La Chasse au Trésor des Fondateurs

La neige, dans toute sa voluptueuse paresse, ne s’arrêtait pas de tomber sur le château de Poudlard. Ses flocons immaculés tourbillonnaient dans le ciel pâle de ce mois de janvier 1977. Assise sur le rebord de la fenêtre du dortoir des filles de Gryffondor de sixième année, Calliopée s’ennuyait fermement. Elle avait terminé tous les devoirs qu’elle avait à faire pour lundi, n’avait plus de livres à lire et avait l’incroyable flemme d’aller à la bibliothèque pour refaire le plein de lecture, ou plutôt, elle n’avait pas d’entrer dans la salle comble à cette période de la journée. Ses grands yeux bruns dérivèrent dans la pièce ronde, s’arrêtant de-ci de-là sans réellement se poser. Du moins, jusqu’à ce qu’un livre épais demeurant sur la table de chevet de Lily Evans capte son regard : L’Histoire de Poudlard. Il n’y avait pas une étrange rumeur qui circulait entre les murs de pierre du château comme quoi les Fondateurs avaient dissimulé un trésor dans les environs ? Il ne fallut pas plus d’une demie seconde de réflexion pour que la jeune femme saute à bas de son perchoir, bien décidée à tirer tout ça au clair. Et puis, ça lui ferait passer considérablement le temps en faisant quelque chose d’amusant, n’est-ce pas ?

Un vieux jean qui a connu des jours meilleurs, un pull jaune moutarde en maille bien trop grand, sa paire de chaussures fétiche aussi jaune que son haut, cuir jeté sur les épaules, écharpe autour du cou et bonnet à pompon enfoncé sur la tête, la petite Gryffondor sortit du dortoir, dévala les escaliers et s’élança à l’extérieur de la Salle Commune des Rouge et Or. Personne en vue à l’extérieur ? Parfait ! Elle marche tranquillement le long du couloir, son sac en cuir brun battant au rythme de ses pas contre sa hanche, jetant de temps à autre un coup d'œil aux tableaux parsemant sa route, leur offrant parfois un mot lorsque ceux-ci lui adressaient un semblant de paroles, sans pour autant ne jamais s’arrêter plus qu’une poignée de secondes. Elle croisa bien quelques personnes sur son chemin, chuchotant sur son passage, certainement sur son accoutrement probablement un peu particulier. Si Calli les ignora, la légère couleur carmine parsemant ses joues attestaient néanmoins du fait qu’elle les avait entendues, ses paroles parfois mesquines, parfois assassines. Est-ce qu’elle en avait quelque chose à faire ? Pas vraiment. Mais n’avaient-ils vraiment rien d’autre à faire que juger les autres en permanence ? Il faut croire que non. Et elle trouvait cela bien triste.

Secouant la tête pour se remettre les idées au clair, elle repartit d’un pas plus assuré vers… Vers où déjà ? Où est-ce que les racontars disaient que la quête du Trésor débutait ? La Tour Nord, non ? Dans un haussement d’épaules pour elle-même, l’ancienne Poufsouffle prit le chemin de la tour où se passait le cour de Divination, pour le peu qu’elle en savait. Elle n’y avait jamais mis les pieds et n’avait pas tant de raison que ça de le faire. On peut dire que lire l’avenir dans des feuilles n’était pas sa tasse de thé. Levant le nez en l’air, elle avisa le sommet de la tour, là où elle devait se rendre et s’approcha de l’entrée pour entamer la montée de la volée de marches. Du moins, c’était ce qu’elle espérait, puisque la première ne fit que glisser sous elle, sa semelle crissant sur la surface plane, la déséquilibrant suffisamment pour que son corps bascule vers l’avant. Par un réflexe lié à l’habitude, Miss Catastrophe se rattrapant de justesse au mur, s’éraflant le bout des doigts sur les esquilles pierreuses. La surprise et la lassitude se lisaient non sans mal sur son visage tandis qu’elle reprenait l'ascension vers les hauteurs.

