Chasse ou contente toi d'être la proie - feat J. Potter

Quelques jours plus tôt…
Traditionnel petit déjeuner dans la Grande Salle. Le ciel, d’une couleur presque blanche, annonçait la tombée de prochaines neiges dans les heures à venir et les températures glaciales extérieures qui risquaient de continuer à chuter. Cissy n’attendait aucun courrier. Pourtant, à sa grande surprise, une chouette de l’école vint s’arrêter à sa hauteur. Petite gourmandise offerte en remerciement au volatile avant de le laisser reprendre sa route. Narcissa observa la lettre. Circonspecte. Sourcil haussé, coup d'œil à droite, à gauche. Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Parkinson à ses côtés, plus impatiente que jamais, l’invita à l’ouvrir. La blonde n’aimait guère ce genre de surprise et n’avait nullement envie de la partager publiquement - qui sait ce qui pouvait lui tomber dessus ?. Mais sa meilleure amie eut raison d’elle et elle finit par céder. Une simple lettre :

Code:

“Je t’attendrai jeudi au lac, après les cours, pour une glissade sur la glace”.

Aucune signature.
Parkinson était surexcitée. Le palpitant de Narcissa s’était très vite emballé mais elle préférait faire comme si de rien n’était.
“Tu crois que c’est qui ? Tu vas y aller n’est-ce pas ?” Sa meilleure amie n’arrêta pas de la questionner les jours suivants.
La seule réponse de la blonde fut “Je ne sais pas”.

Et oui, la jeune Black peina à se concentrer en cours tout le reste de la semaine. Etait-ce lui ? Alistair ? Qui regrettait de l’avoir quitté quelques mois plus tôt ? Non, il semblait que cette histoire était bien derrière eux.
Et si quelqu’un souhaitait lui faire un mauvais tour ? Elle n’était guère appréciée de tout le monde au sein du Château, elle le savait et l’assumait. Pourtant, elle n’était pas non plus en guerre ouverte avec qui que ce soit. Un certain lion apparut dans son esprit, joues qui se teintent légèrement de rouge mais très vite, la raison et la haine à son égard qui reprennent le dessus. Non. Certainement pas.

Le jour fatidique arriva enfin. Parkinson était bien plus impatiente qu’elle. Et si la blonde tentait de se changer les idées, elle pouvait bien compter sur sa meilleure amie pour lui rappeler qu’elle était attendue. Non. Narcissa avait finalement décrété qu’elle n’irait pas. Cours achevés, elle prit la direction de la bibliothèque. Oui, le mieux était de réviser pour ne plus y penser. Pour taire une bonne fois pour toutes les nombreuses questions qui la tourmentaient depuis le début de la semaine. Main dans la poche de sa cape qui retombe sur le fameux bout de papier. O.K. Soupire. Elle capitula. Passage dans les cachots pour mettre sa cape extérieure, écharpe relevée jusqu’au bout du nez, chaussettes épaisses et gants de rigueur, elle sortit enfin du château -n’oubliant pas de mettre ses patins dans son sac magique sans fond. Direction le lac noir. Gelé depuis plusieurs semaines déjà à cause du froid. Luminosité digne d’un début de nuit, ciel qui s’assombrit. Narcissa eut besoin de plisser des yeux pour s’habituer à l’obscurité. Sans surprise, le parc était presque désert. La majorité des élèves préférant profiter de la chaleur des cheminées de leur salle commune plutôt que de flâner dans le froid. Seuls quelques courageux jouaient dans la neige ou prenaient le chemin du château après avoir terminé leur bonhomme de neige. La vipère continua d’avancer vers le lac quand enfin, elle le reconnut. Nul besoin d’une bougie pour savoir de qui il s’agissait. Impossible de passer à côté de sa silhouette, ce geste négligé de main dans ses cheveux qui énervait la Black bien plus que nécessaire. Piégée. Ce fut le premier mot qu’elle pensa aussitôt. Bien trop fière, il était trop tard pour qu’elle fasse demi-tour. Était-ce vraiment lui ? Il était temps qu’elle en sache davantage.

