"Les rêves soulagent un moment la bête dévorante qui s'agite en nous."

Monsieur Llyod pourrait contempler la beauté de son jardin dansant avec la lumière jaune du soleil matinale, le givre et la rosée gelée recouvrant toute la végétation anglaise, mais un cri à l'étage se fit entendre. Il ne bougea pas cependant bien qu'il se crispa sur sa pipe qu'il serra dans sa main gauche. Une goutte de sueur sous le stress de l'attente et l'impatience perla sur sa tempe avant de glisser le long de sa joue et finir sa course dans sa barbe déjà grisonnante. Son regard chocolat parcouru le paysage sans finalement le voir, son esprit tout entier dirigé et concentré sur sa femme qui mettait au monde leurs enfant à l'étage supérieur.

Puis après des heures de travail, des heures d'impatience et un nombre incalculable de café, les cris d'un bébé résonna. N'y tenant plus, Richard monta à l'étage rejoindre son épouse et leurs enfant. Leurs petite fille. Il s'installa avec beaucoup de délicatesse près de sa femme épuisée mais heureuse. Cela se voyait dans son regard bleu électrique. Ce regard froid dont lui seul avait la clé pour y voir les émotions. Elle souleva un peu ses bras pour lui montrer le bébé dans ses bras. Un sourire franc s'étira sur les lèvres de Monsieur Llyod alors qu'il caressa avec légèreté et tendresse le front de son enfant. Rebecca East Llyod sera son nom. Sa mère avait bien sur insister pour lui donner son propre nom en deuxième prénom et il n'avait pu refuser.

Malheureusement, la guerre éclata du coté moldu et la famille s'exila en Australie, chez le frère de son père, pour fuir la guerre et échapper à la désolation et au désastre. S'installant là bas, la famille Lloyd emménagea en conséquence sur l'île-continent. C'est dans cette grande maison d'inspiration coloniale que Rebecca grandissait rapidement sous le regard tendres de ses deux parents.

« Rebecca East Llyod ! »

Le ton ferme et la voix forte de maman résonna dans mon dos. Je fis la tortue enfonçant mon cou pour me faire plus petite. Quand maman prononçait mon prénom au complet ce n'était jamais bon signe. Ma petite main frêle y étais pourtant presque ! Il aurait fallu quelques secondes de plus et j'aurais put atteindre la boite à gâteaux de mamie tout en haut de l'étagère. Au lieu de ça, maman était intervenue et m'avait fait descendre de ma tour de fortune pour réussir à atteindre la boite. Je gonfle mes joues et croise les bras sur ma poitrine en lui lançant un regard noir. Ce comportement de révolte ne lui plus pas apparemment car elle m'indiqua prestement du doigt de filer dans ma chambre. Pestant, je passe à côté de mon père qui entrait à ce moment là de la cuisine alors que j'en sortais. Je claquais la porte de ma chambre absolument pas contente de ne pas avoir réussi...

J'ai été dans une école moldue au début. Mais j'étais trop hyperactive selon eux pour y rester. Je faisais que des bêtises. Entre temps, les filles ne voulait pas jouer avec moi parce que j'étais trop bizarre et les garçons non plus parce que j'étais une fille. Le plus costaud, je me suis battue avec lui, pour lui prouver que je n'étais pas une simple fille ! Mais maman et papa ont été prévenus. J'ai eu la punition la plus dure de mon existence.

Et puis j'ai eu des professeurs à domicile. Ce qui était bien parce que je n'avais pas à retourner dans cette école et ensuite parce que je les avait tous pour moi seule et je pouvais leurs poser toutes les questions que je voulais. Même si papa et maman n'avait pas tout ce qu'ils voulaient, moi, je n'ai manqué de rien. Je savais que papa et maman étaient des sorciers. Ils étaient tous deux des sang mêlés. Je connaissais bien le monde de la magie bien sur. Quelques fois, je me disais que j'en faisais aussi. J'adorais l'astronomie et l'histoire de la magie, me passionnant pour les légendes et les contes anciens. Malgré ma soif de connaissance, je ne tenais que très rarement en place et les repas de famille était des supplices. Sauf quand on pouvait sortir de table, mes cousins et moi. On était souvent dehors dans le jardin. On grimpait aux arbres, s'imaginant des bateaux pirates prendre à l'abordage un navire français ou espagnol. On s'amusait à se raconter des histoires et on revenait souvent les vêtements plein de terre et de tâches d'herbes et des brindilles dans les cheveux. Je me souviens une fois que maman m'avait menacé de me les couper sur je n'y faisais pas attention. J'avais pris alors l'habitude de toujours les attacher avant de faire quoi que se soit qui pourrait faire que cette menace soit appliquée.

