Les miroirs de nos âmes en peine (Elorah L)

Les bras chargés d’un panier rempli de mauvaises herbes et de pissenlit, Elorah, avait passé une bonne partie de l’après-midi à donner un coup de fraîcheur à la serre numéro trois puis le potager. Elle avait hâte d’arriver au printemps pour y planter les semis. Pour le moment les beaux jours ne sont pas encore d’actualités, la journée est douce malgré la fraîcheur et ses pas se dirigèrent vers la clairière où elle savait son panier se vider dès qu’elle revenait une heure plus tard. Elle n’avait jamais su quel animal se donnait le plaisir de manger, mais elle allait avoir la réponse très rapidement.

Ses pas s’arrêtèrent net lorsqu’elle apercevait les sombrals, elle n’en n’avait jamais v en vrai, simplement illustré dans les livres qu’elle feuilletait. Elle avait failli lâcher le panier de surprise. Elle ne les voyait pas avant…avant…avant l’attaque. La surprise d’Elorah a fait sursauter à un des sombrals non loin de la barrière. Elle ne s’attendait pas non plus à trouver son camarade de classe, et celui qui lui avait tenu compagnie quelques semaines auparavant, Robin. Elle posait le panier pour y ouvrir l’accès, le récupérait et prenait soin de fermer derrière elle. Elle ne pouvait s’empêcher de fixer le vert du regard.

« Et bien bonjour à toi aussi Robin. »

Elle plongeait sa main dans le panier en osier et prenait une bonne masse d’herbe à l’attention du Sombral non loin qui s’approchait doucement, curieux. Elle tendait le bras vers la créature et du plat de la main, le laissait piocher dans l’herbe qu’elle lui offrait. Peut-être qu’ils savaient qui elle était, elle venait depuis longtemps ici donner de la nourriture sans en voir l’identité.

« C’est la première fois que je les vois. Je viens souvent ici apporter les mauvaises herbes du potager ou des serres. »

Leur aspect n’est pas très attirant et peuvent faire peur, ils sont un peu les oubliés des animaux, un peu comme elle. Elle prenait une autre poignée pour un second sombral curieux du met que la jaune venait de transporter.

« Et toi, qu’est-ce que tu fais ici ?

Elle ne pouvait s’empêcher de le dévisager. Sous ses traits un peu bougons, il pouvait se montrer doux et gentil…avec les animaux, les créatures. Elle devinait facilement qu’il avait l’habitude d’être auprès des Sombrals. Sa remarque, ses excuses sur la perte lui faisait baisser les yeux. Il suffisait d’avoir été confronté à la mort et de s’en souvenir pour voir ces chevaux. Les autres, ne verrait rien. C’était son cas avant, il ignorait jusqu’à son apparence. Elle en avait vu dans les livres illustrés sur les animaux fantastiques, mais ce n’était pas pareil. Sa remarque sur la viande la faisait sourire. « Les petits oui pour leur développement, mais les adultes, eux, ont une préférence pour l’herbe. Nous avons donc tous les deux raisons. » Un point partout Monsieur Nott.

Elle l’observait agir aisément avec eux. Lancer un morceau de viande comme si c’était une balle insignifiante. Elle rentrait dans la clairière, jusqu’alors, elle était de l’autre côté. Dès l’instant où elle fermait la porte, un sombral s’approchait d’elle, lui donnait un coup de tête, réclamant certainement de la nourriture. Elle était surprise, mais pour autant, elle tentait de ne pas montrer de signes de peur. Elle prenait une poignée de mauvaises herbes pour lui donner satisfaction accompagnée d’une caresse timide. Elle l’écoutait lui parler, il n’était pas d’un naturel loquace alors elle en profitait. Elle ne prenait pas sa remarque pour elle. Souvent, elle posait la bassine et s’en allait sans demander son reste, mais aujourd’hui était particulier, elle n’avait pas pris conscience jusqu’alors qu’elle avait réellement vu mourir des personnes. Ce coin de la clairière avait quelque chose d’apaisant et elle ne pouvait s’empêcher de ressentir de la compassion pour les Sombrals qui par le malheur d’un humain, peut être vu par le survivant. Une créature ignorée, mise de côté et pourtant si douce.

« Je me rends souvent dans le coin pour y lire, je comprends ce que tu dis. Qui viendrait voir une clairière vide… »

Elle ne s ‘attendait pas à ce qu’il lui tende de la viande ni même rien du tout. Elle restait un peu interdite devant la nourriture froide, humide à l’aspect peu ragoûtante. Un sombral plus petit que les autres, s’approchait d’elle en ouvrant ses ailes. Sans geste brusque, elle lui tendait la viande, avec sa main libre, elle caressait son museau comme le lui avait conseillé Robin. Sa question lui faisait contempler la créature. « L’aspect peut faire peur, mais il faut voir plus loin, ils restent gentils. Je pensais qu'ils seraient plus effrayant, plus...méchant. »

Le bébé restait avec elle dans l’espoir peut-être qu’elle lui donne un nouveau morceau, mais dès l’instant où elle s’arrêtait dans ses caresses, il bougeait son museau pour qu’elle continue. « Ça fait longtemps que tu les vois ? » C’est peut-être une question personnelle et elle pense qu’il lui dira si c’était le cas.