« So easily we're persuaded, when the lines are blurred and faded » | ft. Severus

☾☾ C'était si facile pourtant de l'ignorer. Il suffit que je ne regarde pas cette tignasse noire quand elle passe dans mon champ de vision, que je croise pas son regard acier, le même que mon meilleur ami. Il suffisait juste que je ne pense pas à lui. Et pourtant, j'avais énormément d'interrogations. Beaucoup trop.

Et depuis le nouvel an, le rythme effréné des jours s'étaient enchainé trop rapidement pour que je puisse souffler et me poser, même pour moi, James Fleamont Potter. J'étais un instinctif, un impétueux. Je n'étais pas du genre à réfléchir. Et pourtant, depuis le nouvel an, depuis que j'ai donné son premier baiser à Severus dans un élan de pur défi gryffondorien lancé par Barty, je m'étais mis à réfléchir. A croire que le coup de poing de Severus m'avait replacé quelques neurones dans le bon sens. J'avais tenté de lui envoyé des lettres, des messages qui étaient restés sans suite. Alors je m'étais penché sur des cadeaux possibles sans trop savoir par où commencer. Je ne le connaissais pas moi. C'était Lily qui avait grandit avec lui. Et pourtant, je n'avais pas eu le temps encore de me pencher sur le sujet. Heureusement, la partie de baguette tournante dans la salle de détente il y a plusieurs jours a été décisive vu qu'on s'est retrouvé avec à peu près la moitié des protagonistes de la soirée.

Et puis, il y avait aussi Cissy et Lucius. Qu'étais je censé faire ? Cissy ne m'avait pas parlé depuis cette fête. C'était l'égo qui parlait, malgré le crush que j'avais pour elle, pour cette belle tête blonde. Cette reine qui méritait un roi à ses côtés. Etait ce moi, ou Lucius ? J'avais bien vu, au Nouvel An, le lien qui les unissait. Devrais je me méfier de la vipère de serpentard ? Et si tout cela n'était qu'éphémère ? Et est venu le défi. Cela ne devait être qu'une farce et tout avait tourné au désastre.

Alors je réfléchissais. Mais je n'arrivais à rien si je continuais à fixer de fichu vif d'or en pensant à son véritable propriétaire. Si je devais être totalement sincère, Regulus était beaucoup trop présent dans mon esprit pour que se soit parfaitement normal. Alors dans cette journée de weekend, j'ai attrapé la petit boule dorée et je l'ai laissé dans mon tiroir, à l'abri des regards. Enfin, de ceux à qui je ne veux pas qu'il soit vu. C'était comme un bien précieux, un trésor. Comme un pacte scellé, sacré et solide. Depuis cette journée où je suis allé le voir à l'infirmerie, il y avait comme une entente sincère. Et voilà que je repensais à lui ! Devait il toujours être là, torturant mon esprit ?

Je soupirais et descendit les sept étages qui séparaient la salle commune du parc. J'avais attrapé une cape au passage et pris l'écharpe de Remus. De toute façon, il doit être fourré quelque part avec Adonis ou à la bibliothèque avec Lily et Marlène. Un sourire amusé traversa mes lèvres quand je pensais à Remus et Adonis. Voilà des mois qu'il m'avait confié qu'il avait un coup de cœur sur Adonis et j'avais tenté de le rassurer comme je le pouvais. Je connaissais suffisamment Remus pour savoir qu'il était un timide au très grand cœur. J'espérais juste que Ad' ne jouait pas au con avec lui. Parce que ami ou pas, Moony restait Moony et il passait avant tout le reste.

En arrivant dehors, je resserrais l'écharpe contre moi. L'air devant mon visage se condensait pour former un petit nuage de vapeur. Il faisait froid et la différence était flagrante. Heureusement, à force de se transformer, on conservait nos vêtements et donc leurs chaleurs. Je  marchais droit jusqu'à l'entrée de la forêt interdite. Je suivis un sentier avant de m'en éloigner rapidement pour me diriger là où on avait l'habitude de se transformer avec les autres maraudeurs. Aussi, je finis par prendre ma forme animale. Un cerf, au majestueux bois. Je ne les perdais pas contrairement aux autres cervidés. J'étais unique que voulez vous ? L'avantage sous forme animale c'est que les émotions étaient bien plus simple, plus... animales.

J'avais profité de la forêt, de ses bruits, des craquements des branches par le vent, des sifflements des animaux, des oiseaux, chaque son étaient décuplés, chaque vibrations sous mes sabots ressentis au centuple. J'avais trainé une bonne partie de ma journée sous cette forme. Je devais avouer que cela me calmais. Je me sentais en paix. Reposé, respectueux de ce que la forêt me donnait, malgré sa dangerosité. Jusqu'à ce qu'un craquement plus distinct se fit entendre. Etait ce une de ces araignées géantes ? Il y en avait des centaines et des centaines dans ces bois. Il y avait aussi des trolls selon les dires, mais on est jamais tombé dessus avec les maraudeurs. Curieux, contournant plusieurs arbres, je retrouvais un sentier. Il y avait un garçon, de dos. Les cheveux noirs comme les corbeaux. Etait ce Regulus ? La curiosité me fit m'approcher. Mais non, ce n'était pas lui. Je le reconnus quand il me fis face à une dizaine de mètres. Un nez crochu, des yeux aussi sombre que de l'onyx, un teint frêle que j'avais vu de très près.

