Tasse de thé & devoir en binôme | Ailys

Evan n’avait plus entendu parler d’Ailys depuis longtems.

Vue, c’était différent, il ne pouvait pas ignorer la jeune femme qui était dans son année, à Serpentard en plus, depuis leur toute première année.

Quand le prof’ avait constitué les groupes pour ce devoir en particulier, Evan avait commencé à lever la main pour dire qu’il se mette d’office avec Barty, il ne pensait pas qu’on lui imposerait un binôme au hasard dans la classe.

Depuis quand ne lui avait-il pas parlé ? Il lui avait peut-être demandé le sel il y avait deux mois ? À moins qu’il ne lui ait demandé de l’encre au début de l’année, c’était possible. En tout cas, il lui semblait qu’avant d’entrer à Poudlard, il était autrement proche d’Ailys. Qu’ils passaient généralement un certain temps ensemble pendant l’été et qu’ils rigolaient bien. La distance avait commencé à s’opérer à leur entrée à Poudlard, il avait eu d’autres amis, ils s’étaient peu à peu éloignés.

C’était normal.

Basique.

Ses parents parlaient tout de même régulièrement d’un hypothétique mariage, mais il n’y avait rien de concret et Evan ne prenait pas du tout cela au sérieux.

Lorsque le jeune homme blond était donc arrivé dans la Grande Salle ce matin, l’air d’être tombé de son lit, cheveux encore mouillés par la douche. Bon, okay, il n’était pas avec Barty, mais ça allait tout de même ; ça restait quelqu’un de sa connaissance, ça aurait pu être pire. Il s’était même fait un détour par la bibliothèque la veille pour emprunter quelques livres d'Etudes des runes sur le sujet et se hâtait désormais vers la table des Serpentards.

Evan avait faim. C’était la première fois depuis des mois qu’il ne mangeait pas en compagnie de Barty ; il le chercha par réflexe du regard mais ne le vit guère. Il y eut une mimique un peu déçue, puis il se trouva une place, étala les livres et chopa d’une main un petit pain pour commencer à bouquiner.

Il espérait que ce serait assez rapide, il avait autre chose à faire. Peut-être échangeraient-ils sur leurs familles respectives, des choses très concrètes, mais honnêtement, Evan en était d’avance assez las. Il avança la main gauche et attrapa l’anse d’une tasse de thé brûlant et commença à la siroter comme si de rien n’était, petit doigt en l’air, allure distinguée.

Evan n’avait aucune envie d’être là, mais il devait faire remonter ses notes ; non pas qu’elles aient été extrêmement mauvaises, mais plutôt qu’un Rosier devait s’essayer au meilleur du meilleur. C’était donc pourquoi il était là, dans la grande salle, au milieu d’un petit déjeuner bien fourni qu’il ne commençait qu’à déguster, ouvrant avec peine des livres incompréhensibles en tentant d’ouvrir les yeux et de ne pas s’effondrer de sommeil lorsque son amie d’enfance arriva.

Son ton était plutôt amer, Evan en fut le premier surpris. Le poids des livres arrivant sur la table acheva de le réveiller et il la regarda en face, telle qu’elle était à présent. Un sourire compatissant se lut sur son visage, même s’il ne put à nouveau pas s’empêcher de tourner la tête à gauche puis à droite pour voir si Barty arrivait dans la grande salle.

Pas de Barty en vue, non.

Evan ne put s’empêcher de se dire qu’elle avait bien grandi, c’était la première fois qu’il le remarquait d’ailleurs. Il se demanda pourquoi ils avaient arrêté d’être aussi proche qu’ils l’étaient enfants avant de se dire que c’était sûrement la vie. (la vie, ou des petites phrases de ses parents qui avaient tout gâché en insinuant que la fille Avery était un bon parti)

Enfin.

C’était sûrement l’occasion de faire quelque chose ensemble, ce devoir.

« Je viens d’arriver, mais j’ai eu le temps de prendre quelques livres à la bibliothèque. Ca devrait nous intéresser, je pense. »

Il tenta de lui adresser un sourire qui se voulait volontaire malgré les cernes sous ses yeux et son énergie qui semblait réduite à zéro à ce moment précis. Evan mit de côté le thé de toute façon trop chaud pour éviter une quelconque catastrophe qui le condamnerait à une retenue éternelle, sa main se tendit vers une pomme qu’il commença à croquer (c’était fou, même là, il y avait la voix de Barty qui le fustigeait de manger un peu plus. Comme quoi, même lorsque ça n’allait pas entre eux, il y pensait tout de même)

« Tu as vraiment grandi, je trouve. Ma mère m’a demandé de tes nouvelles, l’autre jour. Tu as l’air bien. »

C’était vraiment le genre de phrase bateau pour démarrer une conversation, Evan la disait toutefois avec certitude et sans flancher.

« C’est une bonne occasion que ce devoir, je pense. »

Je pense ? Sale menteur, il se fichait de la présence de son amie d’enfance à ses côtés ce matin, il ne voulait que Barty ; le garçon lui manquait affreusement.