Et puis un jour à ses sept ans, je fis enfin ma première magie. Je jouais avec le chat. J'adorais ce vieux matou tigré mais quand je jouais avec lui, il redevenait un chat agile et plein de vie. Et je me souvient avoir trébuché sur lui alors que je courais dans la maison. Et je me souvient être passée par la cage de l'escalier. Je me voyait déjà par terre, au fur et à mesure que les marches se rapprochait de ma tête, alors préparant ma chute, je fermais les yeux, espérant de tout mon cœur que les marches seraient quand même molle pour pas que je me fasse trop mal. Et je me souviens avoir atterri dans un amas de plume blanche. J'avais transformé les marches en plume et finalement eu un simple bleu à l'arrivée.

Et une fameuse lettre arriva par hiboux pendant l'été de mes onze ans. Poudlard. J'étais née en Angleterre alors je devais étudier là bas. Mes parents réfléchissaient depuis des années à retourner en Angleterre, pays que je connaissais bien puisque nous y allions régulièrement en vacances pendant l'été pour échapper à l'hiver rude de l'Australie. Alors, ils profitèrent de cette occasion pour déménager définitivement en Angleterre, leurs terres de cœur, la terre de ma mère.

J'ai fais mes achats cependant en Australie juste avant le déménagement, recevant ma baguette. C'était marrant, elle crachait des éclairs quand j'étais en danger ! J'ai eu la visite impromptue d'une araignée mortelle dans ma chambre une nuit. Enfin, la pauvre araignée n'avait rien demandée mais ma baguette magique l'a remarquée et s'était mise à faire des éclairs. Alors je compris que la plume de l'oiseau tonnerre pourrait facilement me prévenir de tous danger. Une chose bien utile !

C'est en 1951 que j'entrais à Poudlard. La première fois que je voyais le château, un frisson m'avais traversée, comme si je venais de trouver mon véritable chez moi. Maman y a été elle aussi à Gryffondor. Elle m'avait tout expliqué du château. Son plafond magique, les maisons, les cours, j'avais si hâte d'être répartie et commencer à étudier ! J'étais tellement avide de savoir ! Cela se voyait à chaque sortie où je harcelais mes parents et mes précepteurs de questions tout aussi futiles que inutiles qu'intéressantes. En vérité, avec le recul d'aujourd'hui, j'ai vraiment du être casse pied.

Que ne fus pas ma surprise d'être répartie à Serdaigle ! Il a hésité avec Gryffondor je l'avoue mais Serdaigle, selon lui, répondrait largement à ma curiosité maladive. Et il ne s'était pas trompée. Rien que l'idée de l'énigme pour entrer captait facilement ma concentration et ma motivation ! Je m'étais montrée sous un nouveau jour pour mes parents. La magie canalisait mes émotions, mon hyperactivité et satisfaisait chaque partie de mon esprit. Je m'étais montrée studieuse, appliquée, beaucoup plus joyeuse et bien dans mon corps. Les années s'enchainaient avec tout le lots que l'adolescence offrait. Les BUSES en poche, je partis dans le domaine de l'histoire de la magie et de la civilisation ancienne, et suivit le cursus jusqu'au ASPIC que j'obtenu avec brio. - peut être pas celle de métamorphose -.