“Que fais-tu là Potter ?
Mon cher cousin t’a abandonné pour une de ses nouvelles conquêtes ?”.

L’attaque. Reflex premier quand elle le croisait, quand elle était en position de faiblesse. Dans les faits, Narcissa se sentait véritablement stupide. Pourquoi était-elle venue ? Pourquoi s’était-elle laissée emporter par l’excitation de sa meilleure amie. Elle savait depuis le début que c’était une mauvaise idée. Elle n’eut alors qu’une envie : faire demi-tour. Mais comment le justifier au lion ? Prêcher le faux du vrai pour obtenir des réponses. Telle fut sa stratégie.

“Ou bien peut-être que tu l’attends ici ?
Tu devrais plutôt chercher du côté des dortoirs des filles”.

Cissy préféra tenter de se persuader que le mot ne venait pas de lui. Oui. C’était la meilleure option.

Ce sourire de satisfaction sur les lèvres du lion était particulièrement désagréable à observer pour la princesse des vert & argent. Aussitôt, son premier réflexe fut la défensive, évidemment.
La réponse de Potter la laissa stupéfaite. Incomprise. Elle ouvrit la bouche pour le piquer de son venin avant de la refermer aussitôt. Pas envie de se prendre la tête avec elle ? Pardon ? Quel lutin l’avait donc piqué ? A quoi ce petit manège pouvait bien rimer ? Il s’avança vers elle de quelques pas. Elle resta là, sans ciller. Dans l’observation. Indécise. Cissy préféra rester silencieuse, le laissant reprendre la parole. Les bras de la blonde se croisèrent sur sa poitrine, un sourcil de curiosité se haussant naturellement. Potter. Vouloir se faire pardonner ? Il y avait véritablement quelque chose qui ne tournait pas rond aujourd’hui. Que lui arrivait-il ? L’euphorie de Noël se serait-elle finalement emparée du lion ? La vipère restait sur le qui-vive. S’il y avait bien une personne en qui elle n’avait aucune confiance, c’était lui. Pourtant, elle restait là. A écouter ses paroles invraisemblables et malgré tout, elle le sentait sincère. Regard hautain lancé, face à la mention de sa famille. Et lui, espiègle, se jouant d’elle. La proximité qu’il lui offrait à ce moment précis la perturbait et pourtant, qu’il était énervant.
Et voilà que maintenant, il terminait se parade en la provoquant. Non, Narcissa ne voulait pas s’abaisser à ça. Pas à ce jeu stupide. Pas avec lui. C’était ce qu’elle tentait de se faire croire. Mais au fond, si elle était véritablement franche avec elle-même, elle devait admettre qu’elle n’avait guère envie de retourner au château. Comme une envie de se brûler les ailes sur ce lac gelé.

Baguette prise en main “Accio patins”.
Elle enfila à son tour ses patins, rejoignant rapidement le lion sur la glace. Lueur de défi animant son regard :
“Tu ne sembles guère connaître ma famille de …  Si l’air n’est nullement mon aise, la glace est bien plus mon alliée.”

En effet, il était fréquent qu’en hiver les Black se rendent au lac de leur domaine afin de vêtir leurs patins magiques. Cette version du patinage était bien plus spectaculaire que celle des moldus mais la pratique restait très semblable. Ainsi, Narcissa parvenait à se déplacer sur la glace sans trop de difficulté. Elle était bien incapable d’effectuer la moindre figure acrobatique mais elle avait suffisamment de base pour ne pas se démunir face au lion.
Le dépassant, elle se tourna face à lui, patinant quelques pas en arrière afin de lui faire face.
“Alors comme ça, tu souhaites véritablement te faire pardonner ?
Permets moi de te demander d’où vient cet élan de bonté car ce n’est franchement pas la signature de notre légendaire Potter.”

Arrêt sur image. Elle s’approcha de lui, glissant un doigt ganté le long de la joue du rouge et or.
“A moins que le lion soit devenu un gentil petit chaton ?”. Elle plongea ses prunelles dans les siennes durant quelques secondes avant de s’éloigner.
“Non, impossible !”.