Severus Snape.

Qu'est ce qu'il faisait là ? La culpabilité que j'avais ressenti et la honte refit surface. C'était bien la première fois que je tombais dans ce genre de sentiments. Et pourtant, j'avais réalisé trop tard la portée de mon geste à son égard. Alors, je préférais m'éloigner, reculant de plusieurs pas, prêt à m'enfuir. A faire demi tour et retourner au château. A croire que même ici, en plein cœur de cette forêt, je n'avais pas le droit à un moment de répit et de calme.

☾☾« Ne t’inquiète pas, je ne te veux aucun mal. »

Il avait chuchoté, faisant tendre mon oreille droite vers elle, mon souffle chaud formant un petit nuage de vapeur devant moi, à chaque expiration. Sa voix était calme, douce, bien loin de celle qu'il avait à mon encontre quand il me croisait dans les couloirs, observation bien largement accentué depuis le nouvel an. Et a qui la faute hin ? Je reculais de quelques pas quand je vis qu'il avait tendu une main vers moi dans un geste purement instinctif. Quand il regarda derrière moi, je suivis le mouvement, tournant ma tête dans la direction avant de reporter mon attention sur le serpentard qui est censé être mon ennemi. Mais pas depuis le nouvel an. Plus depuis que tout était chamboulé et retourné dans mon esprit. Pourtant, sous cette forme de cerf, tout devenait limpide. Je n'avais plus d'animosité envers Severus Snape parce que je n'étais plus amoureux de Lily Evans. C'était un constat simple mais terriblement révélateur. La jalousie a été mon moteur contre lui et je me rendis compte que je n'étais jamais été juste envers lui. Ces mots résonna en écho dans mon esprit. Tu t'es perdu ? Je me suis perdu moi même, j'avais l'impression d'être quelqu'un d'autre, coincé dans une vie que je ne reconnaissais pas. Tout avait changé dans mon cœur.

Il s'était avancé sans que je ne m'en rende compte et je reculais encore d'un pas. Garde tes distances. Et pourtant, il semblait curieux, sans étincelle de colère, il n'y avait l'air d'avoir que de la tristesse. Et soudain, je me suis mis à avoir de l'empathie pour lui. Avait il vraiment mal vécu ? Aussi mal que Lily le protégeait ? Est ce que je n'ai jamais rien compris depuis le début, est ce que j'étais ce connard qu'il décrivait ? Aurais je été aussi aveugle concernant le Serpentard ? Alors quand il demanda si j'avais besoin d'aide, je baissais mon visage à hauteur du sien, ma respiration s'accélérant malgré moi quand il approcha sa main de mon mufle. Et aussi stupide que cela pouvait paraître, j'avais l'impression que dans ce geste, je me faisais pardonner. Bien sur, il ignorait que c'était moi, James Potter, son pire ennemi, sous forme animagus. Je ne bougeais pas, lui laissant l'accord de toucher mon nez doucement.

Le contact fut simple, un temps d'arrêt, mes narines bougeant rapidement alors que j'écoutais, doucement, ce qu'il pouvait bien me dire. Mes oreilles tendues, dressées dans sa direction, tiquant parfois au son d'un oiseau, ou d'une branche, plus loin dans la forêt qui faisait tomber la neige devenue trop lourde et qui pliait sous son poids. La forêt était vivante, elle respirait, elle bougeait, mais elle nous offrait un moment suspendu, hors du temps, comme si cette bulle, ce havre de paix, permettait d'établir les premières bases d'un traité de calme entre nous. Nous n'irions surement jamais jusqu'à l'amitié, il y avait surement trop de rancœur, que se soit de sa part ou de la mienne, mais peut être que nous pourrions, avec le temps, avoir au moins une entente cordiale, sans vouloir se tordre le cou à chaque fois que mes prunelles noisettes croisaient l'obsidienne de ses yeux. Ou que Mulciber n'était pas dans les parages.

Puis, j'eus soudainement une idée. La forêt, je la connaissais comme ma poche et je connaissais Snape pour son amour des potions. Il y avait un endroit dans la forêt où les champignons sauteurs poussaient en véritable champ. Peut être que je pourrais lui montrer le chemin, et un jour, qui sait, lui dire que c'était moi ? Non. Non, je devais garder secret l'état d'animagus. Il pourrait le répéter, comme il a voulu répéter le secret de Remus. Mais le rejet de Severus à mes lettres d'excuses, à vouloir simplement m'entendre me pardonner, me serrait de culpabilité, comme si il y avait eu un point de non retour. Alors, décidé, je finis par le contourner calmement, marchant dans la neige, faisant craquer la poudreuse ou les épines des pins sous mes sabots. De quelques mètres, je me tournais vers lui, me stoppant, alors que je soufflais un coup plus fort.

Suis moi.

J'attendis qu'il veuille bien se mettre en marche, le fixant de mon regard, soufflant une seconde fois, plus appuyé, frappant le sabot avant au sol, dans mon impatience. Je voulais lui montrer que je n'étais pas que ce connard de gryffondor qu'il s'amusait à décrire. Que j'étais plus que ça, et pourtant, j'avais l'impression qu'il était aussi plus que le serpentard renfermé dans son cachot derrière ses potions. La panoplie du parfait chimiste comme aimait l'appeler Sirius.