Finalement arrivée à destination. Et… Elle ne savait pas vraiment où chercher ni quoi chercher. Ou qui ? Les murs, bien que loin d’être lisses, ne montraient rien d’autre qu’un enchevêtrement de pierres et de planches de bois usées par le temps, sauvegardées par la magie mais rien qui pourrait lui être utile dans cette fameuse chasse au trésor. Toute à ses pensées, elle n’entendit pas le bruit des grincements des escaliers dans son dos alors lorsque quelqu’un pénétra dans la pièce où elle se trouvait, elle ne put rien faire d’autre que sursauter et lâcher un petit cri associé à un « Putain ! La peur de ma vie ! » soufflé, une main posée sur son cœur battant à tout rompre, ne sachant pas encore à qui elle s’adressait.

Calmant les battements effrénés de son coeur qui cognait dans cage thoracique tel un oiseau apeuré dans sa cage d’os à coup de grandes inspirations et d’une main sur sa poitrine, elle en profita néanmoins pour observer celui qui venait de la rejoindre dans la Tour Nord. Un Gryffondor. D’une année supérieure à la sienne si elle se rappelait bien, elle l’avait déjà vu dans la Salle Commune discuter avec Lupin. Elle hocha positivement la tête comme réponse à sa première question, rajoutant un « Calliopée. » accordé à un petit sourire et une légère rougeur apparut sur ses joues veloutées, désagrément causé par sa timidité maladive que les autres avaient une forte et désagréable tendance à prendre pour autre chose que ce que c’était réellement.

Sous l’injonction qui n’en était pas vraiment une, la petite blonde amena ses maigres forces au secours du brun, n’étant qu’une aide bien maigre dans cette entreprise sans magie. Heureusement qu’ils furent rapidement rejoints par Morgana que la jeune Gryffondor accueillit avec un large sourire chaleureux, ravie de voir une tête connue malgré le rare nombre de fois où elles s’étaient adressées la parole, au vu de leurs trois années de différence. Pousser la lourde armoire contre le mur du fond prit un plus de temps qu'escompté sans avoir recours à la magie mais c’était étonnamment bien plus amusant ainsi. Un travail avec effort était, semble-t-il, bien plus récompensé et un bon remontant moralement parlant. Surtout lorsque tous trois avisèrent l’étrange inscription qui avait été habilement et savamment dissimulée derrière celle-ci.

Spoiler:

Calli recula de quelques pas pour contempler l’ancienne fresque à l’écriture particulière dont la seule chose qu’elle arrivait à comprendre était ce dessin de Lune qui se trouvait tout en-dessous. Tout le reste ne ressemblait à aucune écriture qu’elle connaissait de près ou de loin, et mis à part les Runes anciennes, matière qu’elle avait abandonnée en entrant en sixième année, il fallait dire qu’elle n’en avait appris que très peu, voire pas du tout. Alors si Adonis n’avait, lui non plus, pas pris d’option en Langues Anciennes, ils ne pouvaient donc compter que sur Morgana pour en savoir un minimum à ce sujet.

En attendant, la jeune blonde erra dans la Tour de Divination à la recherche d’un indice quelconque, retournant chaque coussins, chaque couvertures qui avaient été oubliées sur les bancs usés par le temps, passant la pulpe de ses doigts fins sous les sièges pour essayer de trouver quelque chose d’utile mais en vain. Elle ne savait pas si son esprit était trop accaparé par ses pensées tournoyantes qui redessinnaient sans cesse le cryptogramme au fin fond de sa psyché, cherchant à en comprendre le sens sans jamais y parvenir. Dans tous les cas, elle se sentait à minima abattue et inutile de ne pas réussir à mettre la main sur quelque chose. Pourtant, il y avait bien quelque chose qui tapait à la frontière brumeuse de son subconscient, une réponse, une aide, un indice. Mais quoi ? Elle se tourna alors vers Adonis et Morgana, sa curiosité, son besoin de savoir et son obstination prenant le dessus sur son auto-apitoiement. « Vous avez trouvé quelque chose ? Ou du moins, compris ? » Ceci ne l’empêcha pas de sortir un de ses innombrables cahiers à spirales de son sac à bandoulière en cuir ainsi qu’un stylo moldu au capuchon noir mordillé pour gribouiller du mieux qu’elle pouvait les formes cubiques s’étalant sur le mur de pierre face à eux.