C'est en 1958 que je sortis de Poudlard. J'entamais une carrière dans l'histoire de la magie et les artefacts de magie noire et occultes que je collectionnais par passion et fascination. Détrompez vous, la magie noire, c'est quelque chose à bannir mais pour la comprendre, mieux l'appréhender, des personnes devaient se salir les mains et les mettre dans la boue. C'est ce que je faisais. Cette magie sombre et ancienne me plaisait. Les anciennes civilisations magiques me plaisaient également et j'avais d'ailleurs écrit une thèse sur les fondateurs de Poudlard. Mais revenons à nos botrucs.
En lisant énormément de sujets concernant Gellert Grindelwald, je suis remontée sur ses origines et ses traces en Europe de l'Est. Malheureusement, le monde moldu a été ravagé par la grande guerre, il a presque treize ans à présent. Tout n'était pas reconstruit. Mais je décidais de partir tout de même, pour être sure de ne rien louper d'important. Après tout, Gellert avait eu en sa possession la baguette de Sureau et cela était un fait. J'en était persuadée. Et si cette relique ancestrale existait, il y avait des chances pour que les autres existent aussi. Alors, c'est avec conviction que j'étais partie en Roumanie et en Bulgarie, rencontrer les villageois. Retrouver sa trace en Europe de l'Est me pris plusieurs années. Et c'est à l'âge de vingt deux ans, que je trouvais enfin ce que je cherchais avec le fabriquant de baguette Gregorovitch qui s'était vanté il y a plusieurs années d'avoir possédé une baguette très puissante.

Mais mes questions et mes investigations ne plaisaient pas. Et plus je posais de questions et plus les portes se refermaient. C'était comme si, dans cette région, parler de Grindelwald était un sujet tabou, un sujet dont il ne fallait pas parler. Par peur ? Par protection pour lui ? Je n'ai jamais su le dire. Mais j'ignorais qu'en posant tant de questions, j'allais face à de terribles ennuis.
Le soir même, alors que j'allais m'endormir sur le lit de la chambre d'hotel que j'avais réservé, la porte s'ouvrit avec fracas, les débris volant partout dans la pièce alors qu'un nuage de poussière se souleva. J'eus par reflexe de lancer un protego en attrapant ma baguette alors que j'entendis un stupéfix peu avant. Mais ils étaient quatre et moi j'étais seule. Aussi, je pris la fuite rapidement, transplanant dans la forêt. Je fus suivis. Je tentais de fuir mes agresseurs alors que les sorts faisaient voler en éclat l'écorces des arbres autour de moi. J'étais pieds nus, ils devaient être en sang, la peau surement arrachés par les épines des pins et des branches qui recouvraient le sol. Mais ce n'était pas ma priorité.

Je soufflais après un temps, assez longtemps pour ne plus voir les sorts être lancé contre moi. Je me permis de respirer un peu jusqu'à ce que j'entende, bien trop près de moi, un hurlement de loup, me faisant hérisser les poils de la colonne. Un frisson d'effroi me traversa quand j'entendis les branches craquer à côté de moi. Je me retournais vivement, baguette brandit en avant, alors que se tenait à quelques mètres de moi un loup garou qui semblait en pleine forme et surtout prêt à se jeter sur moi. C'est ce qu'il fit. Je pus esquiver la première attaque mais pas la deuxième. Ses griffes se plantèrent dans la chair de mon dos, déchirant la peau sous mon hurlement de douleur. Mais se fut pire quand ses crocs transpercèrent le muscle de ma cuisse, la douleur et la chaleur brûlante de la morsure se répandit instantanément dans mon corps alors que je manquais de tourner de l'oeil. Je ne cherchais pas plus loin et lui lança un "bombarda" dans un instinct de survie. L'explosion résonna dans la forêt, le silence se fit alors que j'atterrissais quelques mètres plus loin. Cela avait eu le don de faire partir le loup garou alors que je tombais dans l'inconscience, au milieu de la forêt bulgare, le sang s'échappant de mes plaies.

Je me réveillais au même endroit, le froid avait fait place à la douceur des draps, la douleur au confort alors que je reprenais pleinement conscience des évènements de la nuit dernière. J'ai été attaquée par un loup garou. J'ai été mordue. Je sentis les larmes de colère me monter aux yeux alors que j'exprimais ma rage en hurlant, libérant la colère de l'instant, de la réalisation de ce que cela impliquait. Toute ma vie allait devenir un enfer. Je réussis à transplaner dans la chambre d'hôtel, qui était en ruine, récupérer mes affaires dans les débris et les décombres comme je le pouvais alors que je tentais, avec quelques sorts de soins de fermer les plaies. Mais la malédiction du loup garou était là, et les plaies mettraient du temps à guérir...

