Out of the game (Sulpicia)

La neige tombait doucement ce jour-là. Noël approchait à grand pas et bon nombre d’élèves étaient d’ors et déjà partis en direction de leurs familles. Elles étaient rares ces âmes qui avaient décidé de rester en arrière et de passer ces vacances qui tournaient autour de l’amour familial au sein de l’école de sorcellerie de Grande-Bretagne. Ces quelques êtres avaient eu une autorisation spéciale pour se rendre au village sorcier, le corps professoral craignait sûrement que nous périssions enfermé au sein de l’école, mais qu’importe, sortir me dégourdir les jambes ne pouvait être qu’une bonne idée.
On aurait pu se demander ce que je pouvais bien faire ici, s’étonner de me voir passer ces fêtes durant lesquelles une grande partie de la population sang-pur se faisait rappeler au sein du carcan familial. Pour une fois ce n’avait été le cas, mes parents avaient dû se déplacer dans une branche cousine des Selwyn et ce, durant plusieurs semaines. Il aurait été malaisant pour ceux-ci de traîner leurs cinq adorables filles. Ainsi, mes sœurs et moi-même étions toutes exclues de ce long voyage.
Loin d’être dérangée par cela, je m’étais fais un petit planning pour occuper mes vacances: entretiens des serres de botanique, lecture, dessin… Repos. Je n’avais pas particulièrement envie de passer du temps avec toutes mes sœurs, certaines ayant un caractère plus fortes que d’autres. Evidemment, ma relation avec celles-ci n'était pas toujours complexe et tirée à quatre épingle, je pouvais passer du bon temps avec et lorsque je le pouvais je le faisais. Certaines avaient des compétences que j’enviais et lorsqu’elles s’accordaient, elles pouvaient m’éblouir de leurs dons en chants ou en musique, chose que je pensais ne pas posséder.
J’étais plus effacée que celles-ci, plus froide, plus neutre et inexpressive. Il m’était impossible de me plier à cet exercice dans la salle commune ou nulle part ailleurs.


Nous avions exceptionnellement pris la décision de sortir toutes ensembles pour le village sorcier, marchant pour ma part en silence, écoutant leurs discussions et leurs rires alors que j’observais de mes grands yeux bleutés les flocons tomber du ciel et s’entasser sur la campagne avoisinante. Je regrettais de ne pas avoir un appel photo pour immortaliser ce moment, mais je n’avais jamais osé en faire la demande à mes parents, craignant que cela fasse trop moldu et incommode pour ma classe sociale.
J’étais si discrète, que j'avais l'impression que mes sœurs m’avaient oubliées. Une fois au village, elles firent le tour des magasins tandis que je les attendis dehors. Je n’avais besoin de rien, je les accompagnais juste pour prendre l’air. Leurs faisant signe que j’allais faire un tour, je laissais celle-ci dans le magasin de mode magique.
Marchant dans les rues, je me rapprochais sans le vouloir du magasin de farces et attrapes lorsque j'aperçut Regulus Black assis sur un banc, livide, déconfit, sans sa cape sur ses épaules pour se couvrir et se protéger du froid. Sa vue me serra le coeur. Le pauvre semblait perdu dans un monde bien sombre, un monde que je ne connaissais que trop bien pour évoluer dedans. Il n’était pas facile d’être un sang-pur, encore moins un Black, pire, un Black dont l'aîné ne créait que des problèmes. Un faible soupir s’échappa de mes lèvres. Mes pieds me menèrent malgré moi vers celui-ci dans un craquement de neige. Je pris sa cape qui était posée sur le banc et vint la déposer sur les épaules de celui-ci. Me mettant à sa hauteur, je pris soin de fermer celle-ci et de lancer un sortilège pour qu’il reste au sec.

“Si tu restes découvert, tu vas attraper une pneumonie.” Lui dis-je simplement d'une voix douce en prenant sa main dans la mienne. Mon grand cœur avait pris le dessus et sans que je ne le veille, je lui offrais un sourire des plus naturels et l'entraîna dans mon sillage. Nous n’étions qu’à quelques pas du chaudron baveur qui malgré les fêtes de noëls était bondé.
J’ouvris la porte et fit taire les têtes ensorcelées qui gardaient la porte d’un regard glacial. Menant alors le sorcier près de l'âtre qui réchauffait le pub, je le fis s'asseoir dans un coin qui laissait somme toute une intimité relative. La sorcière qui faisait le service se rapprocha de nous et je lui signalerai que nous prendrons un chocolat très chaud et un chai-tea latte sans eau, sans mousse et très épicé. Elle fit un signe de la tête et disparut tandis que je retirais ma propre cape pour délicatement la déposer à mes côtés, dévoilant une tenue bien loin de l’uniforme vert et argent. Ce jour là, je portais un corset blanc recouvert par un gilet ouvert et un pantalon noir moulant, je paire de bottes de type botte d’équitation de sombral accessoirisait de tout. Rien de bien extravagant en soit, mais loin de l’image d’élève que je renvoyais. Je faisais toujours pâle figure en comparaison de mes sœurs. Je lissa machinalement mes vêtements avant de déposer mes mains sur la table du pub, observant du coin de l'œil le jeune Black.