Sourire malicieux, elle lui tourna le dos avant de recommencer à patiner doucement, s’éloignant du lion. Par-dessus son épaule, elle l'interpella.
“Tu me montres les talents d’un garçon qui n’est pas d’une famille de… ?”.

Barrière qui tombe petit à petit. La méfiance toujours au rendez-vous et pourtant, l’envie véritable de partager ce moment. De découvrir cette complicité cachée à travers ce jeu étrange qui semble être le leur depuis quelque temps déjà.

Sourire satisfait lorsque Potter admet qu’elle s’en sort plutôt bien sur la glace. Non, elle n’ira pas tenter une pirouette ou autre mais elle sait qu’elle peut patiner sans trop de mal.
L’un et l’autre se piquent, conversations sous-entendues, puis leurs places qui s’échangent. Un sourcil de la blonde se hausse lorsqu’il proclame ne pas être que le gars qui se pavane. Elle s’apprête à retorquer mais la suite de son discours lui fait lever les yeux au ciel. Léger rire qui sort de ses lèvres. Ah ça oui, il était bon baratineur le lion. Mais si cela pouvait prendre auprès de certaines blairelles, il n’en était rien pour la vipère. Il lui en fallait bien plus pour être touchée. Néanmoins, il avait réussi une chose : la détendre et lui permettre de baisser sa garde. Sourire amusé ornant à présent ses lèvres, elle le laisse accélérer, effectuer sa plus belle révérence et finalement revenir vers elle. Geste qui l’amuse et à laquelle elle répond par une petite révérence de la tête.
“Enfin de belles manières !”.
Leurs mains gantées se retrouvent et la blonde se laisse guider par le lion, tournant autour de lui d’un pas peu assuré jusqu’à ce que leur corps se retrouvent l’un contre l’autre. Léger déséquilibre mais il semble la tenir suffisamment fermement. En digne princesse de glace qu’elle était, Cissy n’était clairement pas une adepte des contacts physiques. Celui-ci, inattendu, la tendit imperceptiblement mais ne fut pas déclaré comme désagréable pour autant. Lion qui s’éloigne et tente une heu…acrobatie ? Échec cuisant. James qui s’étale complètement sur la glace. L’inquiétude de la vipère se met à naître en voyant la chute et très rapidement, le fou rire qui la prend en voyant que le rouge et or est lui-même en train de rigoler. Les larmes qui lui montent aux yeux tant elle s’amuse de la situation.
“James Potter.
Je vous déclare officiellement meilleur patineur de Poudlard. Votre dû arrive très prochainement dans la salle des trophées”.

Plaisanterie énoncée durant laquelle Narcissa s’avance du lion. Main tendue pour l’aider à se relever et se remettre sur ses patins. “OK, rien que pour le spectacle ça valait le coup”. Si la blonde était encore sur la défensive, cette chute venait définitivement de faire tomber ses dernières barrières, sa méfiance s’envolant pour laisser place à la bonne humeur et sa bienveillance. “Tu vas bien ?”. Elle lui fit aussitôt signe de se taire. “Non, je te vois venir, opportuniste que tu es, ne me demande pas de jouer à l’infirmière avec toi !”. Clin d'œil taquin pour finalement ajouter. “Mais si tu as véritablement mal quelque part, ne joue pas trop au dur”.
La blonde observa le reste du lac gelé. Sortant sa baguette, elle fit apparaître un petit feu éternel. Seule source de lumière et de chaleur en ce début de nuit. Par réflexe, elle s’y frotta les mains pour se réchauffer. “Souhaites-tu te lancer dans une deuxième prouesse artistique ? Je peux admirer une nouvelle fois le spectacle !”. Narcissa se mit à rire une nouvelle fois, se refaisant la scène dans sa tête.

“Pourquoi pas maintenant ?
Et bien parce que ton trophée n’est pas encore prêt James. Mais promis, tu finiras bien par le recevoir si tu continues ainsi, parfois, la patience a du bon tu sais ?”.

