Parle moi feat Regulus Black

NNous n'en parlions pas, elles étaient tabous, interdite ou tout simplement bien trop difficile pour en parler, de ces rumeurs qui circulaient sur Sirius, sur moi. De ce que j'étais. De pourquoi je le laissais me tourner de la sorte autour. J'avais peur d'aborder le sujet, terriblement peur. Allais-je perdre celui que je considérerais comme mon petit frère? Allais-je perdre ce meilleur que j'aimais avoir auprès de moi? Nous parlions de tout et de rien, mais pas de ces choses pourtant sérieuses que nous devrions aborder, de ces choses difficiles qui n'étaient pas les conversations banales de deux enfants de sang-pur issus de bonnes familles.
Nous ne parlions plus de ce que nos parents attendaient de nous, nous avions à peine parlé de l'attaque de Pré-au-Lard ou du nouvel an, pourtant nous avions réussi à passer du bon temps, assis l'un à côté de l'autre dans les gradins des Gryffondor. Il était parti lorsque le sujet avait été mis sur le tapis par Héra. Nous ne parlions pas de ces choses là, non, nous restions maladroits l'un avec l'autre taisant ces conversations blessantes.
Je l'avais fusillé du regard la Parkinson et sa grande bouche, Narcissa avait voulu aider et avait tenté de dévier la conversation, mais la vipère n'avait lâché sa proie. Seuls Remus et Adonis avaient réussi à capter son regard, libérant cette conversation du malaise qu'elle avait réussi à créer. Le match avait pris fin, Regulus s'en était allé de son côté et moi du mien avec les deux autres vipères. Je ne voulais pas croiser James et encore moins Sirius. Nous étions donc partie avec le groupe des verts et argents, moi avec ma soeur.

Un soupir s’échappa de mes lèvres alors que j’étais allongée sur mon lit, une main posée sur la poitrine. Elles étaient déjà dans la Grande Salle pour le repas du midi et prête pour les prochains cours mes petites camarades de classe. Moi, j’essayais juste de calmer mon don qui refusait de s’éteindre. Mes cheveux roses refusaient de partir. Ils me faisaient réaliser à quel point il suffisait d’un geste pour me rappeler la chaleur de ses lèvres sur ma peau. J’essayais de ne penser à rien, j’essayais de faire abstraction de tout mais il était bien trop difficile pour moi d’y arriver. Depuis cette fameuse nuit du nouvel an, sortir le brun de mes pensées était un défi constant et celui d’en parler à son cadet était une torture.
Je devais prendre mon courage à deux mains, je n’avais pas le choix, je ne pouvais pas perdre Regulus… Que ferais-je sans lui? Sans sa présence si agréable? Il était le seul capable de me faire sourire naturellement et de me faire sentir si libre, si légère. J'étouffais à l’idée qu’il coupe les ponts avec moi. Je ne pouvais plus faire ce cauchemar, celui d’être laissée sur le bord de la route par le brun qui se détournait de moi.
Je me releva, observant quelques instants mon reflet dans le miroir du dortoir des filles de ma maison. Mes cheveux avaient enfin reprit leur couleur naturelle. Le blond que l’on me connaissait entourait de nouveau mon visage encore pâle de cette attaque qui m’avait laissée avec une mauvaise cicatrice dans le dos. Elle prendrait du temps à disparaître. Je me couvre le cou avec mon écharpe verte et argent avant de sortir de la chambre et de prendre la direction de la Grande Salle.

Dans l’encadrement de la porte, je le cherchais, lui, à notre table. Il n’y avait que lui dans ma tête, je devais sauvegarder notre amitié, protéger ses sentiments et mettre de côté cette attirance ardente, insatiable et passagère qu’était cette affection pour Sirius. Mes yeux bleutés finirent par se poser sur le sorcier brun, et de loin je lui fis un de ces sourires dont il avait le secret. Me rapprochant, je m'arrêta à sa hauteur. Mon cœur se mit à battre plus fort dans ma poitrine alors que je pris la parole. “Hey… Est-ce que tu veux bien venir avec moi? Je voudrais te montrer un endroit formidable!” Lui dis-je simplement en tendant ma main vers l'intéressé. Mon sourire tendre s’élargit lorsque Regulus prit celle-ci et me suivit.
Nous montions plusieurs étages, croisant des élèves bien trop occupés dans leurs conversations pour faire attention à ce que nous faisions. Il avait fallu de nombreuses marches à gravir pour arriver dans ce couloir du 7ème étage. Je me stoppa net dans un couloir vide. Ici, il n’y avait ni salle de classe, ni salle de repos. C’était juste un couloir banal qui permettait de traverser le château. Me tournant vers Regulus, je le regardais avec des yeux pétillants. “Il suffit de demander…” Il devait bien se douter que nous allions dans la fameuse salle dont je lui avais parlé. Je n’avais pas terminé ma phrase que la porte se dessina sur le mur qui n’était plus vide. “Je dois te parler, au moins on sera tranquille… Tu viens?” Lui demandais-je en ouvrant la porte sur une salle remplie d’étagères et de bibliothèques débordant d’objets et livres en tout genre. La pièce était lumineuse, bordée de grandes fenêtres. C’était certains: ici, personne ne nous trouverait.