« Whispers wasted in the sand... » ft. Remus

☾☾J'étais dans mon bureau, plume à la main, le soleil irradiait à travers les fenêtres, éclairant de ses rayons, la pièce, les boiseries et les étagères faites de bois foncés. L'ambiance était chaleureuse, cosy, appelait à la détente. Allongée sur le canapé, les pieds dans le vide, je corrigeais quelques copies pendant que le tourne disque s'amusaient à jouer du jazz. Des classiques qui me plaisaient beaucoup et qui, surtout à m'aider à corriger les devoirs de mes élèves.

« Now baby, listen baby, don't ya treat me this-a way, Cause I'll be back on my feet some day...»

Je fredonnais, battant la mesure de mes chevilles, balançant mes pieds croisés comme le ferait un métronomes de gauche à droite, mordillant la plume d'un geste pensif, je relisais la copie presque parfaite de Miss Sherwood. Elle était vraiment prometteuse cette petite. Un sourire satisfait, je la gratifiais d'un EE, suivit d'une mention très encourageante. « Préserverez Miss Sherwood c'est presque parfait ! » Jusqu'à ce que j'entende, à travers le rythme de Ray Charles, un autre type de son. Un « toc toc toc » caractéristique du bec d'un oiseau venant cogner le carreau.

Me redressant, je vis un oiseau, un oiseau que je connaissais bien, appartenant à la grand père de Remus, ma mère adoptive, ma tante de substitution, celle qui m'avait vue grandir avec sa fille. Me relevant d'un bond, posant tout sur la petite table basse, je me précipitais pour ouvrir la fenêtre au rapace, qui déploya ses ailes, pour venir se poser sur mon bureau, une missive conséquente et surement lourde. Une caresse douce à l'animal, je le déchargeais de sa missive. Il s'envola rapidement. Il n'attendait pas de réponse.

Dépliant la lettre, je commençais à lire les lignes manuscrites. Et puis je lisais et plus mon sourire s'effaça et plus l'effarement se faisait. Et encore plus quand je compris, pourquoi elle était si lourde.

« Placement sous tutelle » frappé à côté d'un M, celui du Ministère. Je ne cherchais même pas à comprendre. J'enfilais ma paire de botte sans chaussette, les papiers toujours à la main que je lâchais pas, je sortis du bureau précipitamment pour foncer vers la salle commune des Gryffondor.

Pas le temps de lui envoyer une missive, je me devais d'aller le voir, et tout de suite. Heureusement, les professeurs connaissaient les mots de passes des maisons et aussi, j'entrais sans problèmes. Quelques élèves me dévisagèrent rapidement. J'aperçus le garçon à lunette qui traînait toujours avec Remus, celui qui avait fait parlé de lui au Nouvel An. Je m'approchais, presque fondant sur lui, sous son regard étonné.

« Professeur ... ? Je... »
« Ou est Mr Lupin ? »

Il ne dis rien, me désignant les escaliers qui menaient aux dortoirs. J'ai été impulsive, laissant mes émotions agir avant même que cela n'atteignent mon cerveau mais l'adrénaline m'avait fait bouger avant que mon esprit analyse la situation. Je montais les marches rapidement, arrivant devant la porte du dortoir, je la poussais presque violemment. Il était là, sur son lit et il était seul.

Je refermant la porte, je lançais un sort d'insonorisation informulé sur la porte pour être sure qu'il n'y aurait pas d'oreilles indiscrètes. Je me précipitais vers lui, m'asseyant sur le lit dans l'action, enroulant mes bras autour de son cou pour l'enlacer contre moi. Et c'est seulement à cette instant que je me permis de laisser couler quelques larmes. De soulagements ? De tristesse ? Je ne saurais dire. Mais Remus devait être au courant. Il était le premier concerné dans cette affaire. Je le lâchais, inspira un grand coup, essuyant mes joues pour lui lancer un sourire rapide, les papiers toujours dans une main.

« Remus... Je dois te parler de quelque chose. »

Je finis par lâcher les papiers, pliés, attrapant ses deux mains dans les miennes, me redressant, subitement, prête à lâcher le morceau.

« Il s'agit de ton père. Je ne vais pas te le cacher, tu sais qu'il ne va pas très bien ces derniers temps. Il est toujours en vie, rassures toi, il est toujours là. »

Je lâchais sa main pour poser une main maternelle et délicate sur la joue de mon filleul pour le rassurer. Je lui souris encore, cherchant à sonder ses prunelles dorés.

« Il... Il a été interné il y a trois jours à ste mangouste. Même si il est en vie, il ne va pas très bien... Et je suis tellement désolé pour toi Remus tu sais ? Je ne veux que ton bonheur et je sais que je serais pas capable de tout combler, et qu'il y aura surement des hauts et des bas et j'espère vraiment vraiment qu'il y aura beaucoup plus de bons souvenirs que de mauvais et que tu es un garçon extraordinaire Remus et je sais que tu comprends. »

Elle était comme Remus. Quand elle commençait à paniquer, elle parlait trop.

