La dynamique des macarons - 07/09/76 - Charles

Mardi 7 septembre 1976 - début de soirée

Au 6ter impasse de la cabane hurlante à Pré-au-Lard régnait une savante effervescence. Dans la cuisine, les ustensiles exécutaient un ballet bien rôdé en s’afférant au-dessus d’un chaudron, d’une poêle, d’un cul de poule et autres plaques de cuisson ou planches à découper. Différents parfums naissaient des préparations et diffusaient dans toute la maison – un charmant cottage traditionnel à un étage et sous-sol, avec jardin entretenu sans vis-à-vis si ce n’était un bout de la maison voisine inhabitée (une bâtisse sauvage infestée de gnomes et goules) quatre chambre, atelier au mur absorbeur de magie, sellier, bureau aux murs sculptés de bibliothèques et mezzazine, cuisine ouverte et salle de bain avec meuble double vasques (t’as fini Stephane Plaza ?) – un bouquet alléchant plein de promesses pour la soirée. Un ragout de lutins (bien typique sorcier, au champignon et à la menthe (quoi, c’est des sorciers mais aussi des anglais, ils ont leur propre définition du mot gastronomiques)(roh les clichés !)
Ainsi, l’on préparait un dîner, un digne de ce nom, ou je ne m’y connais pas !

Des plumeaux et des chiffons jouaient également leur partie, en lévitation un peu partout, l’escalier de bois ronronnait sous l’application de cire et du feu paresseux crépitait gentiment dans tous les âtres. Scarlett Whitman n’avait rien à envier à la plus habile des maîtresses de maison – du moins ses enchantements, n’allez pas lui demander de faire la vaisselle à la main – et elle comptait bien recevoir son collègue et très cher ami Charles Ravencroft ce soir pour un souper familial et cosy comme ils en avaient l'habitude !
Ils ne feraient pas partie de la tablée de professeurs ce soir au château de Poudlard, tant pis ! De toutes les façons, la présence de Scarlett n’était pas requise – et même pas souhaitée – à l’école en ce mardi 7 septembre. Alors non, on ne le lui avait pas dit en ces termes… non point. Mais il en fallait peu, parfois, pour qu’elle prenne la mouche. Tous les éléments nouveaux qui composaient le tableau de cette rentrée la faisaient pester, et ça donnait des rides alors merci bien ! Qu’il s’agisse des nouvelles recrues dégottées par Dumbledore, provenant de Merlin seul savait quel village paumé de la cambrousse européenne, ou du fait que tous les éléments perturbateurs de l’école soient désormais armés de potions de dissimulation, de bonbons de métamorphose… tout échappait à l’entendement de la professeure de dcfm qui détestait être privée de sa capacité à maîtriser son environnement. Dur de maîtriser quand rien ne faisait sens. En outre, on réquisitionnait sa salle de classe pour donner… une fête. UNE FÊTE ! Entre élèves. Est-ce qu’elle avait une tronche à laisser des …. Fêtes se dérouler tranquillou dans SA salle de classe ?
Non. Voilà. Merci.

Mais elle n’avait pas dit son dernier mot. Elle avait des alliés au sein des élèves – ces derniers l’appelaient Maman, on ne faisait pas meilleur indic’ que ceux que l’on avait mis au monde au prix de six points de suture !  – en attendant, Scarlett s’attelait à recevoir correctement son vieux mentor adoré, à qui elle venait d’envoyer un hibou d’invitation. Peut-être que lui aussi savait quelque chose... hinhin. Ce n'était pas pour rien qu'elle lui avait préparé ses macarons chocolat-pur-feu préférés !

Comme tous ses charmes domestiques se débrouillaient sans encombre, elle se fendit d’une autre missive, elle avait le temps. Cette fois-ci, la duelliste écrivit dans un allemand plein de charme mais aussi d’imperfection (les déclinaisons laissaient parfois à désirer) à son ancien correspondant de Durmstrang et désormais bon ami. Si quelqu’un pouvait bien comprendre le scandale qui se jouait dans sa vie d’enseignante là maintenant tout de suite, c’était le commissaire-priseur germanique. Elle ne manqua pas de le remercier également pour l’artefact arrivé de sa part, quelques jours plus tôt, à l’attention de son époux. Il avait toujours en tête de partager ses trouvailles d’objets mystérieux avec Eric et c’était une délicieuse marque d’amitié. Et puis le lendemain au club de duel, elle essaierait de prendre l’apparence de cet individu … relativement joli garçon, qu’ils avaient repéré l’été dernier quand ils piochaient des cheveux chez les moldus pour agrémenter le polynectar… et patati patata… la plume grattait le parchemin sur des kilomètres de rouleau.
Un bruit suspect la tira cependant de sa conclusion sous forme d’élégante calligraphie. Oh, Charles était-il déjà là ?

En vérité c’était un plumeau qui s’était perdu dans la cuisine et se disputait avec la spatule en bois pour touiller la pâte des macarons à sa place. Résultat, la magie s’emballait… ça allait devenir un vrai carnage !

Scarlett était loin de s’imaginer une affaire si grave, et même Azincourt ne la prévint pas. Le gros chat gris dormait sur les grimoires ouverts d'Eric, sur son bureau. Alors la sorcière prit cinq secondes de trop pour changer de tenu – et de bijou. Charles allait apprécier sa nouvelle robe c’était certain (c’était lui qui l’avait faite !)