Secondes de silence laissant ses dernières paroles flotter dans les airs. D’une petite anecdote concernant les talents du lion en patinage, la demoiselle en avait fait un sous-entendu bien plus lourd de sens. Par trophée, elle ne parlait plus d’une récompense semblable à une coupe ou une médaille mais bien plus que celà. Non. A travers ses mots, elle lui ouvrait une véritable porte et lui affirmait que s’il ne fautait plus, alors il obtiendrait bien plus de sa part. Jusqu’où était-elle véritablement prête à aller avec lui ? Nul ne pouvait le prédire, et certainement pas elle. Mais oui, le jeu dangereux qu’ils avaient commencé depuis un certain temps, semblait prendre une tournure plus… concrète.

Si au début de leur rendez-vous, la vipère s’était montrée sur la réserve, elle devait bien reconnaître que Potter avait su regagner des points tant dans son estime que dans son coeur. Elle appréciait sa simplicité, son naturel et son humour. A cet instant précis, il n’avait pas besoin de faire le clown pour attirer l’attention d’autres élèves et cela lui plaisait particulièrement.
Et dans sa bienveillance naturelle, Cissa s’inquiète véritablement pour le lion, ne souhaitant pas qu’il se soit blessé ou autre. Serait-ce un aveu à demi-mot pour dire que oui, elle tient à lui ? Elle sent bien qu’à travers cet acte, une petite gène naît au sein du lion. Effectivement, c’était bien la première fois qu’elle montrait véritablement un signe d’inquiétude à son égard. Barrière quand tu tombes, vérité quand tu nous tiens, bien des masques tombent ! Le bon état de santé du jeune homme confirmé, la vipère fait apparaître un petit feu éternel afin qu’ils se réchauffent. Taquinerie lancée où les deux adolescents se mettent à rire de bon coeur. Avec douceur, il entrelace ses mains gantées dans les siennes afin de les réchauffer mutuellement. Une petite chaleur remonte sur les joues de la blonde. Non, ce n’est pas le feu. Mais bien l’attitude du rouge et or qui lui provoque cet effet. Un rapprochement étrange qui pourtant, la séduit de plus en plus. Heureusement, l’humour de Potter reprend vite les devants de la scène. Question à laquelle Cissy lui répond d’un regard malicieux. “Souhaites-tu véritablement découvrir mon talent en la matière ? C’est un traitement de faveur que je n’accorde qu’à certains privilégiés”. Nouveau petit rire de la part de la blonde. Elle n’était nullement réputée pour son appétence pour la médicomagie et cela n’était pas prêt d’arriver. Mais il était certain que son grand esprit protecteur faisait que, lorsque ses plus proches amis étaient dans une mauvaise situation, alors oui, elle était là pour eux. Elle se souvenait encore d’une nuit où Héra s’était trouvée particulièrement fiévreuse. Cissy était restée à son chevet, éveillée afin de tenir compagnie à la brune. Mais pour cela, il fallait encore que James prenne quelques échelons dans leur relation.

Face à la nuit tombante, la vipère décida qu’il était temps de rentrer. “Ma ronde de préfète commence bientôt. Tu me raccompagnes jusqu’au château ?”. Fait véritable mais aussi, la demoiselle sentait qu’elle était en train de faillir, qu’elle ouvrait des portes encore fermées au lion jusqu’à maintenant. Ambivalence dans son coeur, si elle souhaitait que ce moment se prolonge encore un long moment, elle préférait prendre la fuite. Elle avait peur Cissy. Peur de ce lion et de son comportement. Était-il vraiment digne de confiance ? Levant les yeux, elle lui adresse un petit sourire “Je te remercie pour cette prise d’initiative et… pour ce moment. Alors oui, tu es pardonné. Tu apprendras certainement à le découvrir, sache que je ne suis pas véritablement une grande rancunière face aux personnes que j’apprécie sincèrement”.
Stop. Non, il n’était nullement le temps des confidences.