« Remus, ton père risque de perdre ta garde et ta grand mère a pensé à moi pour la tutelle, jusqu'à ce que tu sois majeur. Ce n'est de l'affaire que d'un an et si tu ne veux pas, je comprendrais parfaitement ! Après tout, je n'ai pas eu une vie très stable jusqu'à maintenant et puis avec mon problème de poil et le tien, on va devoir gérer cela ensemble mais surtout je tiens vraiment à ce tout sois clair et que je ne remplacerais jamais ta maman, elle était une amie très précieuse pour moi et jamais je pourrais la concurrencer mais tu es déjà comme un fils à mes yeux et je ne veux pas te mettre la pression ou quoi que se soit, tu peux réfléchir autant que tu veux !

☾☾Il était passé par toute les étapes, exactement comme moi. J'avais vu l'inquiétude, la peur, alors que moi, je paniquais complètement. Et si il ne voulait pas de moi ? Si il voulait rester avec son père ? Ou sa grand père ? Ou si il volait vivre loin de tout ça ? Cela aurait pu se comprendre, il y avait eu beaucoup trop de choses d'un coup pour que se soit complètement anodin pour Remus. Mais alors que l'angoisse me faiait baliser et trop parler, il attrapa mes mains dans les siennes, cela eu le don de stopper mon flot de parole, je fixe ses yeux, retenant mon souffle quand il me posa une unique question. Maman... Ce mot sonnait tellement étrangement à mes oreilles. Et pourtant, moi qui n'ai jamais eu d'enfant, je réalisais que j'en avais toujours eu un dans la personne de Remus Lupin. Un sourire vient étaler mes lèvres quand je souffle l'air que j'avais retenu trop longtemps.

Remus se jette dans mes bras et je l'enserre avec force, une main dans son dos, une autre caressant doucement ses cheveux alors que j'enfouis mon visage dans son épaule. Remus était un fils adoptif. Je m'écarte un temps de lui, vient essuyer mes larmes en premier avant d'essuyer de mes pouces celle de Remus, en prenant son visage en coupe entre mes mains. Un sourire tendre, maternel, bienveillant reste fixé sur mes lèvres. Puis je le lâche et de mon index vient taquiner un coup le bout de son nez.

« N'y pense même pas jeune homme, je perdrais toute crédibilité. Garde Professeur pour les cours. Mais en dehors, je serais ravie de t'appeler mon fils. »

Je baisse le regard sur les papiers et garde la lettre que je met dans ma poche mais lui tends les papiers de mise sous tutelle.

« Si tu y tiens, tu auras juste à les signer, prend le temps qu'il te faudra. Je sais que ce n'est pas un décision simple à prendre mais sache que ce qui compte le plus pour moi, c'est ton bonheur d'accord ? Alors quelque soit ta décision, je la respecterais. »

Je lui souris, rattrape sa joue et lui embrasse le front. Je m'éloigne un peu, cherchant à reprendre un peu de contenance. Cette nouvelle était peut être heureuse mais elle s'étendait sur un malheur, celui de l'internement de son père. Je jouais avec le bout de la couverture de Remus entre mes doigts, incapable de rester sans rien faire.

« Est ce que tu voudras aller voir ton père ? On peut se programmer une visite si tu le souhaites, on pourra passer par ma cheminée si tu veux. »

☾☾
Cette situation qui devait s’avérer tragique, ne l’était pas vraiment. Ou étais-je dans un déni? J’en sais rien. En tout cas sur le moment, je n’avais qu’une idée en tête: j’avais une maman. Une maman louve et officiellement, elle allait être ma tutrice. Plus de maltraitance, plus de cadavre de bouteilles, plus d’insultes. Même si j’aimais mon père, ce qu’il m’avait fait subir cet été était invivable sur le long terme. Je n’étais pas la cause de la mort de ma mère. Il ne pouvait pas tout me remettre dessus. Il avait besoin d’une aide psychologique. Il avait besoin de prendre du temps pour lui. Pas de s’occuper d’un ado plein d’hormones. J’avais besoin de finir mes études, de m’orienter, de commencer ma vie d’adulte. Et puis, il y avait Adonis. Comment j’aurais pu avouer ça à mon père directement? D’ailleurs comment allais-je en parler à Becca?

Mais pour le moment, l’heure est à la réjouissance, à la paix. Becca allait être ma tutrice le temps que je tombe sur mes pattes. Elle allait être mon guide comme elle l’avait toujours été à Poudlard. Je la serrais fortement contre moi, comme pour être sur que cela soit réel. Elle finit par essuyer mes larmes en plus des siennes, un petit rire s’échappe de mes lèvres quand elle touche mon nez.

-D’accord, mais à ma remise de diplôme, je t’appellerai maman. Pas de négociation possible, dis-je avec une moue taquine.

Je regarde les papiers en écoutant ses dires. Je pousse un soupir, avant de les poser un peu loin. Je les signerai après. Je la regarde stresser. Cela doit être quand même un chamboulement pour elle. Puis, elle m’évoque mon père, je mordille ma lèvre.

-Je…Je sais pas si j’ai envie de le voir, dis-je d’une voix grave.

Je relève mes yeux vers elle.

-Je J’ai deja ma dose de remontrances pour le moment. Je sais exactement ce qu’il va dire, tenter de faire. Il..

Je soulève ma mèche pour lui montrer une cicatrice.

-C’est pas durant une de mes pleines lunes que j’ai eu ça…C’est papa. Depuis la mort de maman, il a vrillé. Cet été était une angoisse pour moi. Heureusement je suis allé chez James deux semaines. Je…je ne voulais pas t’en parler, j’avais peur…

Je baisse le regard, faisant la moue. Je ne veux pas qu’elle se sente coupable.