The endless night feat Remus Lupin

31 octobre 1981

La nuit n’allait pas être calme, nous le savions tous les deux ce matin là lorsque je me réveille dans ces bras dont je ne pouvais plus me passer. Son regard noir était déjà plongé dans la contemplation de mes traits encore endormi, laissant un petit sourire doux se dessiner sur mes lèvres. Il déposa un baiser au coin de celle-ci, puis un second, et encore un, prenant celles-ci avec la même fureur depuis notre 6ème année. Je passa les bras autour de sa nuque, il me serra contre lui avant de me mordiller la lèvre inférieure, ce qui eut le don de me faire rire. “Tu es carnivore ce matin?” Lui ai-je demandé tout aussi amusée. Il était agréable de pouvoir prendre son temps, surtout depuis que Poudlard était derrière nous. Sirius avait une vie bien organisée par son entraîneur et son agent. il n’avait pas de raisons de s’en faire. Moi, je poursuivais ce rêve totalement fou d’être botaniste et d’en vivre. Adieu médicomagie depuis que ma famille n’avait approuvé le choix qu’était le chien fou des Black.
Ses doigts glissèrent sur mes lèvres dans un dernier baiser plus que prometteur, mais il se leva. Joueur. Il m’informa que nous avions trop dormi et qu’il allait devoir partir pour son entraînement, le prochain match ne tardera pas à arriver dans la saison. Je ne suivais rien au Quidditch, il le savait et usait souvent de cette excuse lorsqu’il devait remplir une mission ou autre pour l’Ordre. J’en n’en savais rien non plus, ou du moins le minimum. Sirius restait toujours secret vis-à-vis de ce qu’il faisait pour combattre le Lord Noir. Nous étions suffisamment en danger pour qu’il ajoute la menace de me voir prise en otage. Nous ne voulions pas devoir nous cacher comme les Potter.
Me relevant, je pris mes genoux dans mes bras et l’observa s’habiller. “Allons-nous tout de même chez les Potter ce soir? Pour Halloween?”  Demandais-je, il poussa un soupir. “Tu sais bien que les sorts empêchent les curieux de s’approcher de la maison…” Je fis une petite moue agacée. “On peut quand même aller chez eux. N’es-tu pas la personne la plus gaga de leur fils? Il s’amusera à te lancer la balle.”  Plaisantais-je à demi-mots. Il grogna en finissant d’ajuster sa tenue, je continuais de le regarder faire lorsqu’il planta de nouveau ses yeux dans les miens. Il avait bien compris mon regard. “On peut faire ça en 10 min tu sais? Tu peux même garder ta tenue!” Il rit, un rire qui ressemblait à un aboiement et qui lui était typique. Un dernier baiser et il quitte la maison pour la journée. Il était hors de question pour M. Sirius Black d’arriver en retard à un entraînement. Il avait travaillé bien trop dur pour y arriver. Je m’étais allongée quelques minutes, visiblement déçue que ma dernière tentative de rapprochement ne fonctionne pas. Il ne savait pas ce qu’il ratait! Enfin si, mais j’étais étrangement plus demandeuse depuis quelques jours. Ma journée devait commencer, sans lui, tant pis..

Nous habitions dans un chalet en pleine forêt qui était aux antipodes des manoirs froids et luxueux dans lesquels nous avions grandi lui et moi. Cette maison avait de grandes, très grandes fenêtres qui nous donnaient l’impression d’être toujours à l’extérieur. Elle avait une pièce entièrement dédiée à ma pratique de botaniste, j’avais promit à Sirius lorsque nous avons emménagés ne pas envahir l’espace avec ma passion bien trop débordante et je m’y tenais.
Mon atelier était une grande pièce très éclairée qui donnait sur une petite serre, qui elle-même donnait sur une clairière. Là, je faisais mes recherches et produisais des boutures de mes plantes. J’envoyais mes plus beaux spécimens à des boutiques spécialisées et aux collectionneurs. J’avais une belle collection de Tentaculas et d’Orchidées. Mes journées se résumaient aux plantes.
Lorsque j’en avais assez je prenais un livre, je dessinais ou j’allais marcher dans la forêt. Ma vie semblait bien simple et surtout éloignée des éclats politiques de notre monde sorcier, mais depuis la mort de Regulus, j’évitais simplement de me retrouver en public. Cette mort nous avait tous les deux effectués, Sirius et moi, mais ce que nous avions perdu était différent. Son absence était pesante, il n’y avait pas une journée sans que je ne pense à celui qui représentait un frère, un confident, un meilleur ami. Nous avions emmenagé loin du monde, loin de la société pour cela. Je n’avais plus suffisamment confiance en moi, en les autres pour continuer de vivre à leurs côtés. Cette guerre allait tout me prendre, et je vivais dans une bulle de protection qui arrivait parfois à me la faire oublier.
Lorsque je marchais seule ainsi, il m’arrivait de converser avec un Regulus imaginaire et de rire à l’idée de ce qu’il m’aurait répondu. Sa bienveillance, sa douceur et sa retenue me manquaient. Il avait toujours été exceptionnel et à mes yeux, la personne la plus apte à me remettre sur le droit chemin. Puis je m’asseyais et observais la nature, angoissant à l’idée de perdre le peu d’amis qu’il me restait. Remus. Adonis. Narcissa… Mais surtout de perdre Sirius. Je savais au plus profond de moi-même que je ne survivrais pas seule. Je ne pourrais plus avancer. Je serais tout simplement détruite.

Cette journée du 31 octobre 81 ne fut pas différente des autres, ma marche avait été plus ou moins longue lorsque je retrouva le confort de mon chez moi. Je pris une douche pour enfiler une tenue plus confortable, soit un de mes nombreux jeans déchirés et un t-shirt de Sirius. C’était avec un livre, installée au coin du feu qui crépitait, lorsque j’entendis des coups précipités à la porte. Déposant ma lecture, mes yeux se dirigèrent vers celle-ci, hésitant à ouvrir. Qui pouvait bien venir ici? Ils n’étaient pas nombreux à avoir cette adresse et savoir trouver le chalet.
Je pris ma baguette magique et la glissa dans ma poche, m’approchant de celle-ci pour regarder dans l'œil de chat. C’était juste Remus. J’ouvris donc et le salua. “Hey! Quelle surprise, je pensais que l’on se retrouvait chez James et Lily! Sirius n’est pas encore…”  Je me stoppa net. Remus était pâle, enfin, pâle, bien plus pâle que d’habitude. La pleine lune approchait? Déjà? J’us un mouvement de recul, son expression faciale me faisait peur. Il avait eu la même lorsqu’il avait su pour Regulus. Je n’aimais pas cette expression. Qui était mort? Etait-ce? Non. Ça ne se pouvait pas. Mes cheveux blanchissent. Je continuais de reculer. “Sirius… Où est Sirius?”  Je pouvais sentir les larmes monter à mes yeux et mon coeur battre à s’en briser. Je devais me rassurer, jusqu’à ce que je prenne les bras de Remus dans mes mains et serre d'effroi. “Dis moi qu’il va bien, dis moi qu’il est en vie!”  Je ne pouvais pas perdre un autre Black dans cette foutue guerre…