte. Pour qui elle se prend ? Elle semble maline, intelligente peut-être même mais si elle continue ainsi une chose est sûre : elle ne vivra pas bien longtemps. « N’assume pas connaitre ce qu’il se passe dans les familles qui ne sont pas la tienne. » Il essaye, vraiment, de ne pas avoir l’air d’être dédaigneux à son égard. « Cela risque de t’attirer des ennuis. » Il a un sourire amusé l’air de rien qu’elle semble se révolter ainsi, oui, définitivement malgré son air de première de classe pleurnicharde, elle lui rappelle beaucoup ce frère pas encore trop absent qui prend tous les blâmes pour des agissements idiots. C’est idiot de se rebeller contre les personnes qui sont plus fortes que soi. Il ne s’en fait pas de l’insulte, ne se sent pas concerné malgré ce qu’il pense. Toutes les familles ne sont pas la sienne. Il fronce les sourcils bien malgré lui, se lève pas trop certain de ce qu’il s’apprête à faire, partir ou rester. Elle était là avant lui, certes mais il était dans ce monde avant elle. Il ne va pas le lui rappeler, n’a pas la tête à être à ce point détestable alors qu’elle semble aussi mal. Le doute est grand dans ce comment s’y prendre pour la suite, pour cette fille rousse qu’il ne croisera pas à nouveau de toute façon, pourquoi devrait-il prendre des gants ?

« Quel intérêt de n’être qu’une poignée d’étudiants même pas certains d’être doués ? » Il se méfie de ceux et celles qui ne souhaitent respecter l’ordre établit des choses. Ils devraient : la vie semble ainsi plus facile. Ils veulent que tout change, lui veut que tout reste comme avant, qu’ils ne lui donnent pas à se poser des questions sur cette vie qui est la sienne, celle qui a toujours été ainsi : sans saveur mais également sans dangers. « Tu ne devrais pas t’énerver ainsi. » C’est ainsi que les choses sont faites. Elle ne va pas changer le monde aujourd’hui. Les pensées sont trop fermées pour qu’elles changent mais qu’elle soit présente en ses lieux montre un changement. Salazard Serpentard ne voulait-il pas au départ qu’une école pour les Sang-Purs ? « Tu ne changera rien avec ta colère. » Voilà qu’il lui donne des conseils maintenant. Il n’ignore pas sa colère : il a juste aucune idée de ce qu’il devrait en faire. Il ne peut pas agir dans son sens, ce serait ridicule mais comme il le pensait plus tôt : elle ne gagnera rien en étant ainsi aussi … Gryffondor. « La plupart ne changeront pas, peut-être que ta sœur en fait partie, peut-être que non. Cela prendra du temps. » Mère acceptera t-elle Sirius tel qu’il est ? Probablement jamais. « Poudlard ne te refuse rien puisque tu es ici. Ce que les autres pensent n’a pas d’importance, finalement. » C’est son conseil, celui qu’il applique, depuis qu’ils sont si peu à parvenir à le déchiffrer. « Tu as l’air maline, tu vas t’en sortir. » Il ne dit pas intelligente, ce serait la placer bien haut malgré ses origines mais le pense malgré tout avec ce monologue réfléchi. Il a déjà oublié ces mots si peu courtois qu’ils auront eu l’un pour l’autre de façon ou non déguisée et sans le vouloir il l’aura fait parler, peut-être finalement était-ce ce dont elle avait besoin malgré sa maladresse.

( Pando )