La première transformation fut sans doute la plus compliquée. J'étais revenue en Angleterre. J'avais avisée mes parents de ce qui s'était passée. Je ne pouvais pas traverser cela seule. Alors, mon père qui était doué en sortilège, m'avait enfermée dans la cave de la maison familiale, protégeant l'entrée par de multiple sort. Les fenêtres avait été consolidée elles aussi. Et je ne pus échapper aux rayons lunaires. J'avais sentie mes os craquer, ma peau se transformer et se parer de poils, ma colonne, m'obligeant à me tenir à quatre pattes. Cela n'avait duré que quelques minutes mais j'avais l'horrible sensation d'avoir été victime d'un doloris. Je reprenais mon souffle. Le loup avait prit place dans mon esprit. L'air était gorgé d'odeur humaine. Ma truffe me le disait. Il y avait toutes ces odeurs, mais aucun humain et surtout, cet irrépressible faim. Je savais que la sortie était par ces grandes portes. J'avais tenté de la forcer, de me libérer. En vain.

Quand je me réveillais le lendemain, c'était encore pire que la transformation. Mon corps me faisait mal, endolori par la nuit et la transformation. Mais au final, on s'habitue avec le temps.

Des années étaient passées depuis ce jour terrible où ma curiosité m'avait fait défaut. Depuis ma terrible erreur de jugement, j'étais plus prudente, surveillant constamment mes arrières. Mais cela ne m'empêchait pas de continuer mes recherches. Ma mère était décédé il y a cinq ans. Et aujourd'hui, c'est mon père que j'enterre. J'avais hérité de la maison à trente quatre ans. Les deux personnes au courant de ce que j'étais étaient parties, me laissant seule dans ce monde qui s'assombrissaient, chaque jour un peu plus. Mes recherches sur la magie occulte et les artefacts m'avaient fait voyager partout dans le monde. Heureusement, cela me permettait de trouver une excuse rapide pour mes disparitions nocturnes. Personne ne soupçonnaient réellement mon état. Et cela m'arrangeait bien. Mais je ne pouvais pas retourner dans la maison familiale. Il y avait trop de souvenirs. C'était le bonheur de mes parents, je l'avais transformé en maison sans vie. Leur bonheur s'était éteint, le jour où j'étais devenue un loup garou, il y a douze ans maintenant. Alors je l'ai revendu. J'avais trouvé une ferme en pierre, isolée dans un village, une cave assez grande pour contenir ma forme lupine en cas de problème.

Heureusement, avant son décès, mon père m'avait appris comment modifier magiquement un endroit grâce à des sorts d'agrandissement indétectable. Je continuais mes recherches sur la malédiction des loups garous, en parallèle de ce que me demandais le Ministère et plus précisément le département des Mystères. Mon bureau était ma maison et cela m'allait bien. Grâce à une collègue et amie, qui était devenue professeur de Sortilèges à Poudlard, elle sut qu'un poste de professeur en recherches occultes était à pourvoir aussi à Poudlard.

Elle s'empressa d'écrire une lettre au Directeur, envoyant ses références et une lettre de motivation pour expliquer son choix. Elle avait appris beaucoup de choses, en presque quinze ans de carrière. Elle voulait aujourd'hui transmettre ce qu'elle savait, en parallèle de ses recherches personnelles. Elle voulait donner l'envie aux petits sorciers, de leurs donner assez de curiosité pour appréhender le monde. Cependant, elle avisa le Directeur de sa nature, sollicitant une cheminée dans sa chambre et un couloir entre celle ci et celle de sa maison au Pays de Galles. Cela lui permettrait évidemment d'être loin de Poudlard pendant les mauvais soirs, justifiant ses déplacements pour ses recherches. Après tout, il ne s'agissait que d'un soir ou deux par mois, ce n'était pas grand chose n'est ce pas ?